Astrel K

Un an presque jour pour jour après la sortie de l'excellent album Compact Trauma (cette date ne semble donc pas être le fruit du hasard), Rhys Edwards, leader d'Ulrika Spacek, présente le deuxième album d'un de ses projets parallèles : Astrel K. Intitulé The Foreign Department, ce disque succède au très réussi Flickering i, paru en 2022 chez Duophonic Super 45s, le label de Stereolab. Cette fois-ci, tout comme pour le groupe principal de Rhys, c'est Though Love Records qui est à l'origine de la brillante initiative de publier ce nouveau chapitre.

Astrel K pourrait être considéré comme le pendant symphonique d’Ulrika Spacek, bien que Rhys Edwards n'ait pas recouru à un orchestre pour cet album. Les compositions cinématographiques et la connotation à la John Barry contrastent fortement avec le côté psychédélique et bruyant d'Ulrika Spacek. Cependant, Heavy Is The Head, plage d'ouverture de cet album, puise tout de même dans l'univers tourmenté de l'autre groupe de l'anglais. Comme sur des montagnes russes, le musicien passe d'un versant torturé à un versant apaisé et vice-versa. Les variations sont parfois abruptes, ce qui n'est guère surprenant compte tenu de la manière avec laquelle il compose. Il aime surprendre et le fait magnifiquement. Darkness At Noon, premier single extrait de l'album, prend une tout autre tournure que le morceau d'ouverture du disque. Avec son clavier minimaliste et ses cuivres qui lui confèrent un aspect chaleureux, on se demande si Rhys Edwards n'est pas en train de devenir le nouveau Kurt Cobain lorsqu'il nous narre "I know I want to be seen, but I hate most of what comes out of me".

Heureusement, il semble moins tourmenté dans la vie de tous les jours, et la délicatesse de By Depol nous enchante littéralement, surtout dans sa seconde partie où l'harmonie musicale s'installe et semble nous transporter dans la bande son d'un film des années 70. Si les cordes occupent une place de choix dans The Foreign Department, le clavier et le piano ne sont pas en reste. La cacophonie de l'introduction de Firma laisse ensuite place à un moment de profonde plénitude. La tendresse de Birds in Vacant Lots avec ses chants d'oiseaux digitalisés séduit une fois encore, tout comme la très touchante Daffodil. Rhys Edwards ne se contente pourtant pas d'un album somme toute linéaire. Si Brighter Spells donne une coloration plus sombre à l'écoute, A Rudderless Ship se fait presque dansante. R U A Literal Child et son introduction d'un modem se connectant à internet conclut joyeusement et de manière sautillante un album rempli de surprises.

The Foreign Department est donc un excellent cru. Rhys Edwards ne manque pas d'inspiration pour le second album de son projet parallèle. Délicat, touchant, contenu mais parfois aussi bien bordélique et teinté de psychédélisme, l'album et ses quarante minutes constituent une véritable bouffée d'oxygène musicale en ce début d'année 2024.