Pigalle. Une foule pressante devant les deux salles contigües de la Boule Noire et de la Cigale. Des camions de régie technique à tort et à travers, les bus et minibus des groupes invités, un joyeux foutoir dans la rue... Aucun doute, c'est là que tout se passe ce soir. Une effervescence perceptible sur scène, dans les couloirs, loges et tous recoins de la petite salle parisienne jouxtant sa grande sœur, qui accueille elle les Bots, Vaccines et autres.

Les mancuniens de
NO CEREMONY///, plus humbles sur la question de leur image que les deux formations appelées à leur succéder ce soir sur scène, s'y prennent différemment. Aussi secrets que les WU LYF, et donnant à entendre une pop dite phosphorescente aussi froide que celle de la plupart des groupes de la fameuse cité musicale anglaise, leur musique couve néanmoins un bouillonnement intérieur qui fissure les parois de l'armure de glace. Une pop mi-folk mi-ambient largement anxiogène, fascinante même, à l'instar de celle des New Order, peuplée de mélodies entêtantes et captivantes à la James Blake, une culture du secret identitaire qui intrigue effectivement la foule (« Qui sont-ils vraiment ? A quoi ressemblent-ils ? » semble-t-on se demander dans le public avant leur montée sur scène) et surtout, une culture tout droit venue de la post-industrielle Manchester, ceci pouvant expliquer cela quant à l'ambiance cold & dark façon banquise by night qu'ils posent en décor de chacune de leurs performances. Dansante et troublante, leur musique futuriste à la croisée des chemins trance et indie-pop donne heureusement une furieuse envie de danser et se réchauffer. Warning : hot cool stuff !

Voilà maintenant
Peace, les quatre garçons de Birmingham, qui jouent une indie pop à l'image de leurs pulls jacquards : colorée et kitsch sauce hispter. Teintée d'une électrisante ambient que l'on retrouve dans le Foals des débuts, et qui semble contaminer une bonne partie de la pop anglaise ces temps-ci, à l'instar des Vampire Week-end et autres Palma Violets auxquels on les compare également, elle réveille les oreilles et les guiboles, qui suivent le tempo malgré le léger ennui naissant de ces rengaines déjà entendues ailleurs. On apprécie quand même l'effronterie pas si peace que ça de leur psyché-groove sans limite et un poil arrogante, qui les distingue un peu des autres.

L'électro-pop aussi multicolore que les tenues des suédois de
Niki & the Dove sonne elle plus mystico-tribale. La voix planante de la chanteuse, qui rappelle celle de la fantasque Kate Bush des années 80, est un appel à la magie blanche. Sorciers des claviers, shamans de l'audio, magiciens instrumentaux de tous les pays, unissez-vous et venez planer sur les mêmes horizons que les Doves.
On vous promet un long voyage, tout aussi bigarré que l'ensemble de cette soirée.