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La Route du Rock

Saint-Malo, du 17 au 20 août 2017

Live-report rédigé par François Freundlich le 23 août 2017

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L'anniversaire des 27 ans est toujours un passage compliqué dans le milieu du rock mais pour cette nouvelle édition, le festival malouin de La Route du Rock avait décidé de vaincre le signe indien, avant l'été indien et après une édition 2016 en demie-teinte. C'est donc affublé de ses plus beaux atours, avec des groupes plus attirants les uns que les autres, que notre festival préféré a remis le couvert, pour notre plus grand plaisir.

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L'échauffement commençait déjà le jeudi soir dans la salle de La Nouvelle Vague avec une soirée d'ouverture proposant trois formations de haute volée, parmi les plus en vue des musiques actuelles. C'est le crooner Australien Alex Cameron qui est chargé de lancer les hostilités, pas si hostiles que ça si l'on en croit son timbre de voix voilé et chaleureux. Son personnage de lover ex-loser nous prend par les sentiments, tentant de nous caresser le visage en nous embrassant sur le front. Il donnerait presque envie de se recoiffer les cheveux en arrière tout en pliant les genoux, à l'image de sa silhouette favorite. Ses mimiques chorégraphiées correspondent bien à un style musical comme on n'en fait plus, faisant renaître une certaine pop synthétique de variété 80's allant de Rod Stewart à Peter Gabriel. Un certain minimalisme instrumental est compensé par cette voix très mise en avant, à l'avant d'un saxophone qu'on reverra beaucoup pendant tout le festival (même sur les gobelets). On pense parfois à Bruce Springsteen dans ces longues étendues de guitares sortant dans un mid-tempo dansant. Alex Cameron nous laisse dans la surprise d'un show attachant et au second degré assumé. On attend impatiemment son album en septembre comprenant ce fameux duo avec Angel Olsen qui berce allègrement nos après-midi d'été.

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Le génial Andy Shauf continue la soirée avec sa folk enivrante à la douceur contemplative. Malgré sa mélancolie bucolique, un certain classicisme colore la musique du Canadien, puisque deux clarinettes hypnotiques accompagnent les guitares et l'orgue synthétique aux accents parfois psychédéliques. Il ressort une certaine perfection de la voix, à la croisée d'Elliott Smith et de Sean Lennon, transperçant le calme religieux d'un public très à l'écoute. A l'abri sous sa casquette et ses cheveux longs, Andy Shauf parvient tout de même à attirer tous les yeux sur lui avec son regard magnétisant chaque eye-contact. Les forêts perdues du Saskatchewan transparaissent de ses compositions d'une simplicité aveuglante, à l'image de la très belle Twist Your Ankle. On fredonne avec passion les paroles de Jenny Come Home de laquelle s'échappe cette introspection magique. Ces morceaux sonnent déjà comme des classiques immédiats, de l'un des meilleurs compositeurs de cette deuxième moitié de décennie. On ressort de ce cocon formé dans la chaleur de La Nouvelle Vague avec sérénité et un large sourire.

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La fin de soirée sera plus électrique avec le retour des Californiens de Allah-Las, dont on se rappelle encore le concert dantesque dans cette même salle à l'hiver 2015. Leurs blues rock sent bon le désert de Mojave, avec ces sonorités 60's et un psychédélisme à la cool. S'ils ne sont pas un cover-band des La's qui chanteraient en arabe, les Allah-Las sont comme Fonzie : des mecs cool, avec leurs guitares sonnant presque comme un sitar de George Harrison et leurs enchainements de tubes en puissance. Ils aiment également s'échanger le lead vocal en fonction des morceaux, perturbant l'observateur qui a pris son TGV très tôt pour pouvoir plonger dans la Manche avant le concert, mais qui maintenant ne sait plus vraiment ou donner de la tête. Il décidera simplement de la remuer de bas en haut, une attitude qui a fait ses preuves chez les plus cools d'entre nous. Malgré tout, la nonchalance et une certaine redondance finissent par se payer, Allah-Las parviennent à nous faire sortir de notre cool attitude pour finalement nous dire que leur dernier concert en date était bien plus addictif. Auraient-ils perdu de leur charme à toute épreuve en arrivant à maturité ? Peut-être. La folie juvénile de leur album Worship The Sun transparaît moins et nous laisse avec un sentiment d'inachevé. Ah la la...

Cette première soirée testostéronée a idéalement ouvert cette Route du Rock où tout amatrice ou amateur de beau-gossitude en marcel blanc, chemises à carreaux ou marinière aura forcément trouvé son compte avec Alex Cameron, Andy Shauf ou Allah-Las. Vite, la suite !

Photographies : © Nicolas Joubard
artistes
    Alex Cameron
    Andy Shauf
    Allah-Las