Chronique Album
Date de sortie : 03.11.2023
Label : One Little Independent Records
Rédigé par
Adonis Didier, le 7 décembre 2023
Salut les moustachus, ici Franck Narquin pour une nouvelle découverte d'une musicienne londonienne de trip-hop électro, [insérer ici une référence forcée à Jockstrap], [insérer ici une référence obscure à un producteur/DJ mancunien des années 90], alors on se pose sous jack dans son bendo, parce qu'on est back dans les bacs pour faire grailler quelques bangers british breussons qui vont dead ça !
Eh non ! Prank ! Comme transporté dans un épisode de Scooby-Doo, c'était moi depuis le début ! Et croyez-le croyez-le pas, pour la première fois dans l'histoire de Sound of Violence, une chronique de chanteuse trip-hop électro ne sera pas faite par le tonton jet-setter préféré des speakeasys du tout Paris (a.k.a le Thierry Ardisson de l'underground anglais), mais bien par le jeune chroniqueur dynamique de la bande, le Laurent Bouffi du rock indé : moi.
Et pour enfin parler musique dans cette chronique d'album de musique, présentons sans plus de préambule la principale intéressée, Delilah Holliday. Une jeune londonienne rentrée dans l'industrie musicale en 2013 via le punk et le rock alternatif, quand sort le premier EP de son groupe Skinny Girl Diet, fondé avec sa sœur Ursula. Un premier EP suivi d'un autre la même année, pour finir avec deux albums au compteur : Heavy Flow en 2016, et Ideal Woman en 2018. 2018, une année qui verra Delilah participer au « supergroupe » B.E.D, nommé des initiales du trio Baxter Dury, Etienne de Crécy, et donc Delilah Holliday. Un projet pop-électro-dandy typique des deux principaux intéressés dans lequel la chanteuse va se fondre à merveille, et puis... Et puis plus grand-chose. Skinny Girl Diet est mis en pause, quelques singles typés trip-hop, soul, ou Rn'B moderne sortent entre 2020 et 2022, mais la direction est un peu floue, et l'on oublie vite l'existence de l'artiste.
Jusqu'au single Silent Streets, éclatant fin mai 2023 dans toutes les oreilles un tant soit peu à l'affut. Un beat électro minimaliste rappelant Hot Chip, la voix ronde de Delilah entourant la musique pour offrir une touche à la fois soul et planante à l'ensemble, le single bulle en boucle dans la tête et ravive l'envie, l'envie d'avoir envie. Envie comblée lorsque sort finalement la concaténation des deux premières mixtapes de l'artiste, un objet que l'on qualifiera d'album, nommé sans prise de tête Invaluable Vol. 1 & 2. Et comme dans toute mixtape, on y trouve du bon mais aussi du moins bon, alors autant commencer par les bonnes nouvelles. Le trip-hop atmosphérique de Steel Charmed, la même en plus électro et dynamique sur Burn Money, Silent Streets déjà évoquée, le tube de dark-électro-house Liquid Pearl, les introspectives et touchantes Drugs, Again? et Everything I Ever Wanted, et enfin le RnB planant de On My Own Wave. De toutes ces chansons, l'album fourmille de variations des mêmes atmosphères sombres et urbaines, les styles se succèdent et apportent chacun leur plume à cette même histoire des nuits londoniennes, entre amour, drogues, et anxiété sous la lueur blafarde d'une sortie de secours en sous-sol.
Mais dans tout ça, beaucoup de mou, de titres ambient sans ossature, sans accroche rythmique, et un flottement trop présent pour réussir à passer d'un excellent titre à un autre sans que ne survienne une pointe d'incompréhension ou d'ennui. Ainsi, ce premier album de Delilah Holliday alterne les très belles réussites électro RnB et les passages de creux, résultant en un objet inachevé, donnant le sentiment que si le talent est réel et la direction musicale affirmée, il manque encore à l'artiste une maturité en solo pour tenir l'auditeur en haleine sur les deux faces d'un disque.
N'oublions pas que cet album reste techniquement une concaténation d'EPs, une mixtape propageant le nom de Delilah Holliday en tant qu'artiste solo, et laissons le temps à la musique de grandir pour encore plus apprécier son éclosion lorsque pointeront les beaux jours.