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Hollie Cook

Happy Hour

Hollie Cook - Happy Hour
Chronique Album
Date de sortie : 24.06.2022
Label : Merge Records
4
Rédigé par Adonis Didier, le 21 juin 2022
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On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille, comme le chantait Maxime Le Forestier. Et faire de la musique dans la vie, c'est parfois plus simple pour certains que pour d'autres. Par exemple, vous pouvez naître à Bar-le-Duc, et là c'est la douille. Ou, comme Hollie Cook, vous pouvez naître à Londres, d'un père batteur et d'une mère choriste. Précision intéressante, le père, Paul Cook, était batteur dans un petit groupe de punk des 70s, les Sex Pistols, pendant que sa mère, Jennie Mathias, était la choriste de Culture Club. Boy George, vous connaissez ? Eh bien pour Hollie Cook, c'est ce parrain que vous voyez de temps en temps pour les fêtes, et qui vous offre une PlayStation ou une gourmette pour votre anniversaire.

On part donc sur des bases intéressantes au niveau rythme et voix, des bases que Hollie Cook va rapidement faire prospérer, en faisant les chœurs, dès le lycée, pour le groupe de punk The Slits. Suite au tragique arrêt du groupe, elle sortira un premier album en 2011, plutôt remarqué, suivi de deux autres en 2014 et 2018.
Mais du coup, Hollie Cook, entre le punk, la pop, et Boy George, c'est quoi, exactement ? Franchement, c'est une petite surprise, mais aucun des trois. Parce que Hollie Cook, c'est du reggae, du reggae à tendance Rn'B et soul music. Et cette orientation s'affirme encore plus avec ce quatrième album, Happy Hour.

L'écoute s'ouvre sur la chanson titre, mid-tempo, avec synthétiseurs, un petit rythme syncopé, et surtout la voix de Hollie Cook, pleine de paillettes, brillante comme du champagne dans un verre en cristal. On s'imagine au bord d'une piscine, sur la plage, à siroter une Piña Colada, les yeux mi-clos, un vent lourd et chaud sur le visage. La formule va faire effet sur les trois premières chansons de l'album, à tel point qu'on commencerait presque à piquer du nez. Heureusement, la musicienne s'en rend compte, et ramène la rappeuse-chanteuse jamaïcaine Jah9 pour dynamiser le single Kush Kween, histoire de mettre un petit coup de frais dans la recette. Ça tombe bien qu'on soit désormais réveillé, le véritable sommet de l'album arrive maintenant.
Unkind Love déboule toutes basses en avant, pour un quasi roscksteady qui nous en met plein la vue. L'atmosphère est lourde, poisseuse, les lignes de chant évoluent sans cesse, couplet, pont, et Hollie Cook place magistralement ses chœurs pour dynamiser le refrain et soutenir sa voix de tête, seule étoile subsistant dans le bourbier de graves.

Comme un sommet n'arrive jamais seul, l'intro de Gold Girl nous abreuve de trombones et de chœurs délicieusement vaudous, avant que l'anglaise ne se transforme en prêtresse des mystérieux esprits pour le reste de la chanson. Le tout est soutenu par un ensemble de violons et un rythme reggae évoquant une fusion momentanée, et finalement pas si improbable, entre le Massive Attack de l'époque Mezzanine et Adele.
Pour la descente de trip, Love In The Dark se développe dans un rythme plus lent, enivrant, suave, avant que Move My Way ne nous embarque dans des années 70s qui ne sont pas celles des Sex Pistols. On traverse l'Atlantique, on met les pattes d'éph', les strass, les paillettes, les lunettes en forme d'étoiles, et on bouge son booty Collins sur du funk-disco teinté de Rn'B moderne.

L'album se conclut sur Praying, un bon vieux reggae love à l'ancienne, pour... enfin vous savez bien ce qu'on fait sur du reggae love. Et c'est avec grand plaisir que l'on savoure la chanson longue de plus de cinq minutes. Mais dites donc, maintenant qu'on a fait tourner la platine, est-ce qu'on a enfin retrouvé les Sex Pistols et Boy George dans le cocktail ? Eh bien désolé de vous décevoir, fans de Boy George, mais toujours pas. La formule est, comme souvent dans le reggae, plutôt bien établie, et elle fonctionne comme elle doit fonctionner. Amoureux de reggae, vous trouverez ici un album varié, rythmé, et tropical de la quatrième à la dernière chanson.
Et si vous détestez le reggae ? Déjà, je serais surpris que vous ayez réussi à arriver jusqu'ici. Et ensuite, j'aurais du mal à vous convaincre d'écouter ne serait-ce que la moitié de cet album. Si vous aimez quand même les grosses basses et un peu le trip-hop, tentez votre chance sur Unkind Love et Gold Girl, incontestablement les deux meilleures chansons de l'album, les deux plus inspirées, et alors peut-être arriverez-vous à plonger dans ce disque jusqu'à la taille, en frémissant du haut du corps.

En fin de compte, Happy Hour est un album extrêmement plaisant à écouter et découvrir, et qui pourra sans aucun doute être régulièrement ressorti pour les après-midis farniente à haute température, ou pour s'imaginer en balade aux Antilles pendant les longues soirées d'hiver. Être né quelque part, c'est toujours un hasard, et force est de constater que Hollie Cook a bien fait fructifier ce que le hasard lui a donné. Honnêtement ? On l'en remercie.
tracklisting
    01. Happy Hour
  • 02. Moving On
  • 03. Full Moon Baby
  • 04. Kush Kween feat. Jah9
  • 05. Unkind Love
  • 06. Gold Girl
  • 07. Love In The Dark
  • 08. Move My Way
  • 09. Praying
titres conseillés
    Kush Kween, Unkind Love, Gold Girl
notes des lecteurs