Simple Minds

Certaines personnes n'accordent du crédit ou ne prêtent vie aux artistes que lorsque ces derniers sont diffusés à la radio. Ceci était particulièrement vrai à une époque où les différents hit-parades comme le Top 50 servaient de curseur à une jeunesse qui n'avait pas à disposition les plateformes de streaming et autres outils multimédias qui font aujourd'hui entièrement partie de notre façon de consommer la musique.

On imagine alors la surprise de certains à la découverte de Direction Of The Heart, dix-huitième album de Simple Minds. Pourtant, le groupe de Jim Kerr et Charlie Burchill ne s'est jamais arrêté de créer, navigant entre des années 80 où ils avaient les stades à leurs pieds, ou durant les années 90, lorsque la britpop anglaise ou le grunge américain les avaient fait tomber de leur piédestal médiatique, ringardisant aux yeux de beaucoup les sons synthétiques.
Peut-être devriez-vous profiter de l'occasion pour réécouter ou découvrir Good News From The Next World, leur album sorti en 1995, porté par She's A River, et surtout par le magnifique Hypnotised. À cette époque, le groupe résumé pour la première fois au duo Kerr – Burchill avait, conformément à la tendance du moment, durci son son et sa production sous la houlette de Keith Forsey.

Cependant, de façon générale, les albums varient selon les humeurs du duo plus que par une réelle recherche de coller aux modes qui passent. Ainsi, Walk Between Words sorti en 2018 révélait une matière électronique dense et volontairement un peu lourde. Direction Of The Heart est un retour à des compositions plus épurées dans leurs productions. Il est question de revenir vers quelque chose de plus essentiel, de moins sophistiqué.
Pour autant, Simple Minds fonctionne sur des fondamentaux dont il ne déroge pas. En ce sens, il est impossible de ne pas reconnaître le style si singulier de Charlie Burchill dans l'écriture. La patte du compositeur en chef est bien présente, comme sur le positif Human Traffic, ou sur Direction Of The Heart (Taormina).

Qu'importe si parfois le duo se prend un peu les pieds dans le tapis avec le trop stéréotypé Natural, ou sur Act Of Love et sa rythmique électro un peu trop évidente, Simple Minds assurent l'essentiel avec des titres à l'image de Wondertimes. Direction Of The Heart ne sera probablement pas une référence dans l'énorme discographie du groupe, en revanche, certains morceaux sont réellement à ne pas louper, comme ce First You Jump, résolument entraînant et percutant, ou les excellents Who Killed Truth, et Vision Thing.
Difficile pour les fans du groupe de ne pas se délecter de ce que Simple Minds nous présentent ici, et ceux qui regrettaient le côté ostentatoire de l'album précédent devraient préférer le retour à des bases moins pompeuses, évidentes sur Direction Of The Heart. Ne pensez tout de même pas échapper au côté immédiat et puissant que sait développer le groupe depuis ses débuts. Surtout, personne ne boudera son plaisir devant le style inimitable de Burchill, et on pourra peut-être enfin se dire que cet homme est l'un des guitaristes de son époque les plus mésestimés avec dans un style différent, Jim Moginie de Midnight Oil. S'il fallait s'en persuader, allez réécouter le travail magnifique du guitariste sur Let It All Come Down, de l'album Street Fighting Years, modèle de simplicité et de puissance émotionnelle.

Décidément, Simple Minds ne semblent pas prêts de s'arrêter, et Jim Kerr, entre deux pauses à Taormina, a toujours des choses à raconter. Bien sûr l'histoire du groupe semble se dessiner de plus en plus au passé, et le temps n'épargne pas moins les monuments. Impossible dans ce cas de ne pas apprécier chaque instant que cet immense groupe aura encore à nous faire partager.