Pour les banlieusards, il fallait mériter
Kasabian mardi soir pour parvenir à atteindre Paris au milieu des embouteillages monstrueux qui encerclaient la capitale ce soir-là. C'est d'ailleurs une cohorte de gens sacrément motivés et pressés que le métro déversait à 19h40 Porte de Pantin.
Pour leur retour sur une scène parisienne, après un Olympia bondé à craquer il y a deux ans et un passage par le Bus Palladium pour un concert privé en octobre, le groupe mené par Tom Meighan avait choisi le Zénith. Choix logique puisque le groupe de Leicester remplit aisément, côté anglais, la Wembley Arena. De ce côté-ci de la Manche, la folie est loin d'être aussi furieuse et la salle de la Villette n'affichait pas complet. Dommage pour ceux qui, déçus par
Velociraptor! n'avaient pas fait le déplacement, car c'est sans conteste que le groupe s'est évertué à prouver qu'il était l'un des meilleurs de sa génération. Un Azincourt musical, prouvant encore et toujours la suprématie anglaise en matière de rock.

Dès 20h,
The Subways sont sur scène pour trente minutes d'un rock taillé pour les festivals. Choix surprenant même si les Londoniens ont sorti leur nouvel album
Money And Celebrity cette année et font preuve de la même longévité que Kasabian, leur style reste toutefois assez différent. Le groupe se doute bien d'être attendu au tournant, passer de la Maroquinerie en tête d'affiche il y a quelques semaines au Zénith comme première partie est un acte de bravoure pour lequel le groupe s'en tire finalement bien, réussissant la gageure de secouer les premiers rangs, venus exclusivement pour Kasabian et qui avaient passé une partie de la journée devant la salle. Huit titres plus tard, dont l'éternel
Rock And Roll Queen dans les conclusions, The Subways quittent une salle qu'ils ont réussi à réchauffer.
Changement de plateau bienvenu, laissant aux retardataires le temps de se précipiter vers le bar ou de se trouver une place en gradins, la fosse, blindée à craquer, restant impénétrable. Vingt et une heures, les premiers rangs commencent à s'agiter, présentant l'arrivée imminente du groupe à chaque aller-retour d'un roadie, quand finalement, dix minutes plus tard, les lumières s'éteignent, laissant les membres de Kasabian entrer un par un sur scène dans une ambiance électrique. Une bonne minute trente de montée en puissance avant qu'un Tom Meighan en très grande forme n'empoigne son micro pour balancer un « Hey son, I'm looking forward », signalant aux troupes le début d'une heure quarante d'hostilités avec
Days Are Forgotten. Et le ton est donné, le groupe est visiblement content d'être enfin passé à la vitesse supérieure sur le continent.

Même si une pointe de légitime appréhension semble se sentir au début du concert, les gars de Laicester vont balancer une vingtaine de titres, un pur « best of » du rock anglais, dans une setlist bien équilibrée, offrant aux fans leur dose de chaque album, c'est surtout pour les classiques de
Kasabian,
Empire et
West Ryder Pauper Asylum que la majorité du public est venu. De
Underdog à
Take Aim en passant par les cataclysmiques
Club Foot et
L.S.F. (Lost Souls Forever) ou encore le psychédélique
La Fée Verte, Kasabian propose, en veux-tu, en voilà, de l'hymne rock et reprend même la bande originale de
Pulp Fiction. Certes, certains titres, notamment de
Velociraptor!, laissent le public dans une sorte de torpeur, mais lui permettent aussi de reprendre son souffle.
Hargneux et charmeur, Tom Meighan va passer le concert à balancer son micro sur le sol, haranguer le public dans un Anglais à couper au couteau. Sergio Pizzorno, le sorcier du groupe, est à la fois dans son rôle de guitariste et totalement démentiel lorsqu'il prend la voix. Jay Mehler, toujours aussi placide, est devenu en quelques temps le chouchou des fans. Quant à Ian Matthews et Chris Edwards, pas de fioritures, ils sont là pour bosser. De la fosse aux gradins, où rares sont ceux qui restent assis, c'est une marée humaine qui répond aux incantations du groupe. Ils terminent leur set par
Switchblade Smiles et les imparables
Vlad The Impaler et
Fire. Tom Meighan va même jusqu'à entrainer Pizzorno dans une reprise de
Michelle des Beatles, remerciement en forme de clin d’œil au public français, définitivement conquis.
Au moment de quitter le Zénith, des échos de
L.S.F. (Lost Souls Forever), chanté ça et là par la foule, se font entendre. Les guitares ont remplacé les arcs , mais il n'y a pas à dire, l'armée musicale anglaise nous a encore mis une sacrée raclée.