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Pitchfork Music Festival

Paris, du 1er au 3 novembre 2018

Live-report rédigé par Johan le 6 novembre 2018

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vendredi 2
Vendredi 2 novembre, second jour pour le Pitchfork Music Festival à Paris. A peine entré dans la Grande Halle de la Villette que Dream Wife font aussitôt parler l'électricité.


La formation londonienne clairement s'amuse ce soir-là, portée par une Rakel Mjöll débordante d'énergie qui s'empare de la scène et danse avec ses comparses bassiste et guitariste tout du long. Dès Hey Heartbreaker, le quatuor dégage une énergie et une fraîcheur rock, tout en désinvolture et riffs débridés.
Le groupe n'est pas avare en tubes imparables, que ce soit Lolita, Fire ou encore Somebody – aussi nommée « a big fuck you to gender norms » comme l'introduit la chanteuse ! La présence de cette dernière y est pour beaucoup dans le plaisir procuré à assister à la performance, mettant le feu et jouant avec sa voix, passant des graves aux aigus, du phrasé hip-hop aux cris déjantés d'un titre à l'autre, à son apogée sur leurs deux brûlot punk F.U.U. et Let's Make Out.


S'ensuit le jeune français de Lewis OfMan, projet d'électro pop qui, dès les premières notes, fait danser les premiers rangs. Le musicien n'hésite pas à poser sa voix sur une bonne moitié de ses compositions, ainsi qu'inviter la chanteuse Milena Leblanc sur deux d'entre elles, pour une atmosphère dès lors plus mélancolique.


Will Toledo, AKA Car Seat Headrest, débarque ensuite avec son groupe pour une performance fidèle à lui-même, à la fois honnête et décontractée, malmenant ses compositions et sa voix délicieusement adolescente.
La formation américaine alterne entre morceaux tirés de son dernier album et de son « tout dernier », la troisième réédition de Twin Fantasy étant parue il y a peu. Toujours aussi fascinant, le jeune artiste, tout de noir vêtu, délivre ses danses statiques derrière son micro, sa longue frange brune dissimulant la quasi-totalité de son visage. Seule sa voix poignante, qu'elle soit apaisante comme énervée, se détache.
Les musiciens délivrent un set sauvage, s'affairant aux chœurs sur Bodys, America (Never Been) ou encore Drunk Drivers/Killer Whales. C'est bien évidemment sur cette dernière que le groupe déchaîne les foules, débutant sur une pop douce-amère avant de conclure sur son refrain passionné, repris en chœur dans la Grande Halle de la Villette, puis les cris affolants de Toledo qui viennent introduire deux de ses compositions tout aussi ambitieuses, Destroyed By Hippie Powers et l'intense Beach Life-in-Death, terminant un show court mais véritablement intense que la fosse aura pu grandement apprécier.


Les deux compères de Chromeo font ensuite parler les instruments, à commencer par une petite intro électro-rock qui met d'entrée le ton. Le funk du duo canadien se fait encore plus euphorisant en live, entre Come Alive et Don't Sleep qui viennent transformer la Grande Halle en discothèque des années 80, le Ratatat-like à la sauce clubbing Bonafied Lovin' ainsi que Night By Night et son refrain que tout le monde reprend.


Après que les français de Bagarre ont enflammé la Villette durant un set bien bordélique, CHVRCHES s'emparent de la seconde scène pour y égrener une électro pop subtile et enivrante, à commencer par Get Out. Le dansant Bury It fait plus loin chavirer la salle, la majestueuse Lauren Mayberry y apposant sa voix cristalline tout en s'appropriant l'espace, y dansant de part en part pendant que les synthés se répercutent sur les murs.
La formation de Glasgow interprète une bonne partie de ses meilleures compositions, entre un Graffiti à la pop invincible, Clearest Blue et son électro énervé ainsi que les épiques pop songs Miracle et Recover qui à elles seules mériteraient de remplir des Zénith entiers. « Those songs are sad but you can dance », résume la chanteuse en préambule de Leave A Trace.
Le concert se conclut sur la pop délicate de The Mother We Share qui, sur scène, dévoile en effet une facette plus dansante, puis sur une Never Say Die durant laquelle la chanteuse se voit habitée, prenant d'assaut la scène et communiquant son énergie et ses émotions à un public pendu à ses moindres faits et gestes.


Il revient à Dev Hynes, AKA Lightspeed Champion, AKA Blood Orange, de conclure cette seconde journée du Pitchfork Music Festival. L'artiste fait la part belle à son dernier album, Negro Swan, sans pour autant oublier ses précédents, en faisant le plein d'invités tels que Eva Tolkin et Ian Isiah sur Holy Will ou encore Nappy Wonder.
Le groupe débute les hostilités sur le R'n'B de Saint et Augustine, où soul et jazz viennent se mélanger via les différents musiciens présents sur scène. Tout au long d'un set carré, Dev Hynes y démontrera tous ses talents de vocaliste mais aussi de guitariste, à l'image de Charcoal Baby ainsi que Jewelry. Le songwriter va même se mettre au piano sur un Best To You débridé et l'affolant It Is What It Is de fin.

Rien à dire : Dev Hynes ne démérite pas son succès.
artistes
    Boy Pablo
    Tirzah
    Dream Wife
    Lewis OfMan
    Car Seat Headrest
    Chromeo
    Bagarre
    CHVRCHES
    Blood Orange
    Kaytranada
photos du festival