Buzzcocks

“Quiconque intéressé par le Velvet Underground, please contact me”. Trente ans exactement après que l'annonce passée dans un collège mancunien ait réuni ces vétérans du punk, les Buzzcocks repartent en guerre contre une société « no future ». Ni leurs textes ni leur patate ne semblent avoir pris une ride. Produit par le bassiste Tony Barber, ce pavé tombe avec classe dans la marre britannique où pataugent parfois les prétendants au trône punk.

En quoi consiste la philosophie de ces toujours bruyants quincas ? 14 chansons en 36 minutes, ça donne une idée de la baston et de l’accumulation de coups portés à nos tympans. Moins crados qu'en 77, les papys sont en âge de produire un album soigneusement sans avoir à rattraper les coutures à l’épingle à nourrice puisqu'elles ne craquent plus. Parfois, le costume est même peut-être un peu large, taillé par endroits à la mode pop, plus proprette. L'ensemble n'en perd pas son charme. Alors qu'il pourrait paraître désuet avec ses chœurs (« Oh oh oooh ») ses fade outs ad libitum et ses claps à l'ancienne, il n'oublie pas l'urgence des guitares furieuses.

Entre nostalgie et appel au secours, cet album pourrait trouver sa place sur la B.O du carton du moment « La Fracture Sociale, Nos Vieux et Nous » : “I wonder if you'll notice exactly what I feel maybe if we could spend more time together then you’d discover what I try hard to conceal (...) but you don't know what I'm talking about cos to you, I just don't exist ”. On parle beaucoup d'amour chez les Buzzcocks, et surtout de son manque “each night I say a prayer someone to love someone to care” et finalement ce disque aurait pu être écrit en plein dans leurs tendres années Thatcher. La voix un peu vieillissante peut aussi trahir la datation qui n’aura nul besoin de carbone 14, mais qui a dit qu'on devait perdre son identité en prenant des rides ? Seuls survivants de la monarchie des 70's agonisantes, les Buzzcocks laissent peu de chance à un quelconque coup d'Etat. En cas de coup de pompe, ils tiennent le secret de la longévité : “ when my thoughts make me depressed, I think the best and fuck the rest ”.

Nos amis de trente ans tiennent le coup et c’est parti pour durer, y compris sur les routes européennes...