Chronique Album
Date de sortie : 28.07.2023
Label : ABSOLUTE
Rédigé par
Pierre-François Long, le 25 juillet 2023
Sous le pseudonyme de Ten Tonnes se cache en réalité le dénommé Ethan Barnett, qui n'est autre que le frère de George Ezra, dont il a assuré la première partie lors de l'une de ses tournées. Et si l'on comprend son souhait de ne pas afficher son lien de parenté avec cet interprète dont le succès va grandissant, on se dit aussi à l'écoute de sa production qu'on n'échappe pas aux lois de la science, et notamment en ce qui concerne la génétique.
Parce qu'à l'instar de George Ezra, Ten Tonnes propose une musique, certes pas désagréable, mais sans aspérités, faite pour plaire au plus grand nombre et passer en rotation lourde sur la bande FM. Ce deuxième album – le premier est paru en 2019 – s'ouvre ainsi par Monday Morning, qu'on imagine très bien écouter cheveux au vent à bord d'une décapotable tout en traversant l'Arizona. Bon, soit, il faut beaucoup d'imagination, mais ce qui frappe, c'est la fascination que semble avoir Barnett pour la musique nord-américaine. A plusieurs moments, on jurerait entendre des compositions de Jeremy Ivey ou Dylan LeBlanc, ce qui, sur ce point, se démarque des productions de son frangin.
Sauf que, Ivey et LeBlanc peuvent se targuer de pondre d'excellents titres, accrocheurs, efficaces. Chez Ten Tonnes, les chansons ne sont pas mauvaises, mais inoffensives dirons-nous. Monday Morning en est l'exemple type. Ca part pas mal, on attend un bon gros refrain qui décolle et... rien. Ou plutôt un refrain qu'on oublie aussitôt qu'on l'a entendu. Même constat sur Heart To Break et Out Of Here : les gimmicks d'intro à la guitare sont agréables et... plus rien.
Lorsque Barnett se souvient qu'il est anglais, il sonne comme des Franz Ferdinand sous Lexomil (Dancing, Alone) mais le plus souvent, on a droit à des clins d'œil aux States beaucoup trop marqués pour être honnêtes (The Joke Got Old faussement bourrine, Weight Of The World et ses chœurs de stade sur le final, Drowning In The Deep End et sa steel guitar qui lorgne très maladroitement du côté de Tom Petty...).
Il y a malgré tout de bonnes surprises disséminées ici ou là : un refrain accrocheur par-ci (When It Goes), un morceau acoustique bien troussé par-là (Lone Star) et surtout deux derniers titres qui raniment l'espoir. Car Give It Up et surtout Waiting For The Sun – qui s'autorise un pont instrumental assez aventureux par rapport au reste du disque – démontrent que Barnett, s'il ose sortir des sentiers battus et rebattus, se révèle un songwriter intéressant.
A lui maintenant de choisir : continuer de grandir dans l'ombre de son frère en sortant des disques passe-partout, ou s'en démarquer franchement en produisant de la musique certainement moins facile d'accès mais autrement plus intéressante.