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MaMa Event

Paris, du 14 au 16 octobre 2015

Live-report rédigé par Sarah Pitet le 22 octobre 2015

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vendredi 16
Alors que les festivals et leurs chaudes soirées d'été ne sont plus dans les têtes qu'un vague souvenir, les parisiens ont bravé le froid naissant à l'affut de découverte. La semaine passée, le quartier de Pigalle a cumulé trois jours d'insomnie. Pour cause, le retour du fameux MaMA Event. Le nord de la capitale a en effet été lourdement piétiné et n'a cessé de frémir sous le rythme des conférences et des concerts.

Dans l'attente du duo britannique Heymoonshaker, et contraints par le froid de nous réfugier quelque part, nous décidons d'arpenter les murs de la Boule Noire où se produisent les français Ropoporose. L'ambiance y est bonne, l'abri est agréable et les hôtes surprenants. Dans le bon sens du terme qui plus est. Pauline, à la guitare et au synthétiseur fait face Romain, batteur et grand frère. Le duo crée un bel équilibre entre sonorités pop et harmonies lascives portées timidement par la voix de la jeune fille. Le batteur lance des regards bienveillants et concentrés à cette dernière qui s'affaire de son côté à enchaîner les loops. La voix de Pauline parfois déraille, mais tant mieux, c'est ce qui confère au groupe sa séduisante sincérité.

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Derrière le mur, la mythique salle du boulevard de Rochechouart se remplit peu à peu. Qui est ce mystérieux tandem qui, dit-on, met le corps au profit de la musique ? Lorsque Andy Balcon et Dave Crowe pénètrent sur scène, l'acclamation est automatique. Heymoonshaker sont visiblement attendus de pied ferme. Le beat démarre en puissance. Normal me direz-vous : batteries, boites à rythme, et j'en passe, ont largement la capacité de faire trembler les murs. Or, c'est d'autant plus fascinant lorsqu'il s'agit d'un instrument humain. Dave Crowe bat la mesure depuis sa gorge, faculté manifestement si naturelle qu'il semblerait qu'elle lui ait été cédée de façon divine. Il seconde Andy qui joliment crie dans le microphone en alignant sur sa Dobro quelques gammes de blues. Dave est maître du rythme, maître des basses, véritable banque d'effets vivante qui s'agite dans la pénombre. On se surprend à sourire, battre du pied et apprécier cet étrange mélange entre blues, rock, dubstep et chant criard. Que se passe-t-il ? Effrayés par le caractère ensorcelant du spectacle, nous pressons le pas vers le Divan du Monde où se produisent Meadowlark. Bravo tout de même à cet homme qui s'est donné corps et âme, et en plus avec humour, pour transcender à lui seul la foule de la Cigale cinq minutes durant.

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Sur scène, deux musiciens secondent la jeune chanteuse perchée derrière son Nord. Son visage paraît d'ailleurs familier. Après une gentille torture d'esprit nous réalisons qu'il s'agit de Kate McGill, jadis adepte des reprises sur internet et dont la voix en a laissé plus d'un peu indifférent. Enfin, qu'importe. Beaucoup de douceur se dégage du jeu des trois anglais. Un simple piano y est mêlé aux effets du multipad, perdus tout deux dans une reverb suave. Il faut avouer que c'est agréable, mais trop peu nuancé, malgré tout. Les accords délicatement plaqués sur le piano n'en finissent pas et nos oreilles pleurent à force d'entendre que les saisons passent et que l'amour parfois fait mal. Enfin, bien que parler du caractère froissant de certaines relations sur de douces mélodies peut s'avérer un peu cliché et déjà entendu, Kate McGill déploie une voix qu'on ne peut que qualifier d'admirable et le talent y est, sans aucun doute.

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Retour sur nos pas. Heymoonshaker cèdent place à Is Tropical. La Cigale est comble et le festival bat son plein. La salle est plongée dans le noir, et résonne en fond une voix off apocalyptique que l'on croirait empruntée à Hall9000. Le quatuor est chaleureusement accueilli par un public qui semble désormais échauffé et prêt à bouger. Une fois la lumière revenue, on peut distinguer au centre de la scène une jeune fille dévêtue feignant de jouer de la batterie. Soit. La chanteuse est entourée de musiciens s'adonnant à une musique vive et dansante. Le chant est finalement assuré par le guitariste, joint aux chœurs métalliques de Kirstie Fleck, qui danse librement au milieu de la scène. Bercés par les sons électroniques et quelque peu psychédéliques de Is Tropical, nous finissons tout de même par nous interroger sur le rôle de cette nouvelle recrue, muse au cheveux longs, qui s'agite en centre du plateau face à un microphone en mal de volume. Mais l'incident technique ne dure pas puisque le chant de cette dernière s'avère, pour notre plaisir, de plus en plus manifeste. Cependant, il en aurait fallu visiblement davantage pour faire bouger plus que le premier rang de la fosse, le reste de l'assemblée gardant ses pieds ancrés bien au sol tout au long de l'heure qui s'écoule.

En ce début de week-end, le MaMA Event clôt sa sixième édition dans l'agréable climat d'un festival ambitieux et hétéroclite. Les horizons se sont succédé sur les scènes du 18ème arrondissement de Paris et on en retiendra que les natifs d'Albion n'échappent pas à la concurrence, mis ce soir quelques fois à mal par les performances envoutantes de leurs voisins européens.
artistes
    Kid Wise
    Heymoonshaker
    Is Tropical
    Tahiti Boy & The Palmtree Family
    Meadowlark
    Sage
    Rachid Taha "Couscous Clan"
    Acid Arab
    Ropoporose
    I Me Mine
    Paus
    Teeers
    Orfaz
    No Money Kids
    Hannah Lou Clark
    Noiserv
    Maia Vidal
    Nicolas Michaux
    La Gale
    Fragments
    Isaac Delusion
    K.Flay
    Las Aves
    Bossy Love
    Junior Rodriguez & The Evil Things
    Mutiny On The Bounty
    Svper
    Minou
    VKNG
    Ok Lou
    Krismenn & Alem
    Philemon Cimon
    Holy Oysters
    Vuurwerk
    Ghost Of Christmas
    La Mverte
    D.Lights
    Mbongwana Star
    Sly Johnson
    Batida