MONEY
NO CEREMONY///

Habitués des salles parisiennes ces deux dernières années, principalement en ouverture de diverses formations telles que Crystal Fighters, Peace, Alt-J ou encore Jagwar Ma, MONEY et NO CEREMONY/// se voyaient cette semaine réunis en France pour une tournée commune de quelques dates incluant une escale à la Maroquinerie de Paris ce mardi 18 mars.



Si aucune tête d'affiche ou première partie n'a officiellement été désignée pour cette série de concerts, c'est à NO CEREMONY/// que revient la tâche de monter les premiers sur scène, quelques semaines après l'annonce inattendue du départ de leur chanteuse Victoria Hamblett. Un changement de line-up se traduisant ainsi par le recrutement d'une nouvelle vocaliste, mais aussi la présence d'un quatrième musicien placé tout au long du set derrière une batterie électronique. Passée une introduction en duo, LSTLDR, aux accents trip-hop et enrichie d'une piste vocale masculine pré-enregistrée, c'est un groupe au complet que l'on retrouve quelques minutes plus tard pour FEELSOLOW. Une première occasion de juger l'intégration de la nouvelle voix du groupe, cette dernière se montrant encore en phase d'observation durant les premiers titres avant de prendre progressivement ses aises, accompagnée par le chant vocodé d'un James alternant entre guitare et piano.
Majoritairement dansant et mettant inévitablement l'accent sur les sonorités électroniques, le concert se concentre essentiellement sur les titres forts de leur premier album éponyme, à commencer par HURTLOVE ou HEARTBREAKER, mais aussi sur une poignée de chansons inédites faisant la part-belle tantôt au piano, tantôt à la guitare, à l'image d'un très immédiat WEARME jamais publié depuis son écriture il y a trois ans et se plaçant dès la première écoute comme l'un des plus convaincants de leur répertoire. Seul moment d'accalmie de cette prestation de plus de cinquante minutes, HEAVYHOUR, plus dépouillé, laisse une plus grand place aux voix avant un final au tempo plus rapide sur HOLDONME, lequel se verra salué par les applaudissements d'un public ayant visiblement apprécié sa découverte du soir.



Très attendus par la majorité des quelques deux cent cinquante personnes ayant fait le déplacement ce soir, MONEY se font alors attendre pendant une courte demi-heure, le très en vue Jamie Lee, dans un état d'ébriété pour le moins avancé, se livrant à quelques pitreries tout en procédant aux derniers réglages des instruments. Une fois la salle plongée dans la pénombre, les quatre musiciens font tour à tour leur apparition alors qu'un bref jam introductif sert de rampe de lancement à un premier inédit, I'm The Lord. La recette du groupe y est savamment appliquée : guitare aérienne, voix haut perchée et rythme lent et hypnotique semblent placer la prestation du soir sous les meilleurs auspices. Durant près d'une heure, les quatre mancuniens vont s'appliquer à retranscrire avec application les meilleurs titres de leur album The Shadow Of Heaven. La complainte Who's Going To Love You Now berce alors les têtes, tandis que Bluebell Fields puis So Long (God Is Dead), lancé laborieusement par le fantasque Jamie Lee, hilare et éprouvant toutes les peines du monde à monter dans les aigus, provoquent les premières réactions d'une salle écoutant religieusement le concert sans manquer de se faire ponctuellement entendre.
Second - et dernier - titre inédit proposé ce soir, Birthday Boy ne dépareille pas aux côtés des autres compositions que compte le répertoire de MONEY avant que Hold Me Forever ne soit marqué par un leader habité par son interprétation. Avec une batterie omniprésente et martelée avec véhémence, Cold Water sonne le réveil d'une salle ne manquant pas ici l'occasion de se faire entendre, alors que le dernier titre du set est alors annoncé. Ouvert par une ligne de basse immédiatement reconnaissable, Letter To Yesterday confirme pleinement le talent de MONEY et de son atypique chanteur, au bord de la rupture par instant mais parvenant toujours à sauver les apparences et se reprendre au moment opportun. Alors que le groupe quitte la scène, ce même Jamie Lee décide de prolonger le plaisir le temps d'un titre, prenant place au piano après avoir enregistré quelques notes de guitare et sondé le public quant au titre devant être interprété. Une tentative de reprise, maladroitement jouée, est ainsi rapidement avortée, avant que le leader n'offre une très belle version de Goodnight London, dans un silence de cathédrale, seul derrière son piano avant de disparaitre à son tour.

Les encouragements et cris de la salle durant quelques minutes n'y changeront rien, le groupe ne reviendra pas ce soir. Menés par un leader à la jovialité assumée et des musiciens maîtrisant à la perfection un répertoire éthéré et mystique, MONEY n'ont décidément guère d'égal à l'heure actuelle.