logo SOV

Diagrams
Fujiya & Miyagi

Paris, Café de la Danse - 18 novembre 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

Bookmark and Share
Après une aventure marquante avec ses camarades de Tunng - le groupe folk futuriste auteur d’un des titres les mieux produits de l’année 2008, Bullets - Sam Genders, qui a débuté sa carrière comme employé dans un studio de Londres, a contracté ce qu’on pourrait appeler la névrose du musicien. Alors que l’avenir s’annonçait radieux avec Tunng, Sam, lui, périclitait dans son coin et ne trouvait plus là l’envie ou le plaisir que devrait, normalement, déclencher le succès, relatif, d’un groupe né en 2003.

Après une semi-retraite musicale de trois ans pendant laquelle il fut embauché dans une école élémentaire d’Angleterre, Sam a pris le temps nécessaire pour reprendre goût à la création et aux formations de musiciens et... d’égos ! Diagrams est né de cette renaissance.

SOV

Définie comme pop chorale par le rédacteur de la boutique Colette, la musique de Diagrams recèle des traces de Tunng par la voix de Sam, reconnaissable entre mille, et dans ses orchestrations souvent très léchées, s’offrant le luxe d’un trompettiste, une violoniste et un tromboniste en plus du quatuor classique, guitare, basse, batterie et chant. Si le résultat n’est encore pas tout à fait à la hauteur des espérances, Diagrams ne laisse pas indifférent et, même avec quelques problèmes techniques à répétition sur deux titres qui auront provoqué plus de rires que de remontrances de la part d’un public toujours très studieux dans le Café de la Danse, les titres a capella (ou presque), les ballades comme Antelope ou encore le single Night & Night auront persuadé l’assistance qu’un nouveau groupe est né, et bien né par la volonté illuminée d’un Sam Genders dont la générosité sur scène contrebalance avec talent un premier album inventif.

Plus du tout désolés d’avoir été un peu vite en besogne pour choisir un nom de groupe, Steve Lewis et David Best affichent maintenant Fujiya & Miyagi avec fierté sur un écran de vidéo-projection dans une taille qui égale leur récent succès. Duo électro passé quatuor à cordes, majoritairement, les quatre de Fujiya & Miyagi ont une configuration de plus en plus rock, signe de leur dernier album, moins électronique que le précédent, mais toujours aussi synthétique dans les recherches et triturations de sons.
Chuchotées plus que chantées, les chansons de Steve Lewis et David Best, accompagnés par Matt Hainsby et Lee Adams sur scène, sonnent comme des ballades funk techno jouées en extented mix dès que les circonstances le permettent (Ankle Injuries : douze minutes de laisser-aller bruyant pour clore le concert).
La timidité extrême de Steve se lit dès son arrivée au Café de la Danse. Il se place seul et discrètement dans un coin de la salle pour écouter la première partie, Diagrams, vêtu d’un t-shirt et d’un jean que l’on pourrait croire sortir de chez Tati ! Mais, si le naturel et la simplicité de Steve provoquent une quasi-absence de communion avec son public, ils cachent également un talent pour les compositions à contre temps et les textes sortis de nulle part (Ventriloquizzing) ou réalistes et acides comme un ulcère de dix ans (Pills).

SOV

Fujiya & Miyagi ce n’est pas Fat Boy Slim à Brighton Beach. Ils affectionnent, ce soir en particulier, les compositions intimes et discrètes comme la voix de Steve Lewis. Et, en ça, le choix du Café de la Danse est exemplaire car leur prestation mérite une écoute quasi assise, quelques dizaines de personnes à peine se dodelinant gentiment au bord de la scène. Il faudra attendre la toute fin du set et un rappel pour que, telle une bonne image pour un peu de sérieux devant la maîtresse ou une cerise confite ornant le gâteau d’anniversaire, tous s’animent sous la basse psychédélique et hallucinatoire d’un Ankle Injuries très attendu. Un titre qui, aussi réussi soit-il, doit sûrement commencer à fatiguer le groupe.

Malgré le succès remporté, on pourra tout de même regretter cette timidité (qui commence à avoir bon dos !) presque maladive de Steve et sa bande qui n’auront pas dit un mot de la soirée, excepté un poli « Bonsoir. Merci » avant que les lumières ne se rallument.