logo SOV

VLURE

Paris, Point Éphémère - 22 octobre 2025

Live-report par Jean-Christophe Gé

Bookmark and Share
Il y a des premières parties tellement épouvantables que l'on veut les oublier. Heureusement elles sont rares pour quiconque a un peu de curiosité. Il y a les artistes en devenir dont on se demande comment ils vont mûrir et s'ils en auront le temps. Il y a les coups de cœur que l'on va revoir en tête d'affiche. Et puis il y a des surprises comme Paul Parking, vu en première partie de Benefits il y a trois semaines. Le musicien, échappé de The Psychotic Monks, n'est clairement pas un débutant et il m'avait impressionné avec ses synthés modulaires, sa trompette et son grain de folie.

Il s'en passe des choses en trois semaines : un accord de cessez-le-feu a été trouvé à Gaza, les otages sont rentrés chez eux, Sébastien Lecornu a formé deux gouvernements... Mais ai-je envie de revoir le même artiste en première partie, aussi bon soit-il ? Je vais vite avoir la réponse à ma question. A 20h30 pétante, Paul se présente et dit bonsoir à la quinzaine personnes qui sont là avant de commencer un air de trompette mélancolique avec une petite boucle rythmique comme un orgue de barbarie qui se mue en un son synthé modulaire qui finit par se perdre dans les reverb.
Le set est assez organique et avec sa trompette enchantée, la salle se remplit petit à petit. Paul a pris le microphone avec l'orgue et les sons bizarres qu'il produit, je me dis à nouveau qu'il serait à sa place avec These New Puritans la semaine suivante. Les pulsations sortent de ses machines, il y a des titres chantés, le set me semble différent de la dernière fois et donne l'impression d'une bonne part d'improvisation. Paul Parking réussit à me surprendre à nouveau, et je suis bien content de le revoir. Sa voix fragile et un peu cassée, avec son accent français, a son charme. De toute façon, ce soir, l'anglais se chante avec un accent. Je vois Conor et Hamish dans le public qui ont l'air de bien apprécier également, ce sera bientôt leur tour.

Les concerts de VLURE commencent par I Want It Euphoric, tout comme leur premier album sorti il y a un mois. Conor à la guitare et Carol à la batterie sont d'abord seuls. Le guitariste nous dit bonjour et c'est à peu près tout ce qu'il sait dire dans la langue des Daft Punk. Le reste du groupe vient le sauver de son manque de vocabulaire. Hamish ne reste pas longtemps sur scène, très vite il descend dans le public et répète son mantra « I need it, I want it, euphoric », comme une incantation pour envoûter la foule.

Something Real suit. Même si la voix de Psweatpants est sur bande, le morceau dégage une énorme énergie sur scène. Le frontman gueule et harangue le public. Sur Heartbeat, la basse écrase tout, la musique cogne, les coups de batterie claquent. Hamish se penche vers le public comme un marin qui jauge les naufragés, prêt à embarquer ceux qui tiendront la cadence. Cela dit sans mauvaise intention, nous sommes tous là pour faire la fête et il n'aura de cesse de répéter qu'il adore Paris. Moi aussi !

Show Me How To Live Again, est le seul morceau du set à ne pas être extrait de l'album. Dommage, ils ont sorti une jolie poignée de très bons morceaux. Mais pas le temps pour les regrets, sur Let It Escalate on approche de la transe dans une partie du public et du groupe : Conor et Hamish sont déchaînés alors que Carlo, Alex et Niall sont hyper concentrés sur leurs instruments. Pendant Tha Gaol Agom Ort, un couple au premier rang s'oublie et semble vouloir faire la démonstration que le titre veut dire « je t'aime » en gaélique écossais.

Avec les nappes de synthé de How To Say Goodbye, le jeu se calme comme pour permettre à tout le monde de reprendre son souffle et de mieux enchaîner sur une rapide montée en puissance pour This Is Not The End. Pour ce morceau d'espoir, dédié à ceux dont la voix a été retirée, Conor et Hamish descendent dans le public, le reste du groupe disparaît. A la suite de Conor, le public s'accroupit. Loin d'être la fin, c'est un nouveau départ et avec son gimmick de synthé Just Breathe fait reprendre le son de plus belle, la ligne de basse est extraordinaire, le riff de guitare surpuissant. En live la musique de VLURE est plus dépouillée, chaque partie réduite à l'essentiel. Le public saute en rythme sur Between Dreams, mais c'est vraiment la fin, le groupe remercie chaleureusement le public et s'en va.

Un peu hébété et complètement incrédule, le public en redemande et le groupe revient pour Cut It après nous avoir prévenu qu'ils n'avaient pas répété le morceau, que le batteur est au bout de sa vie, et qu'ils vont peut être le foirer. Il n'en sera rien, avec son synthé symphonique, j'ai plutôt l'impression d'être dans un immense festival. L'impression sera de courte durée, c'est bien la fin. Les lumières se rallument et la mère de Hamish viendra jouer à la commerçante en attendant que son fiston vienne la remplacer au stand de merchandising.
setlist
    I Want It Euphoric
    Something Real
    Heartbeat
    Feels like heaven
    Show Me How To Live Again
    Let It Escalate
    Tha Gaol Agom Ort
    How to say goodbye
    This is not the end
    Just Breathe
    Between Dreams
    ---
    Cut It
Du même artiste