Vona Vella

Est-ce que, vous aussi, vous en avez marre des métros bondés, de l'effervescence des réseaux sociaux, de l'éco-anxiété, de la facho-anxiété, et de ce besoin pathologique de traîner au bar jusqu'à 2h du matin un mardi soir pour sociabiliser, comme si rester six mois enfermé chez soi à jouer à des jeux vidéo était un problème et non une solution ? Que vous trouviez ces problématiques terriblement parisiennes ou non, la fin du mois de juillet vous apporte le cocon idéal pour vous échapper de votre quotidien fonçant sur l'autoroute de la vie comme un bus avec Keanu Reaves au volant : Vona Vella.

Deux noms piochés à la fin d'une encyclopédie florale, une main tendue depuis un train partant on ne sait où dans le soleil couchant, le duo du Leicestershire se veut être la plume par laquelle l'esprit s'évade de la cour de sa prison, une fuite en avant faite de douceur et de légèreté, une bulle de savon ballottée par l'air chaud de coquelicots en tournesols en champs de lavande en... Bref, ça mousse mousse entre Vona Vella et nous, et pas que parce que Mario brosse.
Un duo originellement prénommé « Izzy and Dan », agglomération fort originale de Izzy Davis et Daniel Cunningham, deux étudiants en fac de musique amoureux des mêmes standards de musique populaire chaude et brillante. Un duo formé sur un coup de foudre amical et vocal, par deux voix fonctionnant comme deux âmes sœurs, belles chacune de leur côté, et touchant au sublime lorsqu'elles développent ensemble ces harmonies couvrant les maux d'amour d'un plaid et d'une grande tasse de chocolat chaud.

Une association tarte tatin glace à la vanille qui se manifeste dès Divine, entrée en matière dont le nom révèle déjà le niveau, le chant d'Izzy est celui d'un ange, la basse bondit jusqu'aux portes du paradis, et l'on découvre que les nuages n'ont jamais été que de la barbe à papa servant aussi bien de canapé que de petit-déjeuner. Divin, tout simplement, et ce n'est pas Telephones qui dira le contraire. Sur un terrain similaire, Intertwined profite du talent en présence pour faire du Blossoms mieux que Blossoms, pendant qu'Ariel s'élève vers la pop en orbite de Pale Blue Eyes. Vona Vella est un assemblage de styles et d'influences pop, une diversité de propositions et de câlins sous la couette, et un album qui se balade entre vocalises masculines et féminines, enfile ses habits du samedi soir pour chanter toute la nuit sur Thought We Were Falling In Love et Anchor, avant de sortir la guitare sèche au coin du feu pour Kim, et la finale Roll Into Forever.

Un album miroir des multiples facettes d'un unique couple, assez dense pour que l'on ne parle de Stop Running In The Dark qu'après quatre-cent-cinquante mots, alors qu'est-ce que vous attendez ? Car que vous fassiez la sieste sur la plage abandonnée, que vous regardiez voler les nuages à l'ombre des jeunes filles en fleurs, ou que vous cherchiez à vous soustraire au fait que vous êtes le seul pignouf à être resté travailler pendant le mois d'août, Vona Vella l'album est une perle musicale bien trop pure pour ce monde, un écrin ouaté d'innocence transporté dans notre univers pour une seule raison : offrir aux âmes en peine une parenthèse de réconfort, l'espace d'un instant de trente-sept minutes, comme une aventure à bord d'un train partant on ne sait où vers le soleil couchant, ou une journée détente au SPA.