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Thee Vicars

Paris, Espace B - 5 janvier 2012

Live-report par Hybu

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C'est loin d'être la première venue des Thee Vicars dans nos contrées, les fers de lance de l'écurie Dirty Water sont déjà des habitués des scènes hexagonales. Il faut dire que leur réputation live n'est plus à faire : le groupe, qui a notamment tourné avec les sulfureux Black Lips, est connu pour des concerts brûlants et énergiques qui lui ayant certainement permis de dépasser les frontières du microcosme garage sixties. Alors que la formation s'est largement transformée (seul un membre original est toujours présent), c'est donc avec une certaine appréhension que nous attendions ce concert !

En attendant, c'est le groupe francilien Les Guillotines qui ouvre la soirée. Auteur d'un très bon 45 tours sur la jeune maison française Croque Macadam (on me chuchote à l'oreille que le label pourrait bientôt sortir un disque anglais), le groupe est en pleine progression. Pourtant, ce soir, sûrement largement handicapé par le départ récent de leur batteur dont l'intérim est assuré par celui des Norvins, le groupe peine à trouver ses marques et les premiers morceaux ne sont pas en place. Heureusement, sur la durée, les musiciens se dérident et se lâchent un peu, la confiance venant, la fin de leur concert sera plus convaincante, même si certaines lacunes persistent, en particulier le chant trop hésitant. Gageons que le recrutement prochain d'un nouveau batteur, leur permettra de roder leur set, car sur disque, ils sont très prometteurs !

Comme nous le disions en introduction, depuis leur dernier passage en France, les Thee Vicars ont passablement changé. Trois membres en moins, deux nouveaux, seul leur chanteur/bassiste (et leader) est resté fidèle au poste. Sur scène le changement est plutôt radical, d'un groupe de garage déglingué et ultra énergique, les voilà devenus un (presque) sage groupe revivaliste sixties, nettement plus beat et traditionnel.
Ils n'en demeurent pas moins d'excellents musiciens et amuseurs, et la soirée s'avère particulièrement agréable. Leurs chansons sont toujours aussi dansantes, leur talentueux nouveau guitariste, seul aux manettes, fait des miracles, l'absence de soliste ne se faisant pas du tout sentir. Le public, dodelinant gentiment de la tête semble apprécier, quelques danseurs solitaires se déchaînent.
Toutefois, si la prestation s'avère excellente, ceux qui, comme moi, ont eu la chance de les découvrir autrefois, restent un peu sur leur faim malgré une bonne heure de live pied au plancher et une superbe double rappel chaudement remercié par le public. Oui, les Thee Vicars sont toujours l'une des meilleurs formations d'influences sixties en Angleterre, mais, il faut admettre que leur concert de ce soir est loin d'être aussi grisant et excitant qu'il aurait pu l'être par le passé. D'autant que l'offre mondiale (et même locale) en matière de groupe à veste cintrée et chelsea boots est plutôt pléthorique, ce qui n'est pas le cas de ces formations avec un petit quelque chose en plus (qui a toujours manqué sur leurs albums studios d'ailleurs), une petit touche sauvage qui fait toute la différence.

Les Black Lips ont aujourd'hui acquis leur statut car ils ont réussi à transcender leur garage pour en faire une machine live inébranlable d'une efficacité redoutable. Les Thee Vicars en avaient largement le potentiel, mais le changement de line-up les a redressés dans le droit chemin, celui d'un superbe groupe de pastiche sixties. Peut-être n'ont ils jamais eu l'intention de passer les frontières de ce beau petit monde ?