Le Beau Week-End continue en ce samedi qui explose tous nos records de températures atteintes lors d'un festival. Le dérèglement climatique s'invite donc comme guest star pour cette seconde journée, l'arrivée vers 18h30 sur le site sous un sympathique 39 degrés prévoyant une soirée intense en tous points.

Mais pas le temps de se plaindre, notre premier rendez-vous nous attend à la scène Flamingo pour découvrir
Zyad Al Samman, artiste d'origine syrienne installé à Londres, qui nous propose une disco pop aussi flamboyante que sa chemise rouge bouffante. Accompagné d'un guitariste, armé de ses deux synthétiseurs, Zyad entame la soirée sous le signe de la danse et sera ainsi le premier à faire se soulever les nuages de poussières qui nous feront moucher gris durant les quelques jours à venir. Ce dernier réussit à faire se lever de leurs transats les spectateurs les plus avachis pour s'adonner à une chorégraphie très incertaine mais hyper drôle, proposant le premier coup de boost de cette seconde soirée.

La chaleur nîmoise, nous avons appris à la dompter durant tout l'après-midi, nous baladant autour des arènes et de la maison carrée, vestiges romains et appeaux à verres de Costières de Nîmes et autres glaces artisanales. Cependant, l'appel de la climatisation étant la plus forte, nous pénétrons pour la première fois de ce samedi dans la grande salle du Paloma, pour rencontrer
Wasia Project. Il s'agit ici d'un duo composé de William et Olivia Hardy, en provenance de Londres. Dans la grande salle sombre, accompagnée d'un batteur et d'un bassiste, la fratrie Hardy nous propose une pop très douce, aux forts accents soft jazz, notamment grâce au jeu de piano très élégant de William. Un mélange des genres qui met en avant la belle voix veloutée d'Olivia, et qui nous évoque un peu le chant puissant d'Anouchka de Honeyglaze. Leur premier EP
Isotope sorti en 2024 révèle un univers très féérique, flirtant avec une dream pop dont doivent être friands les plus jeunes fans de William, ce dernier se révélant également être acteur, officiant notamment dans la série Netflix Heartstopper, qui a d'ailleurs utilisé leur single
Ur So Pretty en guise de générique de fin de sa saison 2. La musique du duo, tantôt douce et subtile, tantôt plus grandiloquente, se révèle être très cinématographique, et l'ambiance classieuse dégagée sur scène nous propose entre deux séances de sauna étouffantes à l'extérieur une pause enchantée.
Le Gard, terre de contrastes : retour sous la fournaise nîmoise pour découvrir sur la scène Flamingo
Almost Monday, trio originaire de San Diego, Californie. On passe donc de chemises blanches parfaitement repassées à pantalons baggies et Vans quadrillées avec ce trio de power pop qui transpire (littéralement) les sorties de bahuts et les fêtes sur la plage. Composé de Dawson Daugherty, Luke Fabry et Cole Clisby, leur pop incendiaire sied parfaitement au climat du site, et Dawson le chanteur guitariste, avec son look de beau gosse de Terminale L, sait attirer à lui toutes les attentions. Rien de nouveau au soleil de Californie, leur rock calibré pour les radios de campus n'a d'autre fonction que de faire sauter sur place les festivaliers, largement biberonnés aux Killers ou Arctic Monkeys, avec ce style très coloré que l'on retrouve notamment chez Circa Waves ou Cassia. Leur single
she likes sport passant en boucle sur les ondes FM, le groupe se prépare probablement à envahir les playlists des kids cet été et à revenir conquérir les salles parisiennes malgré des débuts un peu passés inaperçus, notamment au Supersonic Records de la Bastille ou à la Maroquinerie en mars dernier.
La climatisation étant définitivement notre meilleure amie ce samedi, retour dans la grande salle du Paloma pour de nouveau migrer vers un style complètement diffèrent. Nous retrouvons avec beaucoup de plaisir le duo
MRCY, aperçu l'été dernier au End Of The Road Festival et qui nous avait alors séduit avec sa soul contemporaine. Le groupe a sorti un second disque en mai dernier,
VOLUME II, qui creuse le sillon de cette musique soul chaude et envoutante, à l'image de leur premier opus. Sur scène, Kojo Degraft-Johnson et Barney Lister sont accompagnés d'un batteur, d'un claviériste et d'un guitariste / saxophoniste / violoncelliste à moustache, ce qui rajoute la petite touche de classe en plus. Les deux anglais savent qu'ils se présentent devant un public en majorité néophyte, c'est donc avec beaucoup d'entrain que le concert va se dérouler, avec la setlist qui se balade entre les deux disques, mettant en avant les meilleurs singles comme cette ouverture avec
Wandering Attention, suivi un peu plus loin du très sexy
Angels et du magnifique
Sierra. Le chant de Kojo réussit à hypnotiser tous les présents, et une annulation de dernière minute permet ainsi à MRCY d'occuper seuls leur créneau et de faire salle archi-comble. L'afro beat de
Man réussissent à faire danser les festivaliers et le final sur
Days Like This, qui prend des tournures presque gospel, terminent de rallier à la cause du groupe l'intégralité des présents. Ce concert de MRCY remporte la palme du meilleur du jour, et il nous tarde de retrouver à nouveau le groupe dans la capitale au mois de novembre.
C'est la pause méritée entre deux concerts, où nous passons au stand buvette, en profitons pour saluer de nouveaux copains fidèles lecteurs de Sound Of Violence, ce qui nous ravit encore plus, puis direction la scène Flamingo pour entamer le plat de résistance avec
DITZ. Le groupe mené par Callum Francis, alors tout juste sorti d'une petite baignade improvisée dans le lac d'Angers la veille au Lévitation, se présente à nous sans algues sur la tête mais tout aussi remonté pour mettre le feu au Beau Week-End. Comme à l'accoutumée avec DITZ, c'est Callum qui fait le show, se jetant dès le premier titre dans la foule, escaladant les structures pour observer de haut ses fans, et toujours prêt à déclencher les circle pits, un set de DITZ sans perdre une côte ou une dent n'étant pas envisageable. La prestation est à la hauteur de la réputation du groupe de Brighton, et le sauna dans lequel baigne le festival pourtant des plus assommant n'empêchera pas le public de communier au son de leur post punk très caverneux. Une intensité qui nous fera nous ranger très prudemment à distance, observant alors le joyeux chaos qui laissera les survivants totalement rincés mais comblés, avec en prime Callum qui se tiendra à la fin du show au stand de merchandising durant deux bonnes heures pour rencontrer ses fans.

