Gavin Friday

Voilà treize ans que Gavin Friday n'avait plus sorti d'album, autant dire une éternité. Pour son retour à la musique l'ex-leader des Virgin Prunes a travaillé avec Dave Ball de Soft Cell et cela s'entend, certains titres du disque ayant ainsi une tonalité très proche de celle du duo anglais.

Ecce Homo est un disque fort intéressant qui a parfois de nettes colorations 80s mais Gavin Friday a le bon goût d'y apporter une production moderne. Le disque est un vrai labyrinthe, il explore tant de voies différentes que l'on a peur parfois de se perdre mais c'est pour mieux retrouver son chemin. Il débute par des titres électro 80s comme Love Subzero ou Ecce homo, un morceau qui suinte le souffre et le sexe. Une belle entrée en matière lançant l'écoute de la meilleure des manières possibles mais la suite s'avère encore plus intéressante : The Church Of Love est un très beau morceau new wave et Stations Of The Cross un titre absolument fascinant qui rappelle les grandes heures des Prunes et peut prétendre au titre de meilleur moment du disque.

On pourrait penser alors que Gavin Friday va poursuivre dans cette voie new wave électronique mais il nous sert alors quatre titres, Lady Esquire, When The World Was Young, The Best Boys In Dublin et Lamento qui sont de belles « crooneries » dans l'esprit de ce que l'homme a fait dans ces précédents disque. Il repart ensuite dans la version Deluxe du disque vers le dancefloor avec Cabarotica, un superbe titre même s'il flirte parfois dangereusement avec l'Eurodance. Amaranthus (Love Lies Bleeding) est un morceau d'une grande sensualité : on a l'impression en l'écoutant de se retrouver au sous-sol d'une backroom tant les synthés y sonnent comme des coups de fouet.

Il est des retours qui déçoivent, d'autres qui sont totalement à côté de la plaque. Celui de Gavin Friday est majestueux. Son nouvel album est d'une grande richesse et développe tellement d'idées à la seconde qu'on reste bouche bée devant tant d'inventivité. Il n'y a pas peut-être plus le côté obscur et sulfureux des Virgin Prunes à leurs débuts mais dans l'esprit le musicien reste fidèle à ce qu'il était dans les 80's. A 64 ans l'homme a encore de bien belles choses à dire.

Ce disque restera comme l'une des œuvres majeures de sa longue et brillante carrière.