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Piers Faccini

Paris, Café de la Danse - 25 octobre 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Soirée « Délivrance » au Café de la Danse en ce 25 octobre avec banjo, violon, contrebasse et folk country tirant sur le blues.

McCamy's Melody Sheiks, quatuor tout droit débarqué des années 1920 dans un coin du Tennessee, est le premier invité de la soirée et enflamme une salle du Café de la Danse archi-comble avec un récital Cajun, Country et Old Time Music pour faire court. Entièrement acoustique et vêtu comme à l’heure de la prohibition aux Etats-Unis – seuls les micros devant les instruments ne sont pas d’époque ! – ce groupe vintage, comme on n’en fait plus depuis Violent Femmes, entame un set qui aurait pu s’avérer risqué dans une salle plus habituée à décupler ses capacités énergétiques pour les machines band qu’à faire silence pour entendre le moindre souffle des instruments à corde non amplifiés. La magie opère dès les premiers titres et le public, assis par terre, sur les escaliers, dans les passages, sur les barrières... reçoit jusqu’au plébiscite cette formation joyeusement anachronique !

C’est plus fort que lui, il ne peut pas s’empêcher de nous raconter une histoire. Piers Faccini habite chez nous. Il nous raconte le monde, avec la lucidité d’un homme qui a trop écouté le blues de Skip James. Entré sur scène au son d’un tambourin sur un tempo de danse indienne accompagné d’une déclamation de textes, il y a là une similitude troublante avec Jim Morrison lisant ses poèmes sur l’album An American Prayer.
Silence religieux de rigueur facilement respecté par les centaines de personnes venues se presser les uns contre les autres comme rarement dans cette salle pour apprécier toute la sérénité et la profondeur de la voix de Piers Faccini. Des intonations qui entraînent le public, au gré des titres, sur les terrains lourds et boueux d’un blues lent et, plus rarement, sur les prairies plus verdoyantes d’un folk quasi-Woodstockien. Car si Piers Faccini fait montre d’un talent et d’une aura que l’on pourrait qualifier de vertigineux à la vue du succès remporté en si peu de temps, il demande également une concentration et un complet investissement de sa personne sur certaines compositions alanguies, presque nonchalantes, à la limite du rêve éveillé.

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Depuis Leave No Trace, premier album intime, et My Wilderness, œuvre qu’il a totalement produite et conçue, beaucoup de choses ont changé : le succès, les tournées qui lui permettent enfin de vivre de sa musique et les beaux studios de Ferber à Los Angeles. Depuis un an ou deux, les amis invités à jouer et enregistrer de la musique se nomment Jules Bikoko, bassiste, Rodrigo d’Erasmo, violoniste et Simone Prattico, batteur et percussionniste. Habitué des duos comme avec Camille, Piers Faccini est un musicien de partage et d’ouverture au monde, dans sa vie et dans ses textes.

Sur scène, il joue de l’émotion sur la corde raide, celle du violoncelle passionné qui l’accompagne dans ses envolées poétiques et rajoute un peu d’épices sur quelques titres parfois un peu fades... mais servis par une voix telle qu’on accepte le fait, pour un soir, de ne pas assister à un concert rock mais à un récital folk.