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China Rats

Paris, Maroquinerie - 27 mars 2013

Live-report par Cyril Open Up

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La rue Boyer, de jeunes garçons moustachus avec un bonnet bien vissé sur la tête et des ourlets de pantalons tournés vers l'extérieur, des jeunes filles en fleur, quatre groupes sur la scène, bienvenue à cette douzième édition de la soirée Kitsuné Maison En Vrai à la Maroquinerie.

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La soirée débute avec les quatre jeunes français de Caandides. Ils jouent devant un écran blanc où sont projetées (ainsi que sur eux) des images psychédéliques très années 70, à l'image du salon Agam que Georges Pompidou avait fait réaliser au Palais de l'Elysée sous sa présidence et que l'on peut désormais voir dans les collections permanentes du centre éponyme parisien. Musicalement, c'est un peu comme si Vampire Weekend avait épousé en justes noces Wavves et que le témoin s'était appelé Animal Collective. Cela donne donc une électro pop tropicale avec quelques passages qui accrochent l'oreille mais qui, dans l'ensemble, restera assez insipide. Les quatre garçons sont presque invisibles, masqués par les projections qui s'incrustent sur eux comme par exemple ces vidéos de fonds d'écrans de télévision neigeux et leurs gros pixels. Le public encore peu nombreux et peu réceptif reste assis sur les marches à attendre que le temps passe en applaudissant poliment quand cela est nécessaire. Les lumières se rallument et la salle se vide pour profiter d'une pause cigarettes et faire le plein au bar.

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Quelques instants plus tard, le quatuor originaire de Leeds China Rats débarque dans une ambiance pour le moins glacial pour leur toute première fois à Paris. Les spectateurs persistent à conserver leur position assise. Les quelques courageux qui se tiennent stoïquement debout se font réprimander car ils « gênent la vue ». Pas vraiment l'auditoire idéal pour un concert de rock. Le groupe ne se laisse pas démonter et joue trois titres d'une traite ne laissant même pas le temps aux mains des endormis présents se réveiller. Ils balancent leurs morceaux avec une vive énergie. Un rock bien foutu, bien rythmé, bien envoyé qui aurait mérité bien plus que cet accueil digne d'une très mauvaise première partie. China Rats n'est certes pas le meilleur groupe du monde mais fait le boulot comme il faut, proprement. On se croirait revenu en pleines années 50 avec un son comme à l'époque que cela soit au niveau de la voix, des « aaaah, aaaah » repris en choeur, des guitares ou des titres qui ne dépassent pas les trois minutes chrono.
Leur rock se fait hargneux sur Nip It In The Bud, surfeur sur To Be Like I, emprunte à de nombreux groupes du passé et n'a, il est vrai, rien inventé. Les jeunes garçons ont la bonne attitude, le déhanché adéquat qui les rendent crédibles. Leur bon vieux rock and roll des familles avec des rythmiques métronomiques, des guitares rugissantes et une rage de vivre donnent envie de se jeter dans un bain de foule pour sauter et transpirer avec ses voisins. Malgré les demandes répétées du chanteur, il n'en sera rien, les fessiers de la majorité de l'assistance resteront imperturbablement vissés aux marches de cet intime auditorium. Nombre de groupes auraient renoncé devant tant d'insistance à l'indifférence mais pas eux. Fraichement sortis du Texas où ils ont participé au festival South By Southwest (SXSW pour les plus familiers), ils suivent l'intégralité de la setlist comme si de rien n'était avec un réel sens du professionnalisme qui les honore. Trente minutes pied au plancher plus tard, ils nous quittent et le va-et-vient de la pause clopes reprend ses droits.

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Viennent ensuite les australiens de Jagwar Ma déjà aperçus en ouverture du concert de Foals à l'Olympia avec la même setlist agrémentée de un ou deux morceaux supplémentaires. Certaines personnes de l'assistance arborent fièrement un T-shirt du quintet d'Oxford comme pour leur signifier qu'ils ont conquis de nouveaux fans deux jours plus tôt. Le son qui craque rappelle celui de Toro Y Moi avec des relents d'Animal Collective. Les membres du groupe s'agitent sur scène, sautent dans tous les sens, le public se réveille enfin et semble absorber par leurs décharges psychédéliques qui s'achèveront sur The Throw, tube en puissance étirable à l'infini et au groove imparable.

Pour terminer la soirée, le duo féminin D E N A, très marqué 80's que cela soit dans le look ou musicalement, va faire danser les plus jeunes sur leur électro hip-hop assez passe-partout et ne trouvera pas vraiment mes faveurs. Elles sont sympathiques avec un débardeur qui laisse dépasser des bretelles de son soutien-gorge pour l'une et un bon gros collier brillant pour l'autre, mais je ne dois clairement pas être dans le coeur de cible !

Au final, l'affiche proposée aura tiré un peu trop dans tous les sens avec une programmation très hétéroclite rassemblant deux groupes dans la même veine psyché, Caandides (pour le moins bon) et Jagwar Ma (pour le meilleur), un soupçon de hip-hop et du bon rock à l'ancienne. Il y en avait ainsi pour tous les goûts.
setlist
    No Style
    Take No Prisoners
    (At Least Those) Kids Are Getting Fed
    Get Loose
    Nip It In The Bud
    To Be Like I
    Stay Out Late
    Strung Out
    N.O.M.O.N.E.Y.
photos du concert
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