Du haut de ses vingt-deux printemps, Laura Marling est depuis quelques années déjà considérée comme l'une des artistes phare de la scène folk actuelle. Pour son retour en tête d'affiche à Paris, quelques mois après une prestation quelque peu décevante lors du Festival Les Inrocks Black XS, c'est dans la salle de l'Alhambra que la jeune anglaise était attendue ce mardi 20 mars.

Dès 20h, son collaborateur, musicien et ami
Pete Roe est appelé à assurer sa première partie. Si la salle est encore à moitié vide lors de son entrée en scène, l'anglais ne tarde pas à faire ses preuves et convaincre l'ensemble de l'audience du bienfondé de sa présence. Seul au centre de la scène, guitare en main, le songwriter fait valoir une voix aux multiples nuances et textures mais aussi une impeccable maîtrise de son instrument. Parfaitement inconnu aux yeux de la majorité des personnes présentes, Pete Roe ne manque pas de dialoguer à plusieurs reprises avec l'auditoire, lequel le lui rend bien à travers des applaudissements nourris à l'issue de chaque titre. En l'espace de trente minutes pour six titres joués, le musicien a doublement rempli sa mission : l'ensemble de la salle est sous le charme et ses compositions , bien que dépouillées de tout arrangement ce soir, n'ont rien perdu de leur charme et leur singularité. Mieux encore, souvent étirées à l'image de
Carry On Like Before, ces dernières jouent sur les rythmes comme pour mieux susciter la curiosité de tous. Indéniablement, le manque de reconnaissance de Pete Roe est une anomalie.
Sur le coup de 21h, dans une salle aux trois quarts pleine,
Laura Marling fait son apparition avec pas moins de cinq musiciens, dont Pete Roe, à ses cotés : de la guitare au piano en passant par la batterie, contre-basse, banjo et cuivres, tous les instruments nécessaires à la juste interprétation de ses compositions ont été réunis ce soir. Comme souvent, c'est une chanteuse crispée, concentrée et renfermée sur elle-même que le public parisien voit opérer durant les premières minutes du set.
I Was Just A Card et
The Muse se révèlent ainsi fidèles aux enregistrements studio, la fragilité et la limpidité de la voix sublimant deux titres somme toute classiques. Progressivement, l'ambiance devient plus chaleureuse, l’enchaînement impeccable de
Don't Ask Me Why et
Salinas mettant en avant des orchestrations plus complexes tandis que l'anglaise s'ouvre au public et ose quelques échanges avec l'audience avant que
Ghosts ne recueille tous les suffrages.

A l'issue de
Alas I Cannot Swim, les musiciens quittent les lieux, laissant la chanteuse évoluer en solo à la guitare pour une sélection de chansons apportant la preuve que Laura Marling n'a besoin de rien ni personne pour rayonner sur scène. Les anecdotes se multiplient, les sourires également, et la fragilité de la demoiselle fait des merveilles dans un silence religieux. Sa traditionnelle reprise de Neil Young (
Needle And The Damage Done), le très attendu
My Manic And I, le touchant
Goodbye England (Covered In Snow) ainsi qu'une chanson inédite constituent alors à n'en pas douter les temps forts de la soirée.
Le retour du groupe s'accompagne d'une présentation des cinq musiciens, chacun d'entre eux étant invité à raconter une anecdote de son choix devant un public hilare. Une fin de concert principalement marquée par un épatant et intense
Alpha Shallows et un
Rambling Man ovationné avant qu'un dernier titre,
I Speak Because I Can, ne fasse office de pseudo-rappel.
Très à son avantage ce soir en dépit d'une fin de set peut-être trop précipitée, Laura Marling aura fait honneur pendant près de soixante-dix minutes à sa réputation de petite prodige du folk.