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Peter Murphy

Paris, Flèche d'Or - 20 octobre 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Après Wire, Gang Of Four ou encore Killing Joke, nous continuons notre perquisition musicale du punk rock de la fin des années 70s jusqu’aux mid 80s. À plus de 55 ans, celui qui enchanta les nouveaux baroques, ex-punks et futurs gothiques au début des années 80s avec le mythique groupe Bauhaus, revient plus de dix ans après son dernier album pour présenter Ninth, sa sixième œuvre en solo.

Docteur ès horrors, bien avant la formation éponyme des années 2000, Peter Murphy a marqué toute une génération de taciturnes par son jeu de scène ultra théâtralisé, son style vestimentaire allant de la toge grecque à la cape de vampire et ses titres déclamés plus que chantés qui auront inspiré nombre de formations gothiques à l’image de Nine Inch Nails. Bauhaus était un groupe hypnotique, exigeant et épuisant pour son leader. En 1983, en plein enregistrement du si bien nommé Burning From The Inside, Peter Murphy contracte une pneumonie et s’efface, petit à petit, derrière son guitariste, Daniel Ash…
Abus en tous genres, concerts exténuants et maladie n’auront jamais raison de cet artiste surnommé le parrain du gothique et, le crâne dégarni et le ventre un peu rebondi, c’est une légende encore vivante qui se présente après la première partie, Paris, side-project de Nicolas Kerr, sur la scène de la Flèche d’Or ce soir.

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Rarement cette salle aura vu autant de quadragénaires se presser pour un concert : cadres supérieurs aux looks homogènes du moment, ex punks ayant ressorti un ou deux accessoires d’époque ou indécrottables fans baroques, ce soir, c’est le musée Grévin des années 80s qui fait le show ! Et tout ceci est loin d’être désagréable dans un monde culturel mourrant de son uniformisation. Accompagné de trois jeunes musiciens, Peter Murphy va plonger une heure durant la scène de la Flèche d’Or et toute une génération dans le noir le plus profond !
Ses dernières compositions restent dans la veine de son projet post-Bauhaus, Dali’s Car. Chants quasi grégoriens sur des nappes de violons accompagnées de rythmes parfois orientalisant – Peter Murphy est marié à une chorégraphe Turque et partage son temps entre ce pays et son Angleterre natale – sa musique est devenue à l’image de son âme, convertie à l’islam depuis quelques années ; ce ne sont plus Peter, sa voix et son jeu d’acteur qui sont le centre du monde, elles servent maintenant un dessein qui paraît plus large et plus important à ses yeux, la spiritualité.

Car, si l’envie et le talent de chanteur de Peter n’ont jamais disparu, les compositions ne sont plus à la hauteur du personnage et se son aura. Dure réalité des come-back quand on a été, comme lui, l’icône de toute une culture after punk. Le jeune quatuor de Peter est composé d’un batteur, d’un guitariste et d’un bassiste plus une guitare sèche à son épaule quand les titres l’exigent. Le résultat est un croisement entre Nine Inch Nails, dont ils jouent une reprise, Hurt, et Dali’s Car. Vaporeux et lourd, théâtrale et mystique mais pas autant que l’aurait voulu ce public. Sa nouvelle vie a définitivement laissé de coté son amour de la talentueuse déca danse que représentait à ses yeux Antonin Artaud. Sur les titres les plus rock, comme Peace To Each, Peter est en retrait alors que sur d’autres à l’image de I Spit Roses ou Subway, nous retrouvons enfin le timbre et la présence de l’ex-voix de Bauhaus du temps de ses premiers albums solo.
Le tout est bien ficelé, mais manque d’énergie et de conviction. À sa décharge, il apparaît extenué et devra d’ailleurs abréger le show du fait d’une voix défaillante ; Peter Murphy n’a pas renoncé à ses montées d’octaves flirtant trop souvent avec le décrochage et la panne de ses cordes vocales. Avant la fin set, Peter perd sa voix par à coup et nous voyons qu’il tire, en grimaçant, sur ses vocalises...

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Véritable frustration pour la majeure partie du public de ce soir venu pour Peter Murphy mais aussi et surtout pour entendre quelques classiques de Bauhaus. Las, seul un Silent Hedges à la guitare sèche envoûtante et un superbe mix A Strange Kind Of Love/Bela Lugosi's Dead, attendu comme le messie, viendra rassasier les buveurs de sang présents au premier rang et arborant toute la panoplie des vampires du 7ème art du début du 20ème siècle. Vidé de sa substance, Peter Murphy s’excuse et se désole de devoir arrêter après un premier rappel et nous laisse orphelins des Dark Entries, Stigmata Martyrs et autres Ziggy Stardust joués sur les autres dates de sa tournée et attendus par des quadras qui, dès le lendemain matin, reprendront le chemin du bureau avec, peut-être, David Guetta ou les Black Eyed Peas beuglant dans le poste de radio... Chienne de vie !
setlist
    Velocity Bird
    Peace to Each
    Memory Go
    I Spit Roses
    Disappearing
    Silent Hedges (Bauhaus cover)
    Subway
    Gaslit
    Hurt (Nine Inch Nails cover)
    I'll Fall With Your Knife
    All Night Long
    His Circle and Hers Meet
    The Prince and old Lady
    Uneven & Brittle
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    A Strange Kind Of Love/Bela Lugosi's Dead
    Huuvola
photos du concert
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