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Rock en Seine

Paris, du 25 au 28 août 2022

Live-report rédigé par Fab le 28 août 2022

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Après deux premières journées ayant fait la part-belle au rock, le festival Rock en Seine opère en ce samedi 27 août sa mutation pour nous proposer une programmation dans l'air du temps et laissant une plus grande place à la musique électronique.


Avec désormais pas moins de six albums au compteur, dont le récent Ugly Season disponible depuis quelques semaines seulement, Mike Hadreas alias Perfume Genius ouvre les hostilités sur la scène de la Cascade beignée dans un soleil radieux. Minimalistes et plutôt intimistes il y a quelques années encore, les prestations de l'américain ont évolué en même temps que son géniteur. Accompagné désormais d'un groupe au complet, celui-ci a trouvé avec la scène un terrain de jeu où exprimer toutes ses aptitudes. En mouvement constant et microphone en main, entre dance chaloupées et arabesques corporelles, celui-ci déclame ses textes avec assurance sur une pop à la fois synthétique et organique. Les rythmes sont envoûtants et dansants, et si l'assistance semble pour beaucoup le découvrir à l'occasion de ce concert, la qualité de la prestation lui permet de s'attacher la sympathie du plus grand nombre. Une belle mise en bouche en ce début d'après-midi.


Voguant sur la vague de la nouvelle scène féminine outre-Atlantique aux cotés notamment de ses camarades au sein de Boygenius, Julien Baker et Phoebe Bridgers, Lucy Dacus se voit propulsée aujourd'hui sur la Grande Scène du festival. Un défi pour une musicienne se faisant encore rare en France, quand bien même son récent album Home Video rencontre depuis quelques mois un succès certain. Désormais moins folk mais assurément plus rock, l'univers de la musicienne se prête parfaitement à l'exercice du jour, le public nombreux ayant tranquillement pris place face à elle prenant un plaisir certain à suivre sa prestation d'une quarantaine minutes parsemées de touchantes tentatives d'échange dans la langue de Molière. Temps forts de sa prestation, le single Hot & Heavy semble reconnu par une partie de la fosse, tandis que le Believe de Cher se voit réapproprié dans une superbe version logiquement plus dépouillée que l'originale. Une prestation touchante et rythmée que beaucoup retiendront sans doute comme une belle découverte.

Touche-à-tout en tant que musicien ou producteur, du jazz au hip-hop en passant par la soul, Robert Glasper possède déjà une copieuse discographie en solo tout comme une impressionnante liste de collaborations en tous genres avec Mac Miller, Anderson .Paak, BanksKendrick Lamar ou Denzel Curry pour ne lister que les plus connus. Sur scène, installé derrière ses claviers et accompagné par trois musiciens, l'américain ne laisse aucun doute quant à la nature de sa prestation : il sera bel et bien question aujourd'hui de jazz. Si le genre n'est que très ponctuellement représenté sur les plaines du Parc de Saint-Cloud, le public avide de nouvelles expériences prend un plaisir certain à le découvrir, quand bien même le manque de diversité dans les interprétations du jour semble finir par en lasser ou rebuter la frange la plus jeune du public, notamment en raison d'une certaine froideur que l'on préférera interpréter par une recherche de concentration.


Une petite heure plus tard, nous voici de retour à la Scène de la Cascade pour la prestation de Lewis Ofman. A la sobriété scénique succède l’exubérance, avec une imposante installation de couleur blanche entourant le musicien installé derrière ses claviers en plein centre, accompagné en arrière-plan de l'inscription Sonic Poems faisant référence à son premier album. Indéniablement rythmé, la musique du jeune français oscille entre électronique et pop synthétique avec pour seul objectif de faire danser le plus grand nombre. Si les ficelles sont parfois un peu grosses et le sentiment de répétitivité de plus en plus marqué au fil des titres, la prestation constitue une mise-en-bouche somme toute agréable en vue des apparitions plus tard dans la journées des poids lourds que sont Jamie xx ou The Blaze.


