L'international est l'une des seules salles proposant des concerts gratuits de qualité dans Paris. C'est samedi soir et, quartier Oberkampf, tout est complet. Deux mois que dure cette température estivale digne d'un film catastrophe. Pas une goutte de pluie depuis des semaines ; à Paris, ça fait désordre ! Va bien falloir que ça pète d'une manière ou d'une autre...
Ce soir, l'ambiance était électrique, à l'image de l'International et du récital presque digne des New York Dolls donné par The Valentines !
Dans une salle encore plus petite que la Maroquinerie, un public jeune, rock et surchauffé se délecte de ces cinq néo-punk aux pantalons slim déchirés sur des scènes trop arides, aux blousons portés par la crasse des kilomètres de route avalés dans un Van pourri en provenance de Brighton et dont le chanteur arbore un maquillage outrancier qui ferait passer Alice Cooper pour une Miss France ! (j'exagère, mais j'aime bien ça !)
Avec des riffs très proches du registre des Libertines – ayons une petite pensée pour Saint Peter revenu à la case barreaux pour détention de cocaïne - ou des MC5 sur des titres abrupts, empressés et totalisant deux minutes, maximum, The Valentines brament un rock certes minimaliste pour ne pas dire restreint, mais avec la poigne de The Strokes s'ils étaient nés dans une cité craignos et l'aura toxique des frères Ramones auxquels, Jegard, le chanteur, semble constamment rendre hommage.

The Valentines c'est un groupe scénique, comme pouvaient l'être leurs aînés punk rock ; ils soignent leur non look (plutôt noir et crado), leurs couvre-chefs (chapeau de paille ou casquette de l'armée Allemande) et n'hésitent pas à sauter de la scène dans les bras du public, pour le plus grand plaisir des premiers rangs venus en découdre, épaules contre épaules !
Les chœurs de deux guitaristes, Curtis et Leader, et même la voix de Jegard rappellent (trop) souvent les meilleurs moments des Libertines, dont ils ont assuré la première partie lors de leur reformation en 2010 à The Kentish Forum mais cela ne semble déplaire à personne et surtout pas à cette assistance chauffée à blanc et reprenant déjà les refrains d'un groupe dont on ne trouve encore aucune biographie, aucun article ou vidéo sur Internet. Seule une page Facebook et un début de blog font office de relais médiatique... ce qui attise encore un peu plus la curiosité et notre entière satisfaction pour ce fougueux live d'un soir, parfaitement mené par ces cinq Anglais dont la formation remonte à peine à 2009.
Mélodies simplistes mais efficaces, tempos rapides entrecoupés de changement de rythme aériens, jeu de scène sauvage et sans chichis, The Valentines marquent des points ce soir, c'est certain. Ils ne tombent dans le piège des reprises faciles qu'à une seule occasion, et encore, sur un titre des plus inattendus (
Be My Baby des Ronettes, écrit par Phil Spector) qui, pour un soir et à l'image d'un
My Way interprété par Sid Vicious, prend ici une sombre robe et une couleur sang et, pour la première fois sûrement, déclenche un pogo du diable que les plus éméchés des Anglais venus en nombre ce soir à l'International ne manquent pas de survoler.

Violent le punk rock ? Moins que les terrasses des cafés Parisiens. En sueur et marqués de bleus sur tout le corps, les fans les plus énervés du devant de la scène finissent la soirée une bière à la main, le sourire aux lèvres et au son du DJ local. The Valentines, un zingue à réactions qu'il faudra suivre de près.