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Just Jack

Overtones

Just Jack - Overtones
Chronique Album
Date de sortie : 29.01.2007
Label : Mercury
4
Rédigé par Johan, le 26 janvier 2007
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Il faut bien l'avouer, peu de groupes britanniques actuels ont quelque chose de réellement intéressant à dire. The Streets. The Sunshine Underground. Arctic Monkeys. iliKETRAiNS. Klaxons. Good Shoes. Et ?
Quand on en tient un, on ne le lâche plus. C'est ici le cas avec Just Jack.

Peu de gens probablement le savent mais Just Jack n'en est aujourd'hui pas à son premier méfait. En 2002, il suit le parcours gagnant de Mike Skinner en s'enfermant dans sa chambre, muni de magnétophones, pour concevoir The Outer Marker, album qui connaîtra son petit succès à Londres.
Ne possédant encore ni la verve de maintenant, ni ses instrus aussi diverses – hormis sur quelques exceptions comme le jazzy Lesson One, le mélancolique Snowflakes et l'immense tube qu'est Eye To Eye –, Just Jack ne demeure Just Jack que peu de temps. Il redevient alors Jack Allsopp, jeune DJ londonien qui passe son temps dans les raves et sur les pistes de skate. Il n'en oublie pour autant pas d'avoir conscience de l'environnement dans lequel il évolue et ressort de chacune de ses expériences un petit quelque chose qui, une fois mis bout à bout, rendra compte des idées de sa génération (leurs pensées, leurs doutes, leurs angoisses, leur existence) à travers ce passionnant Overtones, proprement imprégné de sa vie.
Il y raconte ses soirées, sur lesquelles les images du film « Human traffic » viennent naturellement se greffer. Il y raconte ses déboires avec la drogue et ses conséquences inévitables. Il y raconte ses délires et descentes – forcément. Le tout saupoudré d'un cynisme et un discernement profondément étonnant malgré son empiètement sur le terrain déjà foulé par The Streets.
Seulement, contrairement à Mike Skinner, auquel il sera – sur le fond, de manière justifiée – comparé dans chacune des critiques dont il fera l'objet, Just Jack ne dépose pas un constat ou un état des lieux de la jeunesse britannique actuelle mais cherche, à travers son vécu, à comprendre les raisons qui poussent la jeunesse à agir de la sorte. Le comportement de l'être humain est analysé, dépouillé de toute déraison et se voit perçu comme étant le moteur à une réflexion, certes personnelle, mais avant tout existentielle.
Des bribes de réflexion accentuent ainsi chacun de ses textes, comme ce « when i'll grow up, i'm gonna to be famous » rempli d'espoir en plein milieu de Starz In Their Eyes, ou encore la merveilleuse phrase « sometimes at night i think too much, about life and love and music and stuff » sur Writer's Block.

Car Just Jack possède effectivement des idées et points de vue similaires à ceux de Mike Skinner mais qu'il analyse totalement différemment. Ce sont ses chansons qui sont au service de ses textes et non l'inverse.
Ainsi, en pâtit la musique qui, occasionnellement, n'est pas à la hauteur de la réflexion proposée. La musique traîne des pieds dans Life Stories et No Time et leurs choeurs trop mielleux sur les refrains, incontestablement pas à la hauteur des paroles. Mais au final, plus que les mélodies, ce sont les mots qui importent ici et atténuent dès lors les bruits de pas dans notre dos. Et alors, quand les deux marchent côté à côté, ça donne de véritables bijoux comme Writer's Block, Symphony Of Sirens et surtout le fantastique Mourning Morning.
Disco-funk sur I Talk Too Much, splendide défilé de cordes sur le désabusé Mourning Morning, « hip-pop » décomplexée sur Glory Days, house réfrénée sur Disco Friends, chacun de ses propos s'habille d'harmonies appropriées.
Le meilleur exemple en est Writer's Block dont la musique suit véritablement l'évolution de Jack. De réflexions comme « now i'm stuck between a hard place and the biggest rock » et « i'm livin' in the past, my clock's an hour fast », on passe au refrain vaporeux et incertain – « i'm lovin' Mary Jane, flyin' with Lois Lane, on board a bullet train, don't know yet if i'm glad i came » – sur une ambiance feutrée ponctuée de violons saccadés et d'une batterie omniprésente, avant que la chanson n'aboutisse irrémédiablement sur une (re)prise de conscience et un optimiste révélateur de la jeunesse actuelle et la vie qu'elle mène, un « i fell out with Mary Jane, i don't speak to Lois Lane and i missed that bullet train, but now i know i'm glad i came » chanté sur un ton enjoué et une mélodie pour le coup libérée.

Overtones fait donc partie de ces albums dont n'est pas prêt de se lasser tant chacun des propos de l'artiste mériterait qu'on s'y arrête plus longuement. Alors à quand une analyse de texte de Just Jack dans les classes d'anglais ?
tracklisting
    01. Writer's Block
  • 02. Glory Days
  • 03. Disco Friends
  • 04. Starz In Their Eyes
  • 05. Lost
  • 06. I Talk Too Much
  • 07. Hold On
  • 08. Symphony Of Sirens
  • 09. Life Stories
  • 10. No Time
  • 11. Mourning Morning
  • 12. Spectacular Failures/Koolaid
titres conseillés
    Mourning Morning, Writer's Block
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