Dernier jour de festival. La fatigue commence à se faire durement sentir. Les festivaliers mettent de plus en plus de temps à se lever. Pourtant, comme mus par l'énergie du désespoir du départ si proche, ils sont partout, picorant jusqu'aux dernières miettes tout ce qui est proposé sur ce site immense. Des files interminables campent devant les boutiques de souvenirs de Budapest ou de T-shirts arborant le logo du Sziget.
Il faut savoir que la Hongrie n'utilise pas encore l'Euro et que le coût de la vie est moindre (tout comme les salaires) qu'en France. La monnaie locale comprend des billets affichant quatre zéros alors que leur valeur est minime. En effet, un Euro s'échange contre un peu plus de 300 Forints. Nous avons déterminé que l'opération la plus efficace pour convertir le prix d'un objet en Euros consiste à diviser par mille le nombre de forints hongrois, puis de multiplier le résultat obtenu par trois. Exemple, le lot de quatre T-shirts (des années précédentes, bien sûr) ne coûte que 15 Euros !

Le chanteur de
The Kooks, Luke Prichard, look négligé et casque de boucles brunes à la Jim Morrisson, allume la Pop-Rock Main Stage. À 17h45, il saute déjà comme un beau diable et demande au public en hurlant « Are you ok ? ». Satisfait de la réponse positive qu'il lui renvoie, il balance
Junk Of The Heart et
Always Where I Need To Be aux sonorités pop-rock entraînantes.
Il troque sa guitare électrique pour une sèche sur
Ooh La, s'avance sur la rampe, au plus près des festivaliers qui fourmillent aux abords de la fosse, et achève la chanson en applaudissant la foule. Pour le quatrième titre de ce set,
Down, il commencera par un a cappella qui déchaînera les fans et poursuivra avec un petit duo de guitares électriques avec Hugh Harris : de profil, ils se balancent harmonieusement d'avant en arrière. Ils joueront également
She Moves In Her Own Way,
You Don't Love Me et termineront avec
Naive, trois titres qui ont contribué à leur succès britannique. Un setlist généreuse au final et une énergie communicative.
INVSN a fait prendre une demi-heure de retard à la programmation du jour sur l'A38. Peut-être que le groupe attendait que la salle se remplisse un peu pour jouer ? Elle est désespérément vide pendant leur concert, bien que le chanteur se donne énergiquement sur scène dès le début et se remplira peu avant que la formation suivante arrive.

Les festivaliers ne savent rien à propos de ce décalage et crient dès 18h15. Deux synthés trônent sur l'avant de la scène, à gauche, tandis qu'on aperçoit la batterie à l'arrière et une seconde à droite. Dominic Maker et Kai Campos de
Mount Kimbie s'installent derrière toutes leurs machines à 18h30. Surprise : ce soir, ils sont accompagnés d'un troisième musicien !
Le set propose une prestation relativement calme. Leur musique électronique, dépourvue de chant « live », répète des sons planant inlassablement. Le set s'anime un peu vers la fin, avec
Made To Stray, issu de leur dernier album, nettement plus pop.

L'animation quotidienne ce jour est la « Party serpentines ». Elle consiste à envoyer en l'air des milliers de serpentins multicolores. L'effet est magnifique mais sans équivalent avec la « Color party » par exemple. Les festivaliers, une fois vides de munitions, ramassent à terre les restes de papiers déroulés qui jonchent le sol et les mettent sur leurs têtes, s'en faisant des coiffes clownesques.

A 20 h 20, c'est au tour de
NOFX de se présenter sur l'A38. Après seulement deux chansons (au lieu des trois habituelles), Fat Mike fait sortir les photographes avec, en prime, un doigt d'honneur ! Malgré les « rainbow flags » qui décorent la scène, dont un à l'intérieur d'un cœur. Le groupe de punk-rock américain ne rend pas hommage à la symbolique de paix du drapeau par ce geste... Mais peut-être que Fat Mike n'y voit là qu'une occasion de plus d'afficher son fanatisme à propos des lesbiennes sadomasochistes ?
Calvin Harris entre sur la Pop-Rock Main Stage avec dix minutes de retard. Il est 21h40 et ce doit être le premier artiste qui se permet cela sur la scène principale ! Ce contre-temps ne dérange pas la programmation car la prestation clôt le festival sur cette scène, mais le public n'est pas de cet avis et commence à manifester son impatience. L'attente sera fortement récompensée par ce DJ / machine à tubes. Pas de surprise : les tubes très prisés des night-clubs tels que
Summer, I Feel So Close, Bounce ou
Under Control sont repris en chœur. Ils raviront une foule nombreuse et délirante. Elle n'a aucune place pour danser ? Qu'à cela ne tienne : elle va sauter, sauter et encore sauter, tout en agitant à bout de bras les bâtons lumineux aux couleurs fluorescentes qui ont été distribués au préalable par des animateurs du Sziget. Les festivaliers font le spectacle, eux aussi, et les lumières mouvantes sont retransmises sur les écrans géants, créant ainsi une unité entre le décor et la scène. Des spots aux effets lasers complètent cette féerie lumineuse, balayant les festivaliers et le ciel. Le DJ mettra le feu et celui, d'artifice cette fois, clôturera le show.

Dans ce même temps,
La Roux se présente à 22h30 sur l'A38. Elly Jackson est vêtue d'un manteau blanc trois-quarts, sur lequel on aurait pu parier un départ rapide. Rien de tel ! Elle dansera sans le quitter sur un set « eighties » en partie issu de son premier album, éponyme :
Fascination, Quicksand, I'm Not Your Toy, In For The Kill, et
Bulletproof. Elle alternera avec quelques morceaux du second album,
Let Me Down Gently, qui ouvre le concert, ou encore
Kiss And Not Tell. Une prestation sympathique et une Elly en grande forme.
Nous quittons ce festival épuisés mais plein des sensations et émotions cumulées... Vivement août 2015 et le prochain Sziget Festival !