logo SOV

Sea Power

Everything Was Forever

Sea Power - Everything Was Forever
Chronique Album
Date de sortie : 18.02.2022
Label : Golden Charriot
45
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 16 février 2022
Bookmark and Share
Le retour de Sea Power sur nos platines est toujours un grand évènement. Depuis maintenant dix-neuf ans (2023 célèbrera les vingt années du premier opus The Decline Of British Sea Power), le groupe mené par les frères Jan Scott et Neil Hamilton Wilkinson, tout en cumulant les albums au fort succès d'estime outre-manche, demeure dans notre contrée l'un des mystères le plus excitants que nous offre l'Angleterre.

Tout d'abord, pour celles et ceux qui se tiennent éloignés des réseaux sociaux (les médias traditionnels français ne donnant que peu d'échos à ce groupe), sachez qu'il s'agit bien ici de British Sea Power, ces derniers ayant depuis le printemps dernier décidé de se séparer de leur qualificatif qui semblait troubler certains esprits les assimilant à quelques hordes nationalistes. Ne souhaitant pas entretenir la méprise et afin de ne pas rentrer dans des justifications sans fin, le groupe a ainsi écourté son patronyme. Aussi déstabilisant que cela puisse paraitre au début, rassurez-vous, la qualité est toujours au rendez-vous de ce huitième album studio qu'est Everything Was Forever.

Le talent et l'inventivité de Sea Power n'ont pas souffert de ces longs moins de pandémie. A nouveau, le groupe a su compter sur la fidélité et la confiance de son public qui, via un crowdfunding, a permis l'élaboration du disque. Et pourtant ce dernier n'a pas chômé depuis Let The Dancers Inherit The Party en 2017 : deux années ont été nécessaires pour élaborer la bande originale du jeu vidéo Disco Elysium, leur permettant de dévoiler une nouvelle facette de leur talent grâce à cette bande son électrisante. Le travail a porté ses fruits et a ainsi été récompensé par un prestigieux BAFTA.


Qu'en est-il alors de ce Everything Was Forever ? L'album propose dix titres d'une cohérence implacable. Tout ce que l'on a aimé au travers de la discographie de Sea Power est présent : le lyrisme et la poésie à l'image de Scaring At The Sky, Fire Escape In The Sea ou le majestueux Fear Eats The Soul qui rappellent que Sea Power portent en étendard leur amour pour les compositions complexes et les harmonies poignantes. L'appel à s'évader dans des terres lointaines, dénudées, au gré des vents et des flots, ne peut être ignoré.

On retrouve aussi la dualité des frères Wilkinson : une fragilité et une finesse plus marquée dans la voix de Neil face au timbre plus franc et rock de Jan. Ce dernier interprète les morceaux plus dynamiques que sont Transmitter, Two Fingers, Green Goddess et le très bon Doppelganger, rappelant au passage que Sea Power reste un groupe phare de la scène indé anglaise. Toujours accompagné de Martin Noble, Matthew Wood et Phil Sumner à la batterie et aux multiples autres instruments, porté par le délicat violon d'Aby Fry, la formation confirme sa maitrise d'une pop tantôt alternative, tantôt atmosphérique mais toujours sans fausse note, assurant au tout une parfaite homogénéité.



Le groupe présente beaucoup d'audace avec les grandes envolées de We Only Want To Make You Happy et Folly, ce dernier étant probablement le single le plus évocateur du disque, qui rappellent que les discrets Sea Power n'ont rien à envier aux meilleurs groupes fanfares tels Arcade Fire ou les plus récents Black Country, New Road. Et comme toujours, l'orchestration d'une incroyable richesse ici offerte par Lakeland Echo, signe distinctif du « son » Sea Power, leur permet d'affirmer la maitrise de leur art acquise tout au long de ces vingt années. Le tout, comme toujours, avec un magnifique artwork issu d'une des toiles de Jan Wilkinson qui se révèle être un artiste complet.

Sea Power restent comme toujours, et à notre grand regret, une énigme pour la France. Comment un tel degré de perfection peut-il passer encore et toujours sous nos radars ? Le regard tourné vers le large, les anglais peuvent tout de même compter sur un noyau de fans français fidèles qui, comme ses cousins, attend toujours avec impatience et une grande curiosité la suite de leurs aventures. Avec ou sans le « British » devant.
tracklisting
    01. Scaring At The Sky
  • 02. Transmitter
  • 03. Two Fingers
  • 04. Fire Escape In The Sea
  • 05. Doppelganger
  • 06. Fear Eats The Soul
  • 07. Folly
  • 08. Green Goddess
  • 09. Lakeland Echo
  • 10. We Only Want To Make You Happy
titres conseillés
    Doppelganger, Folly, Fear Eats The Soul, Fire Escape In The Sea, Lakeland Echo
notes des lecteurs
Du même artiste