Chronique Album
Date de sortie : 21.04.2023
Label : Bella Union
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 18 avril 2023
Sept ans après la sortie du projet one-shot Minor Victories, Stuart Braithwaite met à nouveau provisoirement sa formation habituelle en pause pour une nouvelle collaboration baptisée Silver Moth. Effet du hasard, coïncidence ? Ce super groupe réunit sept musiciens : Evi Vine, Elisabeth Elektra, Mathew Rochfordand (Abrasive Trees), Steven Hill, Ben Roberts, Ash Babb (Burning House, Academy Of Sun) et donc Stuart Braithwaite de Mogwai. Tout ce beau monde s'est enfermé dans les Black Bay studios de l'île écossaise de Lewis, studios ayant d'ailleurs donné leur nom à l'album.
Le disque contient six compositions, souvent longues et mélangeant une atmosphère entre post-rock et univers gothique. Henry, l'ouverture de l'album, donne le tempo. Longue de sept minutes, la montée progressive du morceau voit la voix angélique d'Elisabeth Elektra, femme de Stuart Braithwaite, nous envoûter pendant une bonne partie de celle-ci avant que ne rugissent pour la première fois les instruments électriques. Il faut bien reconnaitre que, même si nous ne sommes pas dans un album de Mogwai, on est tout de même bien servi côté décibels !
The Eternal, single récemment sorti, est un hommage émouvant à une des proches de Stuart et d'Elisabeth, disparue brutalement. Malgré l'univers sombre de Silver Moth, la chanson est très lumineuse et s'apparente à une ode mystique et rayonnante. Dans la musique et le chant, on ressent la force et l'amour qui liait le couple de musiciens à cette personne. Celle-ci est assurément un des moments les plus touchants de Black Day.
Mother Tongue possède un côté davantage psychédélique, allant même jusqu'à flirter avec des sons de guitares que n'auraient pas reniés Pink Floyd. Bien entendu, on conserve cette ambiance un peu religieuse notamment avec la voix d'Elisabeth. Le disque va alors prendre une autre tournure, à commencer par Gaelic Psalms qui renforce le côté ténébreux du disque. On pense inévitablement aux psalms de Nick Cave, ou encore à Woven Hand, avec cette sorte d'incantation sur une musique aux accents médiévaux. C'est alors que surgit la plage centrale du disque. Longue de quinze minutes, Hello Doom est une procession musicale dont on ne ressort pas indemne. Si quelques lignes de guitares du début de la composition peuvent rappeler le Dream Brother de Jeff Buckley, une grande partie de celle-ci va s'apparenter à une sombre fin du monde, comme si l'on devait traverser une autre dimension, que ce voyage s'avérait immensément brutal physiquement, avant de pouvoir retrouver une forme de paix, voire constater qu'il ne reste plus rien, une fois celui-ci terminé. Dans tous les cas, ce morceau n'épargnera personne. Heureusement, Sedna qui vient clore les quarante-cinq minutes du disque n'a pas cette même intensité.
Black Bay est donc une expérience musicale ténébreuse qui n'est pas forcément accessible à tous. Les fans de Mogwai devraient y trouver leur compte même si, d'une manière générale, à l'exception de quelques sons de guitares, Silver Moth n'a pas grand-chose à voir musicalement avec le célèbre groupe de post-rock. L'atmosphère de ce premier album est envoûtante et fascinante par moments, furieuse et dévastatrice à d'autres. Si l'on reste interrogatif sur comment ce collectif a pu accoucher d'un tel disque en quatre jours, on espère qu'un second chapitre verra la lumière du jour dans le futur.