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alt-J

Paris, Zénith - 22 novembre 2022

Live-report par Déborah Galopin

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Après quatre ans de silence, le trio bien connu venu de Leeds, alt-J, était revenu sur la scène indie rock, avec un nouvel album, Dreams, sorti en début d’année. Leur dernier passage à Paris, en 2018, nous paraît désormais loin. C’était à l’Accor Arena, où ils nous avaient réservé un grand show. Le grandiose laisse place au minimalisme et avec le Zénith, salle plus petite, le groupe se rapproche de son public, ce qui n’est pas pour nous déplaire !

En première partie, on découvre un artiste lillois, Lydsten, créateur de musique électronique à l’ambiance minérale. Autodidacte, il nous ouvre les portes de son univers composé de synthétiseurs et de boîtes à rythmes, qui n’est pas sans nous rappeler le duo Kiasmos. Même si on s’attend davantage à écouter ce genre de set au beau milieu de la nuit pour animer les dancefloors, plutôt qu’à 19h30, le public se montre réceptif, déjà prêt à danser. Une découverte agréable, qu’on aurait plaisir à retrouver à l’occasion d’un festival. Pendant le changement de plateau, le public continue progressivement de s’amasser devant la scène, chacun cherchant à se frayer un chemin au plus proche du groupe.


C’est sur le fracassant Hey Boy Hey Girl des Chemical Brothers que le trio fait son entrée sur scène. Une façon de capter pleinement notre attention, mais aussi de donner le ton de la soirée : “Hey Boys, Hey Girls, Superstar DJs, Here we go !”. Ça y est ! Ils sont là. Bane, premier titre de leur nouvel album Dreams, ouvre la setlist. L'atmosphère sombre et mystérieuse de ce quatrième album est rapidement posée : “I sold my soul for a sip at school” (ndlr : j’ai vendu mon âme pour une gorgée). On retrouve les sons si caractéristiques des trois artistes : la cloche de Thom Green, le batteur, la voix de Joe Newman et les harmonies vocales avec le claviériste Gus Unger-Hamilton.

Les trois musiciens sont placés au même niveau sur une scène surélevée, pour mieux révéler l’équilibre et la parfaite complémentarité qui existe entre eux. La scène est totalement dépouillée. Il n’y a pas même le nom de leur groupe qui figure en grandes lettres ou le symbole ∆. Rien que le noir, des jeux de lumières et des ampoules suspendues qui changent au gré des rythmes et des ambiances des morceaux. Nous sommes loin du show lumineux qu’ils nous avaient réservé sur l’immense scène de l’Accor Arena. Peu importe ! Le public n’a pas besoin de ça, la performance de alt-J se suffit à elle seule pour le contenter.

Le trio alterne des titres de leur dernier album, Dream, avec ceux de This Is All Yours et An Awesome Wave. Une véritable communion se crée entre alt-J et le public, tout particulièrement sur le titre Matilda. Les paroles sont reprises en choeur et chantées à l’unisson tel un cri du cœur. Ce morceau fait partie des plus beaux et marquants, avec le très contemplatif Nara, où les lumières rouges évoluent progressivement vers le blanc. “Hallelujiah” se lit sur toutes les lèvres. Pas de doute possible, les personnes présentes connaissent le groupe depuis ses débuts !


À l’occasion de leurs dix ans de carrière - dix ans déjà ! - alt-J nous réservent une petite surprise à la fin du concert : ils enchaînent trois titres forts de leur tout premier album : Taro, Dissolve Me et Flitzpleasure, indéniablement le tiercé gagnant, qui plonge la salle dans une ambiance extatique.
Si les titres extraits de An Awesome Wave restent les plus forts de ce concert, on (re)découvre ceux de Dream qui fonctionnent excellemment bien sur scène : Chicago, grâce à ses rythmes très marqués, sa montée en puissance progressive et son gospel agressif, Philadelphia et son style gothique, proche d'un opéra rock. Et enfin Hard Drive Gold, qu’ils gardent pour le rappel et nous faire bouger. Alors que sur bande, leurs différents morceaux semblaient manquer d'énergie et de la fièvre que nous connaissions d’alt-J, nous donnant l’impression d’être à des années-lumière du premier, ici ça marche ! alt-J clôturent leur set en rappel sur l’incontournable et très attendu Breezeblocks; une fin en apothéose après 1h30 de concert où nous avons eu l’impression d’avoir le condensé du meilleur. 

Entre un album aux textes plus personnels et un concert plus épuré, les trois anglais semblent témoigner de leur volonté d’un retour à l’essentiel. En tout cas, peu importe ce qu’on pense de Dream, sur scène, la magie opère toujours entre artistes et fans !
setlist
    Bane
    Every Other Freckle
    The Actor
    In Cold Blood
    Deadcrush
    ❦ (Ripe & Ruin)
    Tessellate
    U&ME
    Matilda
    Chicago
    Something Good
    Nara
    Bloodflood
    Montreal
    The Gospel of John Hurt
    Delta
    Philadelphia
    Taro
    Dissolve Me
    Fitzpleasure
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    Left Hand Free
    Hard Drive Gold
    Breezeblocks
photos du concert
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