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Eurockéennes

Belfort, du 5 au 8 juillet 2018

Live-report rédigé par Rémy Poidevin le 2 août 2018

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Quatrième et dernier jour de cette 30ème édition des Eurockéennes de Belfort, les jambes sont un peu lourdes, les cernes bien marquées mais la motivation reste intacte. C'est sous un soleil de plomb que nous arrivons sur le site du Malsaucy avec au programme : crème solaire, eau, rock, grunge, blues et électro...


Dans un style différent d'Orelsan, Eddy de Pretto fait chapiteau comble en cette fin de journée dominicale. Beaucoup de jeunes et un public familial sont venus écouter les proses du gamin de Créteil. Ce n'est pas parce que ce n'est pas vulgaire et provocateur que ce n'est pas du rap pour autant. Son slam mélancolique et tendre touche celles et ceux qui ont aussi, comme Eddy, du mal à être bien dans leurs baskets, on l'est tous un peu à un moment ou un autre. Accompagné seulement de son batteur, le set est énergique avec des titres tels que Beaulieu, Random ou Kid.


Sous un soleil rasant à l'heure de l'apéro, la Loggia accueille Marlon Williams. Tout droit venu de Nouvelle-Zélande, il vient nous distiller un rock en mode crooner. Tout est beau chez ce jeune de 27 ans, son allure, sa voix avec laquelle il joue à merveille, sa virtuosité à la guitare et au piano et tout cela, il le pratique avec beaucoup d'humilité. Ajoutez à cela un groupe de qualité et tous les ingrédients sont réunis pour faire un des meilleurs concerts de ce cru 2018. On s'est délecté devant What's Chasing You en guise d'ouverture ainsi que Party Boy et sa rythmique électro, le son brut de Vampire Again, la balade Nobody Gets What They Want Anymore et la splendide reprise de Screamin' Jay Hawkins Portrait Of A Man en guise de final. L'apothéose de 45 minutes de pur bonheur.

Un festival a parfois des allures de montagnes russes avec ses beaux moments et ses déceptions mais aussi avec le mélange des styles. Nous rentrons dans cette deuxième catégorie lors de notre arrivée sur la Grande Scène avec le grunge des déjà bien tapé Alice In Chains pour leur premier passage aux Eurockéennes. La voix éraillée du chanteur et le son des guitares ne trompent pas et nous rappelle leur provenance... Seattle, berceau du mouvement. Ça sonne fort et juste, c'est puissant et émouvant à la fois, les amateurs ont apprécié. Petit regret sur quelques morceaux qui accusent un manque d'équilibre avec des guitares qui passent au-dessus de la voix du chanteur.


Les oreilles encore engourdies, on rejoint de nouveau la scène de la Loggia qui est bondée pour accueillir le duo garage/rock The Limiñanas. Accompagnés de quatre musiciens, ils nous mettent d'accord dès le début de leur set avec Ouverture morceau instrumental et progressif. Une prestation rythmée de bout en bout.


21h15 la montée de la grande scène abonde de monde, on se rue en masse pour voir, on l'espère, Liam Gallagher... Nous sommes taquins mais pour certains et certaines, Liam nous en doit une. Celles et ceux présents a Rock en Seine cette fin d'été 2009, n'ont pas encore digéré. Alors si son frère Noel a réussi la transition de l'après Oasis, la bonne fortune n'a pas été de même avec Liam. L'expérience Beady Eye a tourné court et il aura fallu attendre 2017 et l'album As You Were pour voir le phœnix renaître de ses cendres. Fer de lance de la Brit Pop dans les années 90, le cadet de la famille Gallagher nous gratifie d'un bon nombre de tubes de son ancien groupe et de titres de son album solo. Paré de son habituel parka, les mains dans le dos ou tenant des maracas et le corps penché en avant pour atteindre son micro la dégaine n'a pas changée. Rock'n'Roll Star lance les festivités d'un set cadencé. Si la qualité est de nouveau au rendez-vous on reprendra date pour ce qui est de la chaleur humaine. Les échanges sont brefs et abrupts et l'attitude un brin mégalo agace toujours autant. Les projections de gros plans concentrés sur son visage en rajoutent une couche. Alors on prend le bon et on oublie le reste, le bon c'est la musique d'hier avec Morning Glory, Some Might Say, Listen Up et l'enchaînement parfait de Whatever et Supersonic et celle d'aujourd'hui avec Wall Of Glass encore plus puissante que la version studio, For What It's Worth qui aurait pu figurer sur un album d'Oasis sans rougir ou You Better Run. Il nous quitte avec l'hymne Wonderwall repris en chœur par tous les festivaliers un beau moment de communion et une belle façon de clôturer ces retrouvailles réussies.


