Chronique Album
Date de sortie : 22.09.2023
Label : Brace Yourself Records/Pets Care Records
Rédigé par
Bertrand Corbaton, le 21 septembre 2023
Après les Smiths, Dupond et Dupont, voici donc JOHN postuler au challenge du nom le plus commun. Pour vous en persuader tentez donc une recherche quelconque pour trouver des informations sur ces gens-là, les probabilités sont fortes pour que vos investigations vous amènent tout droit sur John Cale, John Lennon, John Kennedy ou Elton John.
Vous voilà désormais bien avancés pour en apprendre un peu plus, et si vous pensiez qu'un nom si commun ne pouvait pas réserver une belle surprise, l'écoute de A Life Diagrammatical, quatrième album de la formation depuis God Speed In The National Limit en 2017, pourrait vous faire revenir sur vos a priori. Visiblement peu inspirés pour se trouver un nom de groupe, les deux compères John Newton et Johnny Healey se sont arrêtés à leurs prénoms pour mieux se concentrer sur leur musique. Bien leur en a pris car il y a quelque chose d'assez d'unique dans cette nouvelle création. Le son de cet album a parfois des relents très américains, et le très puissant At Peacehaven évoquera certainement à certains d'entre vous la mécanique surpuissante du groupe METZ. Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que Seth Manchester, qui a travaillé avec le trio américain, est aux manettes ici. L'idée d'anglais se prenant pour des américains pourrait vous refroidir, pourtant JOHN ne jouent absolument pas cette partition, et ne cherchent à imiter personne.
Ni vraiment indie, pas totalement post-punk, JOHN possèdent une personnalité propre qui se dévoile tout au long de ce très bon album. Parfois plutôt froids comme sur The Common Cold, nos anglais savent aussi déployer une énergie folle comme sur le renversant A Whole House ou sur Cote d'Adur et son riff surpuissant. Pour ceux qui s'inquiéteraient d'avoir une simple bétonnière en face, tendez plutôt l'oreille sur le merveilleux A Submersible. Ce morceau magnifiquement mené de bout en bout vous prend du début jusqu'à la fin et vous embarque dans un voyage dans les fonds marins dans une ambiance claustrophobique qui monte en puissance jusqu'à son climax. C'est brillant.
Avec Service Stationed et son intro à la IDLES, le groupe se laisse entraîner sur des sons post-punk plus conventionnels. Pourtant vous avez ici une des pièces majeures de A Life Diagrammatic, car Newton et Healey ont ce petit quelque chose qui permet de détourner votre attention et vous amener là où vous ne pensiez pas aller. Ce titre est absolument grandiose et vous renverse avec ces quatre accords et ce chœur venu de nulle part. C'est simple et pourtant d'une intelligence folle dans la structure.
Ainsi, JOHN ont décidé d'aller à contre-courant de ce nom si bateau, sans jamais s'embarquer totalement dans une direction, mêlant des influences assez diverses qui empêchent de les classer réellement dans un style. À cet égard, Riddley Scott Walker illustre peut-être le mieux A Life Diagrammatical. Voilà qui ne paraît pas totalement nouveau, mais ne vous semblera pas non plus complètement familier. Ce disque est surprenant à plus d'un titre et mérite définitivement votre attention.