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Stealing Sheep
Crybaby
TOY

Paris, Flèche d'Or - 8 mai 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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Chaque mois, la Soirée Coopérative Music est devenue un rendez-vous régulier pour tous les amateurs de découvertes rock à la Flèche d’Or.

Coopérative Music, c’est ce regroupement de petits labels indépendants créé en 2005. Ils assurent, également, la promotion et la distribution de labels internationaux comme, de DFA à Kitsuné en passant par V2.Ce sont pas moins de trois groupes de l’écurie, tous Anglais, qui sont présentés ce soir à la Flèche d’Or. En ce jour de commémoration de la libération de la France en 1945 par les troupes alliées, on suppute l’hommage rendu avec Crybaby, Stealing Sheep et TOY pour conclure.
Pour nous, la soirée commence tôt, pendant les balances de TOY. Errant dans la grande salle vide où s’agitaient les roadies et les barmans roulant les fûts de bière, les trois filles de Stealing Sheep, que l’on croirait tout droit sorties d’un Larzac cher à José Bové, font la sieste dans l’arrière-salle ou poussent des vocalises aériennes. Crybaby et ses musiciens sortent du taxi et étonnent par leur moyenne d’âge, bien plus élevée que celle de leurs camarades d’un soir. Entre la cour des fumeurs et la salle de restaurant, quelques journalistes et photographes animent la promo obligatoire pour ces formations encore mal connues en France.

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20h30, Danny Coughlan alias Crybaby, et quatre musiciens, pour un total de trois garçons bientôt quadragénaires en première ligne, soutenus par deux jeunes et jolies jeunes filles, une blonde et une rousse, tapant sur deux batteries dissociées, assument, tant bien que mal dans une Flèche d’Or encore quasi-vide, les relents Orbisoniens d’une musique toute en douceur. Sur des mélodies tournées vers les 50s, les Stratocasters vintage pleurent sur des distorsions hawaïennes que créèrent, à une époque révolue, les Beach Boys. Courte et difficile communion avec un public épars, week-end prolongé oblige.

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Il est 21h30 quand ils laissent la place aux trois prêtresses de l’eau, de l’air et du feu que sont les Stealing Sheep. Costumées en servantes d’un Merlin l’enchanteur version 2012, pierre bleue collée entre les deux yeux et robes aux motifs babacool revisités, les trois hippies new age de Liverpool se risquent, avec passion mais sans grand succès, dans des contrées lo-fi et folk sauvage laissées en friche par Neil Young, The Jefferson Airplane ou The Byrds. Un soupçon de sons noist en plus.
Mais, avec une guitare, un tambour et un clavier, même agrémenté d’un sampler, l’amateurisme des titres de ces très jeunes filles se fait sentir dans une salle toujours en manque d’un vrai public. Peace and Love, codé en 8 bits !

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Enfin, sur les coups de 22h30, TOY viennent faire joujou avec leur public : aucun doute sur les attentes de l'affluence de ce soir. Du rock, de l’électricité statique et de la sueur, voilà ce qu’il manquait pour animer cette soirée un peu moribonde jusque là. Parfois comparé aux trublions de S.C.U.M. ou à des sages comme Stereolab, TOY est le groupe de shoegazing par excellence ! D’ailleurs, The Horrors ne les ont-ils pas pris sous leurs ailes noires et dentelées pendant leur dernière tournée ? Rhys Webb, lui-même, n’a-t-il pas déclaré que TOY était son groupe préféré actuellement ?
Nous accueillons donc Tom, Alexandra, Dominic, Charles et Spender avec une sorte de soulagement et l'envie de voir le ciel plombé de la salle de la Flèche d’Or s’autoriser une trouée un peu plus lumineuse.

Même avec une formation récente, alors que trois d’entre eux ont joué ensemble dans Joe Lean And The Jing Jang Jong, et peu de titres à leur actif, TOY ont affolé les critiques dès leur premier single sorti, Left Myself Behind. Leur musique est une sorte de cold wave lorgnant sur The Cure ou Pulp mais montant progressivement dans les tours et dans des solos de guitares, clavier et batterie ayant fait les belles heures de ce mouvement musical, parfois magistralement pensée et interprétée. C’est donc peu de dire que ces cinq-là étaient attendus avec curiosité par un public un peu plus fourni. Malgré un set assez court de huit titres, TOY remplissent le contrat de la scène organisée ce soir et marquent de leur empreinte la célèbre salle du 20ème arrondissement avec ce magistral Left Myself Behind qui, pour notre plus grand plaisir, atteint ce soir les huit minutes et les 105 db !
Motoring, leur dernier single en date, sonne un peu creux en comparaison mais un titre comme Cloke Chime, au tempo bien plus lent et à la guitare moins saturée, permet à la salle de reprendre son souffle et aux amateurs de rock intello de ne pas trop vite cataloguer TOY dans un rayon trop étroit pour leur palette musicale, bien plus large en réalité.

Le volume occupé par ces cinq copains d’enfance n’a, ce soir, pas encore eu l’opportunité de prendre tout l’espace lui revenant : leur premier album, en cours de réalisation, ne devrait arriver sur nos platines qu'à la rentrée prochaine.