FEET

FEET, ou le jeu du chat et de la souris. Explication : depuis notre première rencontre avec le sympathique groupe de Coventry à la Block Party des copains du Supersonic l'an passé, les jeunes anglais ont annulé leur venue dans la capitale à trois reprises. Nous étions depuis un peu frustrés et avions rangé au placard l'idée de retrouver le groupe un jour sur scène ou dans nos playlists. En 2021, après l'album What's Inside Is More Than Just Ham deux ans plus tôt, c'est avec le chatoyant EP Walking Machine que nous les retrouvions, et depuis, le temps s'est écoulé, le COVID-19 a muté trente-deux fois, nous avons aperçu George Haverson, le leader au sourire à la Jim Carey tout en blond peroxydé à l'ancien Café de la Presse, aujourd'hui Guru Club, pour en juin 2024 enfin entendre le second album du groupe intitulé Make It Up.

« Make It Up » ou en bon français « se faire pardonner », en voilà un beau geste ! C'est avec un disque garni de douze titres que FEET nous accueillent aux portes de l'été. Ces derniers continuent de faire du FEET, soit une power pop hyper dynamique, rayonnante et, vous vous en doutez, qui se danse avec les pieds. Mais ici, le groupe a définitivement franchi un cap, dans cette liste de hits survitaminés se dégagent quelques perles bien plus raffinées, dont on sent que le travail pour leur mise en forme est allé bien au-delà de ce que les cinq garçons nous ont livré à ce jour. Aux commandes, Andy Savours, qui a collaboré entre autres avec les surdoués Black Country, New Road. Ne cherchez cependant pas la complexité de l'univers de ces derniers, mais reconnaissons que la touche de ce producteur de renom extrait FEET de la masse un peu brouillonne du college rock, pour beaucoup encore inspiré des papas de Weezer.


Ainsi, les pistes se succèdent et offrent leur lot de guitares toutes ensoleillées, presque candides et des morceaux tels Better Than Last, The Real Thing, Greasy Boy ou No Vision remplissent allègrement le cahier des charges du rock festif, agité mas pas bourrin, qui colle parfaitement aux fêtes de bahut de plage. Les codes sont en effet ceux des années 90, tournés vers le pays de l'oncle Joe, avec ce petit je-ne-sais-quoi de surf rock, notamment sur l'explosif Sit Down.
Parfaite playlist pour toute occasion entre potes, nous extirpons néanmoins du lot quelques titres qui révèlent le véritable potentiel de FEET. Why Would I Lie aborde un registre plus posé, évoquant les influences plus bohèmes des compères Cassia ou Temples. Truly Awful est la ballade du disque, touchée d'une véritable élégance qui l'exclu fissa des bleuettes pour gamins (ou le moment du quart d'heure « américain » dans les booms, coucou aux lecteurs qui appelaient leurs teufs « booms » à l'époque). L'acoustique est belle, le chant parfaitement posé, cette petite douceur nous évoque dans leur répertoire comme cette parenthèse magique de Green Day avec Time Of Your Life, soit une nouvelle facette bien plus sophistiquée.


Le reste du tracklisting peut paraître un brin anecdotique mais jamais dénué d'intérêt car on continue à son écoute à danser furieusement, jusqu'au titre de clôture Goodbye (So Long, Farewell) où FEET terminent en nous convaincant qu'ils en ont plus qu'ils ne semblent l'afficher sous le coude, soit un réel talent de composition, la possibilité d'aller bien au-delà du registre un peu gamin qu'ils maitrisent cependant avec brio. FEET nous proposent avec Make It Up un album à la hauteur de nos attentes : les fans de leurs débuts ne seront en rien déçus, et les quelques aventureux qui attendent de leur part une évolution sauront déceler les premiers pas vers une nouvelle maturité musicale, mais en attendant, continueront de danser tout leur saoul sur cet album hyper joyeux et parfaitement calibré pour l'été.