Je l'avais dit, en cette fin octobre, il y a un sacré embouteillage sur les concerts, aussi nous passerons directement au dernier jour, sans savoir ce qui s'est passé la veille (ndlr : j'étais de l'autre côté de la seine pour voir These New Puritans). Ce soir encore, inutile de se pointer au Supersonic si vous n'avez pas réservé votre place : la soirée affiche complet.
Comme tous les soirs, nous commençons par le plus vert des groupes verts. Ce sont les londoniens de Tough Cookie qui prennent place sur scène avec leur deux guitares, une basse, une batterie et pas grand chose pour se distinguer si ce n'est qu'ils se partagent le chant à trois. Avec des petits airs de Nirvana, leurs morceaux sonnent mieux que leurs titres un peu fumeux (Dick Of The Year ou Dumb) pouvaient le laisser penser. De construction rock assez classique, les morceaux se terminent sur des montées de guitare. Les musiciens prennent du plaisir, et c'est plutôt bien fichu. C'est le genre de groupe que j'adorerais si je n'allais voir que six concerts par an, mais le Supersonic à lui seul en programme une vingtaine par semaine, donc difficile de s'enthousiasmer.
Are they gonna be big ? Pas en l'état, ils ont besoin de développer leur style pour se démarquer.
Comme pour beaucoup de groupes ce soir, c'est le premier concert d'Atmos Bloom hors d'Angleterre. Le duo, devenu quatuor sur scène, produit de très jolies mélodies, et la chanteuse a une voix superbe. À force de concerts, le groupe affine son style, et même s'ils viennent de sortir un album, on découvre un groupe qui est encore en train de mûrir. Je ne peux pas m'éterniser car je veux voir un morceau de Slowhandclap avant de retourner au Supersonic pour White Flowers, le seul groupe de la programmation que je connaisse vraiment. En sortant, je m'aperçois qu'il y a une queue comme je n'en avais jamais vu devant le Supersonic Records.
Are they gonna be big ? ils sont déjà sur mon radar, c'est un début.
Les Mancuniens de Slowhandclap sont à l'opposée d'Atmos Bloom. Ils sont bruyants avec des guitares sur-amplifiées et un chanteur qui arbore un t-shirt d'Aphex Twin. Leur musique décrasse les oreilles et parvient même à être planante, malgré l'inconfort qu'elle procure. Je n'ai le temps que pour trois morceaux avant de retourner au Supersonic pour mon prochain rendez-vous.
Are they gonna be big ? Peut-être ont-ils besoin d'un guitariste pour libérer le chanteur qui pourrait alors complètement libérer son jeu.
White Flowers et moi avons une histoire. C'est le premier groupe que j'ai vu sur scène après le confinement, je me rappelle être entré fébrilement dans un Windmill réduit à une trentaine de places assises. Alors est-ce que je manque d'objectivité quand je trouve que dès les premières notes le trio fait preuve d'une sacré présence scénique ? Leur musique et la voix cristalline de la chanteuse font penser aux Cocteau Twins. Les nouveaux titres sont plus électriques avec de la distorsion, et plus puissants avec une batterie particulièrement inspirée. Le jeu du batteur n'est pas sans rappeler celui de Stephen Morris de Joy Division. Le groupe a beau avoir ouvert pour Beach House à la Brixton Academy à Londres, ils ont toujours l'air hyper stressés sur scène. Le concert s'arrête brutalement sans remerciements, sans au revoir, et sans prévenir. C'était bien mais court et avec un album et une poignée d'EPs le groupe avait pourtant assez de chansons en catalogue pour faire plus.
Are they gonna be big ? J'y crois, mais je ne suis pas sûr que ça suffise.
C'est un autre trio mixte, avec une sacrée présence, que je vais voir : les Suisses de Glaascats. Le guitariste et la bassiste sont tous les deux au chant, avec des voix qui se répondent. Ils jouent des morceaux un peu americana façon King Hannah ou Still Corners, ou des titres plus électriques. C'est fabuleux ce qu'ils font à trois, les voix et les instruments sont en symbiose. Avec White Flowers ils partagent la maîtrise de leurs sons et ils sont pour moi les deux groupes les plus intéressants de la soirée.
Are they gonna be big ? Oui, ça se peut, même si la Suisse n'est pas réputée pour être une terre où les groupes de rock prospèrent. Ils devraient déménager à Brighton ou Dublin, Sound Of Violence pourrait alors chroniquer leurs disques.
Je zappe les New-Yorkais de Mary Shelley et je vais voir si j'ai du bowl avec le dernier groupe. Un bassiste géant lance un Revox à bande qui crache des arpèges de guitare distordue. Les cinq membres du groupe montent sur scène, guitares en bandoulière, et c'est parti pour un set vibrant et survitaminé. Ça bouge bien sur scène et ils n'ont pas qu'un look rock, mais aussi l'attitude qui va avec. Encore un bel exemple de la scène musicale ultra-dynamique des Pays-Bas.
Are they gonna be big ? Mais oui, leur rock est inventif et funky, ça ferait du bien.