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Lyon, Nuits de Fourvière - 4 juillet 2017

Live-report par Jean-Baptiste Bourgeois

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Et bien c'est pas trop tôt ! Enfin des températures estivales et du soleil, et bon dieu qu'on désespérait ces derniers jours du côté de la capitale des Trois Gaules. Finis la déprime et les flaques d'eau. Ça fait du bien, surtout qu'en ce 4 juillet sur la colline de Fourvière, la soirée s'annonce encore une fois plutôt sympathique. Un théâtre toujours plein, de la bière qui coule à flots, et une fosse en ébullition, il ne manque plus qu'un bon concert pour que tous les ingrédients soient réunis aujourd'hui. Espérons que cela va être le cas, mais ça sent plutôt bon on ne va pas se mentir.

Vers 21h ce sont les allemands de Lea Porcelain qui auront le lourd fardeau de bien démarrer les hostilités. Dès le premier morceau ils ont le mérite de faire mettre à certains spectateurs leurs bouchons d'oreilles : déjà pour moi, c'est contrat rempli. Venu présenter leur premier album Hymns To The Night (ça tombe bien) fraîchement sorti en juin dernier, le duo allemand accompagné d'un bassiste et d'un tout nouveau batteur déverse sur le public lyonnais toute sa « Deutsche qualität », à la fois sombre et envoûtante. Avec un Markus Nikolaus au chant et à la guitare, très élégant dans son jeu de scène, les quatre musiciens transportent le public dans leur univers aussi transcendant qu'exaltant. Un voyage assez captivant à voir certains, à tel point que quelques regards paraissent étrangement hypnotisés. Une ligne de basse et des sonorités qui rappellent Joy division, des synthés imbibés d'onirisme à la Depeche Mode : lorsqu'on écoute le groupe allemand, on entend aussi tout un héritage musical venu des post-70's. Le tout est parfaitement manié à leur sauce, très moderne. Pendant plus d'une demi-heure, les gars de Berlin ont fait le boulot. Pas mal, vraiment pas mal du tout pour une mise en bouche.

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Alors que la nuit tombe sur la colline lyonnaise, les techniciens font les derniers réglages et mettent en place le futur décor. La scène est remplie de barreaux, la séparant clairement en trois parties : cages ou rings, ça on ne le sait pas encore. Pendant ce temps-là des olas initiées par une petite poignée de spectateurs dans la fosse prennent au fur et à mesure de l'ampleur. Les autres y prenant goût, au bout de quelques minutes c'est toute une nuée de bras qui se lève dans toute l'enceinte, presque mieux qu'au Parc OL dis donc. Le public est gonflé à bloc, prêt à voir les combattants pénétrer dans l'arène. Vers 22h, le trio de Leeds fait enfin son entrée et entame avec 3WW, titre tiré de leur tout nouveau Relaxer. Quelques accords entêtants, un premier couplet qui sonne un peu comme une prière, des barreaux qui sont en faits des néons de lumière qui s'animent à intervalle régulier : la messe est dite. On devrait en prendre plein les yeux et les oreilles. Ah oui j'oubliais, le show est aussi retransmis en direct sur ARTE Concert. Pas bête les petits anglais, le cadre est parfait pour un tournage et ils sont décidés à mettre le paquet. Le rendu est en tout cas stupéfiant de beauté dans cette nuit qui vient de tomber. A part, ça le début de set est plutôt cool, avec un dernier album bien mis en avant et qui fait aussi place belle aux anciens morceaux comme Dissolve Me. Un peu pop et assez pêchue, il met en tout cas bien en valeur le trio : le synthé de Gus-Unger Hamilton se mêle très bien au beat un peu hip-hop de Thom Green, le tout enveloppé par les envolées vocales presque lyriques du chanteur Joe Newman. Le mélange est plutôt cool, voire même très frais après les premiers titres d'un Relaxer résolument plus sombre.

Dans un show toujours aussi esthétique avec ses explosions de couleurs et ses jeux de lumière, les anglais enchaînent sur The Gospel Of John Hurt de leur second album This Is All Yours. Les chœurs de cette ballade folk (qui rappellent un peu Simon & Garfunkel en leur temps) transportent Fourvière, les têtes se balancent, quelques frissons se font même ressentir dans les refrains. Malheureusement s'il y a un reproche à faire ce soir à Alt-J c'est la froideur de leur prestation live. Les morceaux sont vite enchainés, le trio est assez statique et peu démonstratif, limite autiste dans sa façon de jouer. Dommage. En milieu de set, Matilda nous fait replonger dans les débuts du groupe et leur premier disque qui était vraiment une pépite à sa sortie en 2012. Avec des sonorités qui leur ont valu des comparaisons avec leur compatriotes de Radiohead, le moment leur permet également d'échanger (enfin !) quelques mots avec leur public, qui se met ensuite à chanter le refrain comme un seul homme. In Cold Blood, de leur dernier album, sonne ensuite comme une pause dans les ballades avec une guitare un peu plus lourde, sa batterie un peu plus rock et le synthé de Gus qui s'emballe. Et ça fait plaisir à entendre. En tout cas, le morceau bien punchy dans cette setlist a le mérite d'emballer la foule.

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Alors que la fin du concert approche doucement, il viendra le temps de repartir vers d'autres contrées grâce à la compagnie « Air Alt-J » et à son Taro : le voyage spatio-temporel dans leur univers poético-rock est toujours aussi joliment nuancé par les vocalises de Joe. Un sentiment d'apesanteur envahit les lieux, une ambiance presque tribale flotte dans les airs. Après plus d'une heure et quart de set, le groupe se retire très brièvement (Pressés de partir ? Le public n'a même pas eu le temps de vous chauffer un peu les gars !) avant un rappel de grande qualité. Le trio de Leeds avait gardé quand même quelques titres sous le coude, et pas des moindres : un Left Hand Free qui sent bon le blues du bayou tant dans la guitare que dans le chant avant de finir en apothéose sous une explosion de lumières avec l'incontournable Breezeblocks.

Le show était magnifique à voir et même si le live ne fait clairement pas partie de leurs points forts les anglais ont quand même fait le boulot musicalement parlant. Mention spéciale à Thom et à sa batterie qui aura été irréprochable dans son énergie et dans son jeu : avec un ventilateur braqué sur lui, comme pour calmer sa surchauffe (peut-être que était-ce juste pour se donner un style aérien cheveux au vent). Bref, on pourra dire ce qu'on veut sur leur façon de jouer mais leur expérience poético-rock et leur créativité artistique sont quand même assez plaisantes à vivre. Pour ceux qui veulent faire le test, le groupe sera de retour en France le 23 juillet après un petit passage au Luxembourg et en Lettonie, pour le festival Lollapalooza à Paris.
setlist
    3WW
    Something Good
    ❦ (Ripe & Ruin)
    Tessellate
    Deadcrush
    Nara
    In Cold Blood
    Dissolve Me
    The Gospel of John Hurt
    Bloodflood
    Every Other Freckle
    Matilda
    Hit Me Like That Snare
    Taro
    Pleader
    Fitzpleasure
    ---
    Intro (An Awesome Wave)
    Left Hand Free
    Breezeblocks
photos du concert
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