Le passage du pont au-dessus du Danube signale l’arrivée sur « Sziget Obuda » - qui se traduit par « l’Île de la Liberté ». Le site n’est plus bien loin et il devient difficile de choisir une destination tant les incitations à la débauche sont nombreuses !

Mais c'est sur la Pop-Rock Main Stage, communément appelée la « Main », qu'il faut se rendre pour écouter le premier groupe UK du Sziget Festival, opus 2014.
Les festivaliers, venus se défouler sur Leningrad, ont laissé derrière eux un sol couvert de cadavres de canettes, de gobelets et de bouteilles en plastique.
L'équipe de nettoyage exerce habilement ses talents, armée de sacs poubelle et de longues pinces en bois. Il fait encore très chaud, au moins 30°C à l'ombre, bien qu'il soit près de 17h30. Le soleil a tourné derrière le haut de la scène et l'ombre qu'elle procure est la bienvenue, en attendant que le staff technique finisse d'installer le matériel du groupe à venir,
The 1975.

Ponctuel, le groupe de Manchester arrive en scène à 17h45. Matthew Healy, le chanteur leader, a une prestance telle qu'elle semble mettre en transe la foule venue se précipiter dans la fosse. Les groupies hurlent en le voyant arriver. Le chanteur au look androgyne a revêtu pour l’occasion un slim et un pull léger blancs et chaussé des mocassins noirs (sans les pompons). Il a attaché ses boucles noires en un chignon négligé. Dès la fin de
The City, il défait sa coiffure et l'ébouriffe d'une main experte pour faire tomber une grande partie de sa chevelure sur son visage angélique.
Après
Milk et
M.ON.E.Y., il ôtera son pull, laissant admirer les tatouages qui recouvrent son torse glabre.
L'énergie du chanteur est surtout autocentrée : il éclipse les autres membres du groupe - devenant quasi-invisibles - et les mimiques et postures provocatrices qu’il enchaîne semblent quelque peu surjouées. La foule, peu nombreuse en cette première journée de festival, laissera passer quelques chansons de l'unique album portant le nom du groupe avant de succomber à son charme. Après avoir chanté
Sex, il tirera sa révérence avec un petit salut de la main destiné, entre autres, aux jeunes filles débarrassées des hauts de maillots de bain qu'elles ont fait virevolter au-dessus de leurs têtes.

A 19h30, les hongrois de
Tancsapda, groupe phare du rock local, leur succèdent. Ils viennent régulièrement sur le festival et ont d’ailleurs fêté leurs vingt ans de carrière ici, en 2009. Le charisme de Tricky, chanteur de la formation, n’est plus à prouver. Avec ses cheveux longs au vent, son bandeau noir sur le front et sa veste à écusson de tête de mort soulignée de deux fémurs entrecroisés, le pirate du Hard est à son apogée.

A 21h30,
Blink 182 assurent leur show. Le batteur, torse nu intégralement tatoué, est impressionnant entre deux chanteurs un peu vieillissants. Il déploie une énergie remarquable, faisant tournoyer ses baguettes à une vitesse à laquelle aucun magicien ne pourrait prétendre ! Ses bras sont comme deux moulins et tournoient inlassablement, ne laissant aucun répit aux cymbales et fûts qui l’entourent.
Les cameramen ne s'y trompent pas ; ils le filmeront régulièrement en plan rapproché afin de faire profiter les festivaliers déchaînés qui ont envahi non seulement le devant de la scène, mais qui campent également aux pieds des trois écrans géants bien sonorisés qui l'entoure.