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The Pogues

Paris, Olympia - 12 septembre 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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D’un ami d’enfance, érudit sur le sujet et donc quadragénaire, à qui j’apprenais la tenue de deux concerts des Pogues à Paris en septembre, j’eus cette déclaration laconique : « Il n’est pas mort Shane MacGowan ? ». Lui ? Non ! Il est vrai qu’après trois décès à la suite d’overdoses dans l'entourage proche du groupe et maintes cures de désintoxications, toutes vaines, Shane MacGowan doit être, avec Daniel Darc (présent ce soir à l’Olympia, en régional de l’étape) le rocker le plus sursitaire de la planète rock des années 80s. Édenté, bouffi, claudiquant... Shane n’est plus que l’ombre de celui qu’il n’a, de toute façon, jamais été.

Remarqué, en sang, sur une photographie de presse, lors d’un concert des Clash en 1976 durant lequel il se fit arracher le lobe de l’oreille par une punkette, Jane Crockford (ndlr : futur Mo-dettes), qui n’avait guère apprécié son baiser volé, il sut, le soir de son premier concert des Sex Pistols, la même année, que le rock et le punk seraient toute sa vie. Pour cet adolescent sans limites, viré de tous les lycées pour addictions répétées, quelle autre voie à prendre que la sienne ?

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Après un essai infructueux avec le groupe Nipple Erectors, Shane rencontre, début 1980, ceux qui sont encore auprès de lui ce soir, exception faite de la guitariste Cait O’Riordan, pour former Pogues Mahone. Évincé lui-même de son propre groupe en 1991 pour alcoolisme sévère et remplacé par Joe Strummer pour quelques temps, il réintègre très vite sa formation après une parenthèse plus sympathique que réellement convaincante. Un vrai conte Irlandais ; imprégné d’alcool fort, de pisse et de vomi !

Car le fonds de commerce de ce groupe à part, ce sont les ballades et les gigues de pubs et de bals les plus populaires et démentes tirées de l’histoire de ce pays humide comme un soir de crachin et dur comme le granit de ses cotes maritimes. A voir les pogos lancés ce soir sur la moitié de la salle, pourtant vénérable, de l’Olympia, à sentir le balcon lui-même bouger, y compris sur un titre lent comme Dirty Old Town, repris par tous (les quadragénaires comme le petit garçon de dix ans à peine qui accompagne son père, aux anges), on se demande ce qui caractérise la musique punk, finalement ?
Avec The Pogues, ce ne sont ni les guitares saturées, ni les fuck off, ni même les crachats qui conditionnent cette énergie issue, nous le croyons, de la fin des années 70s ; juste une attitude et une envie de musique pour danser.

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Des dents, Shane Macgowan n’en a pas besoin pour chanter. Son rire de crécelle rappelle l’état de sa bouche et de son gosier. Les cigarettes qui fument dans tous les coins de la scène comme de la salle, les verres de whisky avalés en rafale qui le renvoient dans la loge, à trois reprises, laissent Spider Stacy, le flûtiste, un temps chanteur remplaçant durant les années 90, prendre le lead du groupe avec talent. Pirates d’un Irlandais Volant, depuis 1982 et, plus précisément depuis la sortie, en 1985, du mythique album Rum, Sodomy & The Lash, les membres des Pogues entonnent tous leurs succès avec la fougue des folkloriques Dublinners, auteurs de certains des titres comme A Pair Of Brown Eyes à Stream Of Whiskey en passant par Sally Maclennane.

Ce dernier déchaîne la salle dans un rappel manquant de faire écrouler les structures du théâtre Parisien. Fendant les océans du temps, Spider Stacy, Jem Finer, James Fearnley, Andrew Ranken, Phil Chevron, Terry Woods, Darryl Hunt et Shane MacGowan, le pochtron flibustier, à demi mort ou demi vivant, selon le point de vue et l’âge de chacun, nous ont donné, ce soir, un frisson rarement ressenti pour un concert de reformation ; celui qui ne rappelle pas les années passées mais qui les font revivre, tout simplement.
setlist
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