Richard Hawley

Nous sommes en 2012, je m’apprête à interviewer Richard Hawley chez EMI à Paris. L’homme est d’une simplicité rare. Il a grand air avec son physique imposant masqué sous son cuir noir et ses lunettes Rayban en Bakélite. Il a l’air, mais également la chanson ! Il est des artistes dont le nom seul suffit à évoquer tout un pan de l’histoire de la musique moderne. De Roy Orbison à Elvis Presley, de Scott Walker à Pulp, Richard Hawley s’inscrit avec un talent incomparable dans le culte des crooners magnifiques, et des rockers viscéraux.

Ce natif de Sheffield dont la carrière musicale remonte à la fin des années 70 fait office de référence dans le monde du rock, de mentor pour nombre de groupes des années passées et de modèle pour la galaxie des journalistes et gonzos de la critique rock. Le souvenir des interviews qu’il accorda à Sound Of Violence entre 2009 et 2015 fait à nouveau s’activer nos cortex et lobes frontaux. Aussi éloigné que possible des standards de starification qu’auraient pu lui conférer la gloire de Pulp et les succès d’estime de ses albums depuis Coles Corner en 2005, Richard Hawley est un héros du quotidien, du classic rock issu des working class anglaises. C’est en 2001, et alors que Pulp - dont il fut le guitariste attitré - sont au sommet de leur gloire et en proie à des tensions qui mèneront à leur séparation que Richard Hawley entame sa carrière solo avec un mini album éponyme. Conforté en cela par son ami, Jarvis Cocker.

Génie guitariste et compositeur admirable, il entend voler au-dessous des radars, peut-être pour ne pas subir le sort d’Icare. Fidèle à son home studio qu’il a habilement nommé Disgraceland, Richard Hawley n’a qu’une limite à son inspiration, lui-même. Ses neufs albums studio sortis entre 2001 et 2019, soit un tous les dix-huit mois attestent qu’il fait partie des artistes touchés par la grâce, mais également par la bosse du travail, couplée à une hygiène mentale sans faille. L’univers de travail de Richard Hawley, ce sont ses proches et sa famille.

Sortie le 20 octobre dernier, la compilation Now Then : The Very Best Of Richard Hawley relate presque vingt ans de compositions dans un tracklisting admirable regroupant trente-deux titres qui raviront les fans et accrocheront les néophytes. Un florilège tellement imposant qu’il est très difficile de démarquer trois ou quatre extraits phares en verbatim de la chronique.

A cinquante-six ans, ce néo-classique du rockabilly qui se dit « mockabilly » (ndlr : contraction de Mods et Rockabily) ne quitte que très rarement ses imposantes bagues et son cuir noir. Il peut s’enorgueillir de prestigieuses collaborations qui englobent Arctic Monkeys, Manic Street Preachers ou encore Paul Weller. Mais également de compositions de quelques bandes originales entre 2008 et 2014. Son nom est déjà inscrit dans le marbre des monuments des pierres qui roulent, à la suite de Roy Orbison, Johnny Cash ou Scott Walker.

Il ne manquait au crooner poète à la voix de velours qu’une rétrospective à la hauteur de son oeuvre. Servie sur un plateau en Bakélite vernie sous la forme de double CD ou double vinyle accompagnés d’un livret imposant, Now Then : The Very Best Of Richard Hawley n’est ni plus ni moins que le meilleur de lui-même !