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The Joy Formidable
WE//ARE//ANIMAL

Paris, Maroquinerie - 12 février 2013

Live-report par Julien Soullière

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L’air est froid autant qu’humide en cette soirée de février, mais un léger imprévu m’oblige à camper à l'extérieur, le temps qu’arrive la liste sur laquelle sont censés figurer mes nom et prénom. Lorsque je pénètre enfin dans la salle de concert, le visage immédiatement assailli par la moiteur ambiante, WE//ARE//ANIMAL n’ont pas joué plus d’un titre. Il était moins une.

Je me cale fermement contre une rambarde, débarrassé de ma chaude veste, et écoute alors religieusement. Par instants, la chose sonne comme du Kasabian décomplexé du stadium, dégrossi d’artifices et de complaisance, mais toujours riche de sa malice, de sa gouaille, et de sa douce folie. D’ailleurs, c’est amusant, mais le bassiste du groupe a tout d’un cousin germain, et pourquoi pas d’un frère d'ailleurs, de Sergio Pizzorno, guitariste et principal auteur-compositeur de la formation de Leicester. En plus humble ceci dit, en moins fantasque aussi, mais la seule ressemblance physique est, elle, assez étonnante.

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A l’occasion de morceaux comme Black Magic, c’est en plein délire grunge que l’on nage, le chanteur ne se faisant d’ailleurs pas prier pour y aller de ses mimiques crispées et de sa voix délicieusement éraillée ; lorsque résonne No Vacancy, un titre littéralement monté sur ressorts, c’est plutôt du côté du Blur qu’on ira chercher des points de comparaison ; Unfold Fold, lui, n’est pas sans lorgner du côté des chirurgiens de Clinic, et de leurs ambiances teintées de psychédélisme. Mais au-delà de ce que la musique de WE//ARE//ANIMAL singe ou évoque, elle sait surtout ne pas être barbante : ici, les contretemps, soudaines accélérations de rythme, et autres effets de manche sont monnaie courante, et aucun morceau ne ressemble en tout point à un autre, si ce n’est que tous sont chargés en adrénaline et sont joués forts, très forts.
Du reste, si l’ambiance est globalement assez légère, le ciel sait aussi s’assombrir, laissant alors guitares, basse et batterie se lancer dans des chevauchées des plus inquiétantes. Et s’il est une chose particulièrement appréciable à retenir ici, c’est que ce que joue WE//ARE//ANIMAL se modèle très bien à partir des mêmes éléments de base, sans en oublier pour autant de se faire direct et foncièrement accessible.
Irréprochable lorsqu’il joue, le groupe reste par ailleurs assez discret entre chaque morceau. Mais les seuls mots, par moments incompréhensibles, adressés par le chanteur à son public feront l’affaire. Le seul fait d’avoir vu ce groupe, trop rare, jouer ce soir suffira. Me suffit.

Les instruments se taisent, pas les membres du public, qui causent, causent, et causent encore. De tout, de rien, mais avec passion, beaucoup ne remarquant même pas - j'en reste persuadé - que certains n’ont pas hésité à sortir les bonnets « loup » (c’est ainsi que le web les surnomme) pour fêter la venue de The Joy Formidable à Paris. Une référence ridicule, mais complètement assumée, c’est là le principal, au second opus de la formation galloise, prénommé Wolf's Law, et sorti en ce début d’année.

Quand le groupe monte enfin sur scène, aux alentours de 21h, la salle exulte, et l’on comprend alors que The Joy Formidable peuvent désormais se targuer d’une solide base de fans français. Pour autant, pas question pour eux de se reposer sur leurs lauriers : d’entrée de jeu, le groupe nous dégaine un morceau phare de son nouvel album, le sympathique Cholla, et fait la preuve en un titre seulement de l’aisance avec laquelle il occupe l’espace (certes modeste ce soir), et de l’énergie sans limite qui semble habiter chacun des membres de la jeune formation. Un artiste, ou un collectif, qui se donne comme cela, c’est toujours un plaisir, que l’on aime ou non sa musique.

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Ritzy Bryan, tout de rouge vêtue ce soir, bien que toute mignonette de par sa petite taille et ses grands yeux clairs, n’est pas du genre à rester vissée derrière son micro à pied, et déambulera ainsi tout le concert durant de part et d’autre de la scène, faisant virevolter sa guitare plus que de raison.
Coincé derrière ses fûts, Matt Thomas n’en sera néanmoins pas avare en mouvements de bras amples, brutaux et vivaces, devenant même par moments le centre des attentions, tant le musicien fait preuve d’une incroyable maîtrise technique. Cela dit, sa chemise terne, du genre à satisfaire l'américain moyen, a de quoi attirer l’œil également.
Rock maousse à forte teneur mélodique, voilà comment on serait tenté de décrire la musique jouée par The Joy Formidable. Sauf qu’en réalité, en dépit de l’énergie scénique, assez incroyable donc, dégagée par le groupe, et de leur sourire de tous les instants, les mélodies ne sont pas toujours de la partie. Au bout du bout, difficile de ne pas trouver tout cela monotone, éreintant même, sur la longueur... Pourtant, il est visiblement possible de considérer tout ceci comme absolument génial, puisque ceux qui pogoteront en début de concert, les mains levées et le dos vouté, sont toujours aussi actifs à l’heure du rappel. En tout cas, ne faisons pas la fine bouche, tout ceci devrait faire plus que l’affaire la semaine prochaine, en guise de rampe de lancement pour les petits gars de Bloc Party.

Il est un peu plus de 22h, Rhydian le slammeur est revenu d'entre les fans, et les musiciens quittent définitivement la scène. L’écran installé derrière eux, diffusant des images de manière continue pendant le concert, et dont les contours achèvent de former la tête d'un loup (attention, soirée à thème), s’éteint comme il s’était allumé quelques minutes plus tôt. A la semaine prochaine au Zénith !
setlist
    WE//ARE//ANIMAL
    Non disponible

    THE JOY FORMIDABLE
    Cholla
    Austere
    This Ladder Is Ours
    The Greatest Light Is The Greatest Shade
    Little Blimp
    While The Flies
    Cradle
    Tendons
    Silent Treatment
    Maw Maw Song
    I Don't Want To See You Like This
    The Everchanging Spectrum Of A Lie
    --
    Forest Serenade
    Wolf's Law
    Whirring
photos du concert
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