Et maintenant que la nuit est bien tombée, il n'est plus questions de se terrer sous une climatisation artificielle. Nous restons donc à l'extérieur pour découvrir sur la petite scène Mosquito les australiens de
Party Dozen. Il s'agit ici d'un duo composé de Kirsty Tickle et de Jonathan Boulet, l'une au saxophone et l'autre à la batterie. Nous assistons de façon très surprenante à un show qui n'aura rien de jazzy, avec une bande son tonitruante, le jeu de saxophone de Kirsty s'apparentant à s'y méprendre à une guitare hurlante. Un concept qui nous est bien étranger, et un concert où Kirsty hurlera de tout son saoul dans son saxo qu'elle utilise comme un microphone, qui harangue la foule à ses pieds et qui reprendra même le
Ghost Rider de Suicide d'une façon très efficace. Nous ne sommes décidément jamais déçus avec les cousins d'Australie, et ce set improbable sur le papier nous a pleinement convaincus.

C'est donc la dernière ligne droite que nous entamons, et notre tête d'affiche de la soirée nous vient d'Allemagne. C'est une première entre votre chroniqueuse et
Kadavar, groupe de hard rock berlinois très empreint de ce que le style pouvait donner de mieux dans les années 70. Ce qui marque en premier lors d'une rencontre avec Kadavar, ce sont les looks qui proposent un mélange entre Bee Gees et Led Zeppelin. Mais il ne faut surtout pas s'arrêter là, car ce qui fait la force de Kadavar est bien ce son parfaitement maîtrisé inspiré des plus grandes références hard rock. Oscillant entre rétro et modernité, flirtant avec une certaine nostalgie mais en distillant dans leur musique une puissance que tous les post-punkeurs du moment gagneraient à étudier, le groupe remet au goût du jour l'art du hard rock FM sans jamais tomber dans les travers folkloriques et souvent moqués de ce dernier. L'extrême précision de l'interprétation permet aux fans comme aux plus amateurs de rentrer automatiquement dans cette grande messe où le headbang est roi, donnant au Beau Week-End des allures de Hellfest sans la tonne de fioritures excentriques que peu drainer le mastodonte nantais de nos jours. Kadavar nous offre l'ultime dose de guitares hurlantes pour nous faire quitter les lieux sans plus une goutte de carburant, si ce n'est les toutes dernières qui nous permettent de retrouver notre chambre climatisée et notre douche, et nous évitant ainsi la coupure de courant qui a retardé la tenue des tous derniers concerts.
Le retour du festival This Is Not A Love Song est une réussite. En misant sur un format plus restreint, c'est aussi un contrat de confiance entre les festivaliers fidèles des premières éditions qui s'est signé, la majorité des présents ayant dès la mise en vente des blind pass démontré leur loyauté à ce rendez-vous qui nous avait cruellement manqué, à l'heure où la musique rock devient l'exception à la règle dans les festivals. Nous validons ainsi le retour en grâce du This Is Not A Love Song, qui a su raviver la flamme chez les amateurs de rock curieux et adeptes des évènements à taille humaine, construits de toute part par des passionnés, en plus dans une région magnifique où l'accueil y est toujours plus que chaleureux. Une réussite et un rendez-vous, nous l'espérons, déjà fixé pour 2026.