C'est flanqué d'une vielle casquette verte John Deere que le blues man Seasick Steve entre sous le Chapiteau Greenroom. On est serré comme des sardines ce qui illustre bien la notoriété du vieux briscard du Mississipi. Accompagné de son fidèle batteur aux allures de chamane et d'un autre guitariste, le trio va 1h15 durant nous faire visiter la planète blues rock. Chaque morceau obtient l'ovation du publique et c'est plus que mérité. Au-delà de la qualité du concert il faut souligner la bonne humeur et l'envie de partage communiquée. Un contraste saisissant après les échanges furtifs avec Liam. Sur un son vintage et on découvre ou redécouvre avec joie Shady Tree, We Hate The Winter, Can You Cook et le dantesque Thunderbird. Ces trois-là, on aimerait les entendre dans un vieux rade du Mississippi a siroter un bon bourbon jusqu'au bout de la nuit. Comme le suggère leur décor vielle chaise/vieil ampli c'est vintage et on adore. Un concert généreux pour clore sous le chapiteau.

Une impression de nager a contre sens nous envahit en cette fin de festival. Alors que tous s'affairent pour la grand-messe de Shaka Ponk nous préférons nous rendre une dernière fois sur le sable fin pour prendre part à un tout autre office : The Blaze.
Le duo français électro dont on attend le premier album pour septembre clôture cette dernière soirée sur la plage. Auteur d'un EP remarqué avec le superbe morceau Territory, les deux cousins n'en finissent plus d'épater les amateurs d'électro et ravivent le souvenir de la French Touch. Jusqu'à présent touchés par la grâce avec des morceaux à la production impeccable et des clips construits comme des court-métrages, c'est avec impatience que nous attendons leur passage en live.
Notre curiosité est piquée au vif avant même le début du set. Sur scène pas d'instruments ni de machines mais deux écrans placés de biais au centre. Les lumières s'éteignent et la performance, et le mot est juste, des deux frenchies est lancée. Sur les première notes de Prelude, les deux écrans commencent à s'animer, puis au bout de quelques minutes ils s'écartent pour laisser apparaître les deux producteurs qui jouent de profil face à face sur un fond rétroéclairé. La mise en scène dépasse nos attentes, le spectacle est saisissant et les titres s'enchaînent une heure durant. La plage oscille sur les beats de She, Virile, Juvenile ou Sparks & Ashes. Un régal pour les yeux et les oreilles et une apothéose pour terminer ces 30èmes Eurockéennes de Belfort.

On remercie l'organisation pour son accueil chaleureux et on se donne rendez-vous l'année prochaine pour partager encore de beaux moments sur la presqu'ile du Malsaucy. On a Hâte...
artistes
    LIAM GALLAGHER
    SHAKA PONK
    ALICE IN CHAINS
    LOMEPAL
    DEAD CROSS
    EDDY DE PRETTO
    6IX9INE
    MARLON WILLIAMS
    SEASICK STEVE
    THE BLAZE
    THE LIMIÑANAS
    ZEAL AND ARDOR
photos du festival