Miles Kane

Miles Kane a connu un début de carrière pleine de promesses déçues, le scouser peinant à délivrer un album à la hauteur de Colour Of The Trap, sa première œuvre en solo pourtant pas dénuée de faiblesses. Mais, en cet été 2023, le chanteur de Liverpool est de retour aux affaires sérieuses.

Déjà, en 2022, il s'était illustré avec le réjouissant Change The Show marqué par des influences Northern Soul et plusieurs grandes chansons dont la sublime See Ya When I See Ya. One Man Band confirme ce retour en forme et plus encore. Pour cet album, il s'est tourné vers ce que le Nord-Ouest de l'Angleterre a produit de meilleur ces dernières décennies, à savoir ses illustres cousins James et Ian Skelly de The Coral, respectivement à la production et à la batterie, et Tom Ogden, des Blossoms, qui l'a aidé à composer plusieurs titres.

Le résultat de ce travail est à la hauteur des attentes. Fondamentalement, One Man Band est une affaire assez basique, guitares / basse / batterie. Le mixage est en revanche très rock et dynamique sans jamais perdre son élégance racée, évoquant souvent les Black Keys période El Camino. Grâce à des chansons bien écrites, chargées de leur dose réglementaire de riffs abrasifs, de beat dansant et d'énergie, Miles Kane emporte le morceau avec classe.

Le début de l'album est assez rentre-dedans, avec plusieurs titres énergiques, toutes guitares dehors, notamment les excellentes Troubled Son, One Man Band, Heartbreaks (The New Sensation) et Never Taking Me Alive, entre The Black Keys, T.Rex et Arctic Monkeys. La fin est plus calme est comporte plusieurs des plus belles réussites de l'album. La ballade Ransom, tout en arpèges acoustiques et reverb, s'effiloche dans un superbe final Beatlesien rappelant que Miles Kane est aussi une moitié de The Last Shadow Puppets. La soul Doubles recycle une énième fois le beat de basse de You Can't Hurry Love (déjà à l'affiche sur, par exemple, A Town Called Malice des Jams) en faisant mouche. La puissante Heal et ses chœurs martiaux constitue peut-être le meilleur morceau de l'album. La très belle Scarred Of Love conclut enfin l'affaire en douceur en conjurant les esprits de John Lennon et Brian Wilson.

Avec One Man Band, Miles Kane publie donc ce qui est sans doute son meilleur album solo à ce jour et s'arme d'un répertoire taillé pour les festivals. Offrant un visage immédiatement accrocheur, chaleureux et généreux, ces chansons coupent le superflu et révèlent leur profondeur et toutes leurs subtilités au fil des écoutes. Boss job, Lad !