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Miles Kane
Ten Tonnes

Nantes, Stereolux - 14 mars 2024

Live-report par Yann Guillo

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Epoque de merde. Les chutes des écoutes de la musique rock en France et le Brexit ont réduit les opportunités pour les groupes anglais de venir tourner en France. Les salles de concerts programment désormais des stand-uppers et des rappeurs qui n'ont besoin que de peu de monde sur scène pour remplir les salles. Les tourneurs renâclent à organiser des tournées à plus de deux ou trois musiciens. Résultat : les concerts en effectifs réduits et avec bandes (ou PBO – Playback Orchestral, comme on disait autrefois) se multiplient.

C'est ce que nous propose en tous cas Miles Kane, héros lad-rock du début des glorieuses 2000, sur sa tournée solo actuelle, qui faisait escale jeudi 14 mars à Nantes. On débarque donc dans la petite salle de Stereolux qui affiche complet. On y trouve un public qui a vieilli avec son idole. Sur scène, la première partie est assurée par Ten Tonnes, seul lui aussi et armé de sa guitare, qui sait se mettre le public dans la poche grâce à son sourire généreux et des chansons bien troussées.


Après un changement de scène très rapide, forcément, débarque le gladiateur Miles Kane : cheveux décolorés, costume beige, marcel noir, chaîne en or et petit foulard, entre look de crooner de L.A. et combattant de MMA habillé pour une soirée de gala. Premier constat : avec les années, Miles n'a rien perdu de son charisme. Magnétique, sa gestuelle et son jeu de guitare électrique servent de point focal tout au long du set. Deuxième constat : notre homme, qui propose un pèle-mêle de ses albums, a écrit des chansons qui ont pour la plupart bien vieillies, entre rythmes Northern Soul, mélodies pop fifties et arrangements néo swinging sixties.

Troisième constat : Miles Kane a du mal à gérer son énergie débordante. Il semble bloqué sur une vitesse : à fond. Pourtant, cette approche scénique est en décalage avec ses chansons qui demanderaient parfois plus de délicatesse et de contraste pour vraiment briller.

Enfin, dernier constat : ces bandes qui l'accompagnent sont atroces. Les batteries sonnent totalement mécaniques et rigides, comme de mauvais samples de batteries électroniques. La basse est également totalement déshumanisée, mixée trop fort, ce qui fait que la voix de Miles Kane se retrouve noyée alors qu'elle devrait servir d'ancre émotionnelle. Si bien que, si le charme opère le temps des quelques morceaux, puis lors d'un break acoustique où Miles Kane interprète Standing Next To Me puis Colour Of The Trap seul à la guitare, le manque de groupe se fait très vite ressentir et une partie du public décroche. Surnagent les meilleurs titres qui semblent insubmersibles, Come Closer, Rearrange, Troubled Son ou Don't Forget Who You Are, mais dans des versions qui sont toutefois loin de convaincre pleinement.

La sortie de scène de Miles sur la musique de Rocky et tapant dans les mains des premiers rangs est réjouissante, mais l'impression est très mitigée, le concert plutôt décevant. En quittant les lieux, sur le stand de merchandising désert, une affiche avec QR code propose au gentil spectateur de passer directement commande sur le site de l'anglais pour acheter ses t-shirts et tote bags réglementaires. Epoque de merde.
setlist
    TEN TONNES
    Born To Lose
    Girl Are You Lonely Like Me?
    Heart To Break
    When It Goes
    Silver Heat
    Dancing, Alone
    Monday Morning
    Better Than Me
    Lucy

    MILES KANE
    Troubled Son
    Better Than That
    The Wonder
    Cry On My Guitar
    Rearrange
    One Man Band
    Heal
    Inhaler
    Coup De Grace
    Dealer (Lana Del Rey cover)
    Standing Next To Me (The Last Shadow Puppets cover)
    Colour Of The Trap
    Never Taking Me Alive
    Come Closer
    Don't Forget Who You Are
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