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The Dream

alt-J - The Dream
Chronique Album
Date de sortie : 11.02.2022
Label : Infectious Music
2
Rédigé par Franck Narquin, le 7 février 2022
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En débarquant il y a tout juste dix ans sur la scène musicale, alt-J n'avaient pas trainé pour fait sauter la banque indie pop. Vainqueur du Mercury Prize avec leur premier album An Awesome Wave, auteur du tube planétaire Breezeblocks et affublé du titre de nouveau Radiohead, le gang de Leeds s'apprêtait alors à régner pour longtemps sur le royaume britannique. Leur formule novatrice, faite de folk-rock arty mâtiné d'influences hip-hop et électroniques, sublimée par la voix si particulière de Joe Newman, avait su séduire critique et grand-public.

Après avoir fait naître de si folles attentes, le retour de bâton semblait malheureusement presque inévitable. Plus classique et moins accrocheur, This Is All Yours, peinait à transformer l'essai et n'évitait pas le fameux écueil du second album. Leur troisième opus, Relaxer, quoique porté par l'excellent In Cold Blood, nous laissait un peu sur notre faim, tout juste rassasiée par Reduxer, où ces mêmes morceaux, revisités par la fine fleur du hip-hop, de Little Simz à Rejjie Snow, s'avéraient bien plus enthousiasmants. Après presque quatre années de silence radio, alt-J amorcent aujourd'hui leur grand retour avec The Dream, leur quatrième album studio.

Les intentions du groupe paraissent d'emblée très claires, à savoir revenir à sa formule originale pour reconquérir son public, en misant tout sur la séduction immédiate et en visitant le plus de styles musicaux possibles. On pourra donc trouver The Dream agréable à écouter et varié ou au contraire sacrément racoleur, opportuniste et impersonnel. L'album s'ouvre avec Bane, dont la longue et lente introduction accouche d'un trip-hop mollasson sévèrement daté. On enchaine avec U&ME et Hard Drive Gold, singles sympathiques mais assez inoffensifs, qu'on croirait issus de chutes d'albums de Jungle, recalés pour manque de groove. A l'indifférence, succède l'ennui sur Happier When You're Gone et The Actor, à la composition fainéante et à la production passe-partout. Get Better, vient opérer un virage à 180° et offre une balade folk qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et laisse de marbre. Nouvelle salle, nouvelle ambiance avec Chicago et sa petite bluette virant à l'électro gentillette. Le mélange des styles n'est pas inintéressant, mais aujourd'hui, au hasard, le gamin de Mura Masa fait ça nettement mieux. Nous passerons sur Philadelphia, Delta et Losing My Mind, juste là pour faire le nombre avant de s'attarder sur Walk A Mile, qui vient habilement flirter avec la soul, sans trop en faire, et s'impose sans mal comme une des plages les plus abouties de cet opus. Powders, ballade blues goûtant plus le Canada Dry que le Jack Daniels, vient clôturer cet album touche-à-tout mais un peu vain.

Si The Dream passera très bien à l'apéritif sur un chenin de François Chidaine et assurera un fond sonore diversifié auquel vos convives ne trouveront rien à redire, celui-ci manque cruellement de personnalité et de cohérence. L'adage voulant que qui trop embrasse, mal étreint, s'avère ici de mise. A vouloir plaire à tous, le groupe de Leeds ne réussit pas à réitérer son premier coup de maître et s'enfonce gentiment dans le ventre mou du Top of the Pops. Autrefois glorieux, alt-J, semblent aujourd'hui quelque peu dépassés et à cent lieues du niveau de la foisonnante scène rock anglaise de 2022 (Wet Leg, Yard Act, Talk Show et j'en passe) et donnent presque envie d'appuyer sur les maudites touches Ctrl-Alt-Suppr.
tracklisting
    01. Bane
  • 02. U&ME
  • 03. Hard Drive Gold
  • 04. Happier When You're Gone
  • 05. The Actor
  • 06. Get Better
  • 07. Chicago
  • 08. Philadelphia
  • 09. Walk a Mile
  • 10. Delta
  • 11. Losing My Mind
  • 12. Powders
titres conseillés
    U&ME - Hard Drive Gold - Walk A Mile
notes des lecteurs
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