Déjà aperçus à plusieurs reprises à Rock en Seine, La Femme se voient aujourd'hui offrir les honneurs de la Grande Scène alors que leur nouvel album Teatro Lucido est attendu cet automne. Les insaisissables français vont une fois encore être fidèles à leur réputation, proposant une prestation débridée et décousue, oscillant entre surf music, pop rétro, post-punk et musique yéyé alors que les nombreux musiciens présents sur scène s'interchangent au fil des titres. Tous affublés de costumes noirs et blancs lors de leur montée sur scène, la plupart des musiciens s'affranchissent au fil des titres de leur attirail au fil de leur pérégrinations sur scène ou au plus près du public pour les plus agitateurs d'entre eux. Si tous les titres ne rencontrent pas le même succès auprès du public présent en fasse face à eux, notamment en raison d'une acoustique inégale, Foutre Le Bordel ou Sur La Planche restent des classiques de leur répertoire et ne manquent pas de faire bouger le plus grand nombre. A défaut de convaincre du début à la fin, La Femme auront prouvé aujourd'hui qu'ils avaient les épaules suffisamment large pour l'exercice de la scène principale d'un festival de cette taille.


Il n'est que 21h lorsque Jamie xx est appelé à leur succéder. Quelques années après s'y être produit en tête d'affiche au sein de The xx, l'anglais se voit offrir ce soir la possibilité de présenter son propre répertoire puisant dans bien des courants de la scène électronique contemporaine, de la house du dubstep en passant par la pop ou le UK garage. Alternant titres de son répertoires avec versions retravaillées d'autres artistes, The xx ou Oliver Sim en tête, le musicien ne ménage pas ses efforts ni l'énergie déployée pour faire danser la foule, mais il s'avère rapidement que ce la prestation du soir touche en réalité plus au DJ set qu'à une réelle performance scénique. Le public ne s'en laisse toutefois pas compter, la nuit tombante permettant aux plus récalcitrants de se laisser emporter au son des lourdes basses alors que les différents géants diffusent tout au long du set des images des plus éléments les plus remuants du public en guise d'accompagnement.


Précédés par leur réputation, The Blaze ont attiré ce soir une foule compacte et massive sur une scène de la Cascade que l'on avait rarement vue aussi submergée. Quatre années après la sortie de leur premier album Dancehall, et alors que son successeur se fait toujours attendre malgré la publication récente de l'inédit EYES, les deux français vont livrer durant plus d'une heure l'une des prestations les plus mémorables de cette édition 2022. Dissimulés durant l'intégralité du titre d'ouverture Heaven derrière un ensemble de cinq écrans, The Blaze font ainsi monter la pression durant ces premières minutes avant de daigner se montrer à l'issue de cette introduction. Proposant un spectacle visuel impressionnant avec des écrans coulissant ou pivotant en fonction des images utilisées, entre simples visuels ou vidéo clips plus élaborés, le concert du soir est un sans-faute d'une heure confirmant le duo comme l'un des plus doués de la scène électronique française actuelle. Le public ne s'y trompe pas et se meut sans discontinuer au son des boucles, notes de piano utilisées en abondance et des deux voix le plus souvent entremêlées. Une prestation marquante que l'on aurait aisément imaginée en lieu et place de celle de Jamie xx sur la Grande Scène un peu plus tôt dans la soirée.


Quelque peu oublié tout au long de la journée, le rock retrouve son statut avec Tame Impala et leur impressionnante mise en scène pour clôturer une journée inégale, alors que le lendemain s'annonce sous des auspices plus urbains avec une programmation entre pop, soul et R'n'B avant le grande retour de Stromae en guise de clôture.
artistes
    TAME IMPALA
    THE BLAZE
    JAMIE XX
    LA FEMME
    IZIA
    CRYSTAL MURRAY
    LALA&CE
    PERFUME GENIUS
    NOVEMBER ULTRA
    MALIK DJOUDI
    LEWIS OFMAN
    WALTER ASTRAL
    LUCY DACUS
    KIDS RETURN
    BRYAN’S MAGIC TEARS
    MR.GISCARD
    HEY DJAN
    ROBERT GLASPER
    ORACLE SISTERS
    LULU VAN TRAPP
    LENA MAEGDEN
    GOING FORWARD
photos du festival