VLURE

Si leurs accents ou leurs kilts ne vous avaient pas mis sur la voie, VLURE sont bel et bien originaire de Glasgow. La cité écossaise, froide et humide, compense largement son climat par la chaleur de ses habitants. Son architecture mêle les vestiges d'une révolution industrielle aussi prospère que lointaine aux stigmates d'une classe ouvrière malmenée. Austère en apparence, la ville est aussi le berceau d'une scène artistique foisonnante et inventive. C'est exactement ce contraste que l'on retrouve dans la musique du groupe, aussi à l'aise avec une rage punk-métal-rock qu'avec la fougue irrésistible de la musique électronique de club.

Leur premier EP, Euphoria, avait déjà fortement impressionné, tout comme leurs concerts, tendus et électrisants. Véritable titre manifeste, Euphoria a donné son nom aux soirées qu'ils animent, et chacun des membres du groupe se l'est fait tatouer sur la peau. J'ai été déçu de ne pas le retrouver sur l'album, mais il faut accepter, et même souhaiter, qu'un groupe évolue. Après trois années de tournées et d'écriture, VLURE reviennent avec un premier album ambitieux qui affiche d'emblée la couleur : Escalate. Le genre de disque qu'on se prend en pleine gueule : de la techno qui bastonne où les morceaux à 140 bpm finissent par paraître lents, des gimmicks electro qui déboulent de partout, des rythmes qui se superposent et la voix du leader qui se fait pressante. C'est de la musique de fête qui ne nie pas l'état du monde, ou de votre petite vie. C'est redoutablement efficace et entraînant une fois qu'on s'est laissé emporter par ce tourbillon.


Comme dans une soirée réussie, l'album trouve un parfait équilibre entre cohérence du mix et diversité des ambiances, créant sans cesse la surprise. Heartbeat résonne comme un cœur qui cogne plus qu'il ne bat : sombre, violent, plus rageur que romantique, la fête y devient exutoire. How To Say Goodbye et This Is Not The End, déjà entendu en live dans des fins de set qui renversent tout, ont pas mal évolué et rendent très bien en studio l'émotion des concerts.

Une soirée est aussi un lieu de passage et de rencontre. Alors on y croise le rappeur psweatpants sur Something Real qui figure sur la bande originale du jeu vidéo de football EA Sports FC 26 (ndlr : pour les anciens, c'était FIFA, mais EA Sports et la FIFA ne se sont pas entendus sur le montant de la licence). Et le gars en costard vintage et aux cheveux longs au fond... Oui, c'est bien lui, c'est Bobby Gillepsie qui vient poser un poème avec un accent écossais prononcé sur le seul morceau calme de l'album, le calme après la tempête.

Avec Escalate, VLURE signent un premier album viscéral et ambitieux, qui capte l'énergie brute de leurs concerts tout en l'inscrivant dans une vision plus large et cohérente.