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Pointu Festival

Six-Fours-les-Plages, du 5 au 7 juillet 2019

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 15 juillet 2019

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vendredi 5
Drôle de pays. Alors que la loi littoral impose la destruction de cahutes, cabanons et autres restaurants de plage plus ou moins légaux, alors que la France entière se "muséifie" (le pays est devenu un Parc Régional global qu'on ne pourra bientôt qu'observer à la jumelle), l'île du Gaou située dans le département du Var (rattachée à celles des Embiez), havre de préservation environnementale par excellence, accueille le Pointu Festival, héritier du festival des Voix du Gaou qui officiait sur la même zone entre 1997 et 2015. Une situation géographique exceptionnelle qui va plonger chacun des 17 000 festivaliers du week-end dans le l'azur de la Méditerranée et dans les senteurs d'une des plus belle pinèdes de la Région Sud.

Avec trois soirées de festival gratuites (même si des pass sont proposés pour soutenir l'organisation, et en guise de coupe-file), le Pointu Festival réussit le tour de force de réunir des têtes d'affiche comme Hot Chip, Fat White Family ou encore Mogwai.


L'ouverture du festival est réalisée par The Japanese House, groupe indie pop anglais originaire du Buckinghamshire et mené par l'artiste solo Amber Bain. Encore une artiste qui tente de rénover la maison de la folktronica et de la dream pop en arborant des tenues woodstockienne (version 2019) et une nonchalance très empruntée. L'occasion d'aller patienter sous la fraiche pinède de la zone « chill out » animée par un DJ local, une bière à la main...


20h40. L'astre solaire réduit enfin sa morsure et l'Australienne Julia Jacklin entre en scène. La country alternative (cela existe donc) que l'artiste propose berce d'une langueur presque monotone la foule encore peu nombreuse, éparpillée sur tout le site qui comprend des zones de restauration, bars, chill-out et quelques espaces culturels disposés en bord de lagune... Julia Jacklin chante ses chagrins au fil d'une setlist de neuf titres (dont un très beau Body), d'une voix épurée et dans la pure tradition folk. Un chagrin que nous aiderons à noyer dans la bière.


La nuit tombe enfin quand Slaves déboulent pour sauver le Pointu Festival de la submersion mélancolique. Il est l'heure d'éteindre les spliffs et d'aller se faire couper les cheveux (un coiffeur officie à l'espace chill-out) pour avoir les idées un peu plus longues... Le convoi exceptionnel que forme les deux semi-remorques anglais, Laurie Vincent à la guitare et Isaac Holman aux percussions, ne va pas faire dans la dentelle. Ils vont propulser le troisième étage du Pointu Festival à sa vitesse de croisière, sur une orbite instable.
D'année en année, Laurie s'affirme comme lead guitar et Isaac comme bête de scène. Pour celle et ceux venus en voisins (quelques parents inconscients sont venus se promener avec poussettes et enfants en bas âge), la surprise est totale et la gifle cinglante. The Lives They Wish They Had démarre sur un « Oï » qui déclenche les premiers pogo. Une énergie salvatrice envahit l'île du Gaou quand retentissent les titres Socket et Where's Your Car Debbie?. Une séance d'aéropunk torride pour plusieurs centaines de participants volontaires qui s'achèvera sur le crasse The Hunter et ses riffs écrasant.


Virage à 180 degrés. A l'antithèse du minimalisme sonore et scénique des Slaves, Hot Chip, la bande de geeks d'Alexis Taylor, dévoile son barnum électro-chic composé de panneaux led et de tenues de « fête chez Eddy Barclay » en conclusion de cette première soirée du Pointu Festival. Une vague de fraicheur très bienvenue inonde le public sous les coups de 23h30 quand Hot Chip entament Huarache Lights suivi du hit One Night Stand joués sur une chorégraphie affutée. Les festivaliers se retrouvent transportés quelque part entre Ibiza et Saint-Tropez.
La synthpop binaire et ondoyante proposée par les londoniens défend avec brio leur septième album nommé A Bath Full Of Ecstasy (le bien nommé) et va faire remuer l'île du Gaou jusqu'à tard dans la soirée. Un set d'une heure auquel ne manquera que la formidable cover de Bruce Springteen, Dancing In The Dark, et qui rappellera à toutes et à tous l'étendue du talent du français Philippe Zdar (co-producteur de leur nouvel album) disparu bien trop tôt en juin dernier.
artistes
    The Japanese House
    Julia Jacklin
    Slaves
    Hot Chip