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Buzzcocks

The Way

Buzzcocks - The Way
Chronique Album
Date de sortie : 29.09.2014
Label : Pledge Music
3
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 12 octobre 2014
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Que du feu ! C'est ce qu'on y voit dès les premiers coups d'œil et d'esgourdes jetés au dernier album des Buzzcocks. Dernier album des Buzzcocks... Rien que cette phrase est antinomique ! Ce groupe, né en 1976 et contemporain des Sid Vicious, Joe Strummer ou Ian Curtis, sort un neuvième album studio aux couleurs et aux odeurs du 100 Club ou du Roxy.

Cette extraordinaire longévité, Pete Shelley et Steve Diggle en gardent jalousement le secret. Qui n'a pas vu Steve Diggle suer, invectiver et sauter à tout va sur une scène ces dernières années, ne peut pas se douter qu'il y a bien une vie pour les punks de soixante ans et plus. Avec un artwork au pochoir représentant les quatre Buzzcocks version 2014 sur un mur de briques (Danny Farrant et Chris Remmington, les deux jeunots du groupe ne totalisant pas, à eux deux l'âge du seul Pete Shelley), la pochette de The Way est une belle réussite qui, sans tomber dans le cliché punk des années 70, nous remémore d'un seul coup d'œil dans quelle catégorie ont toujours boxé les Buzzcocks.

The Way contient pas moins de dix titres et est proposé, depuis avant l'été, avec quatre titres supplémentaires et des bonus qui vont des vidéos d'interviews en passant par des démos, disponibles sur Pledge Music. À noter que cinq pour cent des recettes de ce disque iront directement à la fondation anglaise contre le cancer des adolescents et des jeunes adultes.
Toutes les chansons ont ici été composées par Pete Shelley ou Steve Diggle, dans une alternance parfaite tout au long de l'album (excepté It's Not You à laquelle Danny Farrant rajoute son nom), un duo qui a su résister au temps et semble fonctionner à merveille à chaque nouveau concert. Concerts dont les Buzzcocks sont tout sauf avares, ces dernières années.

Dès le premier titre, Keep On Believing, Steve Diggle et Pete Shelley injectent une dose de rythmiques acerbes et le système nerveux, qu'il le veuille ou pas, part à la recherche des sentiments et des sensations que provoquent, aujourd'hui encore, des titres antédiluviens comme Orgasm Addict ou What Do I Get. En cela, la section rythmique de Danny Farrant n'a rien à envier aux différents batteurs à qui il a succédé. Ça joue vite et les minuscules breaks qui permettent de changer de ton – véritable marque de fabrique du groupe – sont, une fois de plus, bien trouvés et imposent immédiatement le son des Buzzcocks que recherchent les fans.
Le titre éponyme, The Way, est symbolique des Buzzcocks : la voix de Pete Shelley, reconnaissable entre mille, les riffs militaires de Steve Diggle, la section rythmique percutante et un refrain tout en métaphore « The way you are is not the way you were ! ».
In The Black retrouve les petits solos, faits de quelques notes seulement, mais des notes jouées par Steve Diggle ; donc forcément tendues et prêtes à exploser dans ses mains comme une corde de guitare usée par des années de maltraitance jouissive. Des notes qui ont des airs de comptine enfantine connue, orchestrée par une bande de vieux punks qui n'a plus rien à prouver et qui peut se permettre toutes les supercheries musicales ! Un titre plus « Mod » que punk, la frontière entre les deux courants a toujours été discutée par les amateurs des deux genres : « What you give is what you get ! ».

Mais, c'est sur Third Dimension que l'envie de remuer se fait le plus sentir. Avec une rythmique guitare répétitive et tranchée qui occupe tout l'espace de ce titre, l'attaque de Steve Diggle au chant, tout en retenue sur les premières mesures, laisse s'organiser une montée progressive de l'orchestration pour un final de cymbales claires qui claquent. Une échappée US sur la route 66 entre le fast car des ZZ Top et le barnum des Queens Of The Stone Age.
Il manquera, aux fans de la première heure, ces titres où la furie de Steve Diggle aux riffs n'avait d'égale que les mélodies de Pete Shelley qui parvenaient à s'imposer et s'imposent toujours dans la mémoire collective comme Ever Fallen In Love (With Someone You Shouldn't've) , mais The Way, écrit et enregistré au milieu d'une tournée qui semble sans fin depuis quelques années, ne fait honte, ni à ses auteurs ni à son public.

À l'heure où d'autres légendes des années 80 sortent un nouvel album à grand renfort de marketing Internet et en accès gratuit sur iTunes (avec le succès que l'on connaît...), les Buzzcocks refusent, une fois de plus, la facilité au bénéfice de compositions à l' image de leur carrière : décousue, copieuse et nerveuse. Pour des mecs qui n'avaient aucun futur, l'ironie continue d'alimenter leurs compositions et leur motivation.
tracklisting
    01. Keep On Believing
  • 02. People Are Strange Machines
  • 03. The Way
  • 04. In The Black
  • 05. Virtually Real
  • 06. Third Dimension
  • 07. Out Of The Blue
  • 08. Chasing RainbowsModern Times
  • 09. It's Not You
  • 10. Saving Yourself
titres conseillés
    Third Dimension - In The Black - Keep On Believing
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