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Loyle Carner

Paris, Zénith - 24 octobre 2025

Live-report par Adonis Didier

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Loyle Carner, le petit prince du hip-hop soul londonien, revient poser ses valises et son flow pour un soir à Paris, et pour la première fois au Zénith. Un Zénith pas extrêmement rempli qui laisse à dire que même si l'anglais est plein de talent, il lui reste encore à gagner une fanbase dans l'hexagone, et ça commence ce soir.

Pour celui venu présenter son nouvel album hopefully!, le concert se lance doucement dans l'ambiance de l'opus, guitares douces et phrasé tranquille sur in my mind et all i need, accompagné par le groupe au complet qui a écrit et enregistré l'album. Un guitariste, un bassiste, un batteur, un claviériste et un homme à tout faire, Loyle est bien entouré du sol au plafond, ce plafond rajouté et blindé de spots pour tenter de rendre la grande scène du Zénith un tant soit peu plus conviviale, chaleureuse et familiale. Les musiciens forment un cercle sur plusieurs étages au milieu duquel Loyle Carner assure en maître de cérémonie rayonnant, Ain't Nothing Changed nous le fait dire encore une fois, rien n'a changé et le bonhomme est toujours au sommet de son art.

La foule a les mains en l'air, les classique Yesterday et Damselfly font merveille, toute la fosse chante le refrain avant que le guitariste de Loyle ne se prenne pour Tom Misch et fasse encore pousser quelques cris. Tout le monde est chaud, Loyle remercie ses deux enfants et sa femme avant Homerton, première incursion du génial avant-dernier album hugo, ses enfants qui étaient passés le voir en tournée sur les derniers jours et qui lui manquent beaucoup. La chanson se termine au piano solo soutenue par les claps du public, puis enchaînement direct sur Nobody Knows (Ladas Road), tout le monde devient fou, cette chanson est bien l'une des meilleures de tout son répertoire, et Loyle finit la tête dans sa casquette pour cacher les premières larmes de la soirée. Mais pas les dernières, car le public réserve une petite surprise au kid de South London sur lyin, toutes les lumières des téléphones qui illuminent le grand hangar et un refrain chanté en chœur, c'en est trop pour la réserve de Loyle qui part serrer ses potes dans ses bras pendant que le flot des pleurs commence à couler.

« C'est jamais arrivé je vous jure ! », un trop plein d'émotions relâché en live, son pote et première partie Navy Blue qui débarque s'asseoir à côté de lui pour chanter purpose, puis la chanson préférée de Loyle : Still. Une petite merveille reprise à l'unisson, la même pour Loose Ends dédiée à Jorja Smith et cette voix sublime qui sort des enceintes pour nous emporter dans la crue des sentiments qui débordent dans le Zénith. Speed Of Plight sera le climax de la soirée, terminée par une batterie en roue-libre totale et un concert de hurlements. Loyle calme le jeu, nous raconte à quel point il a aimé avoir les enfants en studio pour se prendre moins au sérieux, il nous inspire, nous expire, met ses lunettes de soleil ridicules pour chanter about time et en finir sur Ottolenghi.

Un dernier couplet a capella du public, le retour de l'enfant prodige pour un poème seul face à trois milles et quelques personnes, et une dernière occasion de danser nommée hopefully. Loyle descend danser avec les premiers rangs, nous dit que c'était le meilleur concert qu'ils aient jamais donné et que ce n'était pas grâce à eux, car force est de reconnaître que ce Zénith de Loyle Carner était un moment spécial dans une vie, que ce soit dans la sienne ou dans la nôtre. Un concert qui prouve que si vous ne deviez aller voir qu'un seul concert de rap dans votre vie ça pourrait être celui de Loyle Carner, un petit génie du hip-hop et de la soul qui transporte le soleil de derrière les nuages pour le mettre au plafond de la salle, un soleil reflété par les grands sourires d'un plus si petit bonhomme qui en est déjà à son quatrième album. Alors, si vous ne l'avez jamais vu sur scène, ne le ratez pas la prochaine fois, et si vous êtes triste et seul et déprimé par l'heure d'hiver, vous le serez, comme moi, un peu moins en repassant les portes dans l'autre sens.
setlist
    in my mind
    all i need
    Ain't Nothing Changed
    Yesterday
    Damselfly
    horcrux
    Desoleil (Brilliant Corners)
    Homerton
    Nobody Knows (Ladas Road)
    lyin
    purpose (feat. Navy Blue)
    Still
    Loose Ends
    Ice Water
    Speed Of Plight
    about time
    Ottolenghi
    ---
    Poem
    hopefully
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