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Pointu Festival

Six-Fours-les-Plages, du 5 au 7 juillet 2019

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 18 juillet 2019

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samedi 6
La foule est sensiblement plus nombreuse en ce samedi 6 juillet. Gratuit et idéalement positionné, le Pointu Festival attire à lui les locaux mais également les touristes en visite à Six-Fours-les-Plages ou Sanary-sur-Mer. De nombreux anglais, notamment qui ont peine à croire que les Fat White Family, Slaves ou Hot Chip jouent sur la plage d'à coté leurs campings...


Penelope Isles, dont le premier album Until The Tide Creeps In est sorti ce mois-ci sur Bella Union, réunissent notamment Jack et Lily Wolter, frère et sœur originaires de Brighton. Dans des tenues de millénials nihilistes (dans un anti-style total et assumé donc) Penelope Isles, post-adolescents protégés de Simon Raymonde, orchestrent joliment l'apéro sous une symphonie électrique égayée de quelques riffs et rythmiques issus de la pop et surf musique des sixties.


Avec Steve Gunn, c'est une toute autre maturité musicale qui s'impose sur la scène du Pointu Festival. Ce quadra américain, ex-membre de The War On Drugs et actuel guitariste de Kurt Vile & The Violators, porte beau et assure un folk rock plus engagé que rêveur en maîtrisant parfaitement des arpèges délicats. Un musicien, au sens le plus artistique du terme.


Parmi les têtes d'affiche promises au Pointu Festival, The Twilight Sad ont attiré à eux nombre d'aficionados. Réputés comme les dignes héritiers de la new wave, version The Cure pour les quadras (avec qui ils tournent depuis 2016) ou We Were Promised Jetpack pour la génération Y, les cinq écossais menés par le charismatique James Graham attirent à eux les corbeaux de l'été. Avec une tristesse contemporaine que confirment des titres comme [10 Good Reasons for Modern Drugs] ou And She Would Darken The Memory, tout au long d'une setlist de neuf titres les anglais originaires de Kilsyth défendent un cinquième album sorti en janvier 2019 et intitulé It Won/t Be Like This All the Time. Les postures de James Graham, qui ne sont pas sans rappeler celles d'un Jim Kerr aux débuts de Simple Minds ou les riffs invitant à la noirceur du guitariste Andy MacFarlane redonnent à la new wave un coup de brosse à reluire, mais sans jamais parvenir à la réinventer. D'eux, Robert Smith dit qu'il est « le meilleur groupe, avec les meilleures chansons, toujours brillant, intense et inspirant ». Après une citation de Robert Smith, le silence qui suit est encore de Robert Smith...


Aux dernières nouvelles, les Fat White Family sont sobres. Finies les drogues (dures), les beuveries incontrôlées d'avant (et d'après) scène et un certain prosélytisme provocateur qui, disons-le, collait parfaitement à leur image de néo-punks fouteurs de merde et à leur style musical parfois chaotique, mais tellement enivrant dans ses envolés psychotiques délirantes. Avec la sortie de leur troisième album, Serfs Up!, en avril dernier, l'équipée sauvage de Lias Saoudi entend remettre du sérieux et de la tenue dans la créativité, là où l'improvisation butor, pour ne pas dire barbare, l'emportait parfois dans des live qui resteront comme des modèles du genre.
C'est donc un Lias Saoudi abstinent (mais une bouteille de bière à la main et fumant clope sur clope) qui entre sur scène à 23h20 sous la joie, non dissimulée d'un public bien plus nombreux que la veille. Venus rendre hommage à un des groupes majeurs de ces dernières années pour les plus connaisseurs ou venus découvrir qui se cache derrière le sobriquet et la réputation sulfureuse de ces Fat White Family qu'on dit irrévérencieux, performeurs et sauvages sur scène pour les profanes, les attitudes inapprivoisables de Lias Saoudi ne tardent pas à déclencher chez toutes et tous des mouvements de foule que certains qualifieront de pogo. Quant aux crowd surfings, terminant la plupart du temps les dents dans la poussière de la pinède, ils viennent honorer les très belles interprétations de I Am Mark E Smith, Touch The Leather ou The Whitest Boy On The Beach. Si Serfs Up!, dernière galette en date du groupe, a pu dérouter le fan de la première heure à son écoute, il faut reconnaître qu'une fois les fauves lâchés sur scène, des titres récents comme Hits Hits Hits ou Feet prennent une autre dimension.

A l'aube d'une dernière soirée à laquelle nous ne pourrons assister, applaudissements pour la Région Sud/Paca, le département du Var et la mairie de Six-Fours-les-Plages pour avoir autorisé un festival de musique, pas toujours populaire dans un lieu aussi enchanteur, malgré les difficultés administratives et les opposants en tout genre que l'organisation a du affronter et qui ont la condamnation facile, sur l'autel d'un conservatisme en vogue qui confine souvent au rétrograde.
artistes
    Penelope Isles
    Steve Gunn
    The Twilight Sad
    Fat White Family