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Pitchfork Music Festival

Paris, du 1er au 3 novembre 2018

Live-report rédigé par Johan le 5 novembre 2018

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Pour sa huitième édition, la branche parisienne du Pitchfork Music Festival ne change pas une formule qui gagne et fonctionne à merveille depuis ses débuts. Après ses deux soirées Avant-Garde aux quatre coins de Bastille, le festival pose ses valises en ce début novembre dans l'espace de la Grande Halle de la Villette pour trois jours de musique bigarrée, tantôt étonnante, tantôt envoûtante, souvent enflammée.

A l’extérieur et entre les deux scènes, on peut y retrouver, comme à l'accoutumée, bon nombre de restaurateurs et de stands de créateurs en tout genre (mode, bijoux, tatouages) ainsi qu'un large stand de vinyles du disquaire Balades Sonores. Mais difficile de s'y attarder quand s'enchaînent les artistes, une scène après l'autre, et que la programmation est aussi intéressante.


On débute donc les hostilités en ce jeudi 1er novembre avec Yellow Days, projet mené par George van den Broek que l’on a déjà pu voir l’été dernier à Rock en Seine. Malgré une prestation relativement statique, le songwriter de 20 ans à peine convainc sans mal avec sa musique à la croisée de la soul et du blues et, surtout, sa voix de crooner fatigué malgré la jeunesse du monsieur.


C'est ensuite au tour de l'américain John Maus de prendre d'assaut l'autre scène avec son experimental synth-pop DIY avant-gardiste à la Ariel Pink – qui s’avère être un de ses vieux amis de classe. Malgré aucune interaction ni mot échangé avec le public, l'artiste enchante, que ce soit à travers ses compositions fascinantes (Maniac, Bennington, The Combine, Pets) que le personnage en lui-même, mouvant sur la scène et se frappant sans cesse le crâne avec son micro, à la fois possédé et dérangé.


Après la prestation d'un Etienne Daho toujours aussi en forme et plus rock que jamais, Julian Casablancas et ses Voidz pointent le bout de leurs instruments pour venir interpréter une petite moitié de leur second album Virtue. Casablancas reste fidèle à lui-même, perché, souriant et n'hésitant pas à déconner avec l'audience.
Malgré quelques soucis techniques en début de set et quelques ratés de par la posture je-m'en-foutiste que Casablancas se donne, la formation américaine met le feu comme jamais. Le seul véritable hic est, au final, la fumée qui obstrue un peu trop la vue, rendant bien souvent indiscernables les musiciens présents sur scène...

Après des M.utually A.ssured D.estruction, Leave It in My Dreams et ALieNNatioN hallucinés, c’est finalement sur le single du premier album Tyranny, Where No Eagles Fly, que le public va se déchaîner. S’ensuivront le somptueux Permanent High School, l’expérimentation jouissive Dare I Care sur laquelle Casablancas se lâche complètement ou encore le mélancolique Pointlessness qui fait encore plus l’effet « trois chansons en une » sur scène.
On a droit en conclusion à un Pyramid Of Bones qui fait sauter la fosse d'un seul homme, peut-être leur titre le plus hardcore, ce qui se ressent ici fortement, entre les riffs de guitares lourds, les coups de batterie imposants marqués par les éclairages ainsi que les hurlements de Casablancas que l’on n'imaginait pas possibles en live.


Mac DeMarco vient conclure cette soirée de bien belle manière, tout en sérénité et bienveillance. Le canadien parvient à partager sa bonne humeur communicative dans toute la salle, égrenant sa pop folk entraînante sur pas moins de dix-huit titres en l'espace d'une heure. Piochant parmi ses quelques albums, épaulé de son groupe – et accompagné de spectateurs en train de boire sur scène –, l'artiste nous aura interprété des Salad Days, Ode to Viceroy et autre One More Love Song à la fois mélodiques et dansants.
On a également droit à un vieux Rock and Roll Night Club sauvage, un My Old Man au refrain repris en chœur par l'assistance et, bien sûr, le sublime Chamber Of Reflection. Le groupe conclut sur des covers enflammées des Misfits puis sur le classique Still Together, tout en portant, torse nu, un enfant de onze ans sur les épaules – normal –, visiblement le fan numéro un de DeMarco, suivi de près par une bonne partie de la Grande Halle au vu des sourires dessinés sur les visages une fois le concert et cette première journée déjà terminés.
artistes
    New Optimism
    Cola Boyy
    Rolling Blackouts Coastal Fever
    Yellow Days
    John Maus
    Etienne Daho
    The Voidz
    Mac DeMarco
photos du festival