Ce soir, on traverse le jardin de la Villette pour prendre part à la Pitchfork Halloween Party qui a lieu au Trabendo. De quoi inaugurer le fameux festival qui débutera dès le lendemain après-midi, et sortir son déguisement préféré du placard où il était planqué. Une - maigre - consolation pour toutes celles et ceux qui ne pourront prendre part aux trois jours de fête qui s'annoncent.

Allez, il est 20h15, c’est parti pour
Melody's Echo Chamber. Alors c’est vrai, je ne la distingue pas bien, car loin et ébloui par les néons, mais Melody Prochet, la chanteuse et tête pensante de la formation parisienne, m’a tout l’air d’une Jane Birkin nouveau genre, un clone parmi les clones, l’une de ces filles que l’on croise par dizaines dans les rues de la capitale, purs produits qu’elles sont de la Ville Lumière. Ce que j’entends, à présent, ne fait que confirmer ma première impression, strictement visuelle : la demoiselle, aussi mignonne qu’elle puisse être, n’a aucune personnalité, ni puissance vocale. D'ailleurs, c’est tout juste si je distingue son véritable timbre de voix, tout enrobé qu’il est d’effets clinquants (réverbération notamment), et qui n’ont visiblement pas pour premier objectif de mettre en avant le chant de la jeune femme.
Du reste,
Melody’s Echo Chamber propose une électro-pop soyeuse, planante, un brin psychédélique, qui n’est pas des plus passionnantes, bien que le public n’ait pas franchement l’air de vouloir fuir les abords de la scène. Alors, oui, il y a bien un petit riff de guitare, un beat, ou une ligne de basse vrombissante pour coller la banane de temps à autres, mais pas de quoi baver toute la soirée. Ah, en parlant de baver, je commence à avoir sacrément soif.

Deerhunter, je connais de nom, mais ça s’arrête là. Si j’en parle maintenant, c’est que
Lotus Plaza, second groupe à jouer ce soir, est le projet solo de Lockett Pundt, guitariste en chef de la formation originaire d’Atlanta. Voilà pour l'anecdote.
A peine arrivés sur scène, au devant d’une assistance devenue plus fournie à mesure des minutes, les américains (Lockett et ses quatre musiciens, que l’on croirait tout droit sortis du lycée) nous balancent leur premier titre, un son qui fleure bon la Californie et les Beach Boys, ce qui, dit comme ça, sera sûrement vu comme un pléonasme. Le résultat est des plus sympathiques bien que très basique. Le second morceau est quant lui plus intéressant, et plonge le Trabendo dans une ambiance post-punk des plus intenses, d’autant que le quintet n’hésite pas à faire durer le plaisir. Encore, et encore. Un peu trop peut-être. Nous, dans le public, attendons poliment que ça passe. Les plages instrumentales longues de plus de dix minutes, surtout quand l'instrumentation est aussi simpliste, ça devient franchement dur à supporter au bout d'un temps. Finalement, on voit le bout de l'histoire, et le cours normal des choses se décide à rentrer de vacances. Malgré le timbre de voix geignard du chanteur, et la relative monotonie qui se dégage du set, les titres grassement noisy de
Lotus Plaza remportent l'adhésion. Il n'aurait pas fallu que le show s'étale durant plusieurs heures, mais en l'état, ils obtiennent la moyenne. Efforts à poursuivre, car il y a encore du boulot.

Et c’est enfin au tour de
Clinic de s’élancer sur la piste, le seul groupe - jusqu'ici du moins - véritablement raccord avec le thème de la soirée, puisque une fois encore vêtus comme s’ils venaient de passer la porte du bloc opératoire. Et comme ce fut le cas avec
Lotus Plaza, les chirurgiens démarrent leur set sans adresser un seul mot à leur public du soir, un public qui donne pourtant de la voix, preuve que les anglais ne sont plus d'illustres inconnus pour leurs voisins d'outre-Manche. Et ce, alors que leur dernier concert parisien date de 2010 (c'était au Nouveau Casino).
A dire vrai, c'est une bonne nouvelle pour le groupe, qui s’apprête a publier son nouveau long format,
Free Reign, un opus qui sera bien mis à l'honneur ce soir, puisque pas moins de cinq titres extraits de celui-ci seront joués. Mention spéciale au très funky nouveau single du groupe, le sympathique
Miss You ; en live, les rapides pulsations de basse qui émaillent le morceau vous déplaceraient la cage thoracique, un vrai régal. Bien évidemment, les tueries que sont
Lion Tamer et la très punk
Tusk ne sont pas oubliées, pour le plus grand bonheur d'un public qui semble, et ça tombe bien, vouloir faire la fête comme il se doit. De manière générale d'ailleurs, les titres de Clinic s'avèrent propices aux pas de danse, car souvent accompagnés d'une ligne de basse funky, où d'un je ne sais quoi de psychédélique, et propre au groupe. Pas grave , donc, si les anglais ne sont pas très bavards.
Il est l'heure, je dois filer. La soirée n'avait pas forcément bien commencée, mais c'est toujours un plaisir que de voir Clinic se produire sur scène. Après le faiblard
Bubblegum, je me prends même à espérer une chouette nouveau disque de leur part. Le verdict, ce n'est pas encore maintenant, mais ça ne saurait tarder.