La Gonzaï Party, quatorzième du nom, s’affichait à la Maroquinerie avec un line-up électro pop made in France ou presque, composé de Ricky Hollywood, Yeti Lane et enfin, Tomorrow's World, side-project de Lou Hayter (New Young Pony Club) et Jean Benoît Dunckel (Air) dont le premier disque est sorti chez Naïve le 8 avril.

En attendant le printemps, il fait toujours frisquet en ce vendredi d’avril à la Maroquinerie. Heureusement, l’endroit recèle de chaleurs humaine et matérielle, dues à la marque de fabrique des lieux ; courtisés et en sous-sol.
Ricky Hollywood serait un admirateur de Philippe Katerine – chemises kitsch comprises – qui aurait grandi dans les raves parties et non dans un monde hippie, que cela n’étonnerait personne ! À trois, accompagné de musiciens nommés Cool et Relax (du Katerine on vous dit !) les Français de Ricky Hollywood font bouger la maigre assistance avec des sonorités électro entraînantes et des paroles dignes d’un Didier Super ! Alain Souchon chantait en 1979 : « J’ai dix ans... si tu me crois pas, gaffe ta gueule à la récré ! » ; Ricky lui chante un savoureux : « Moi, faut pas me chercher... je t’éclate la gueule ! ». Sign of the times...

Avec un nom qui sonne comme une marque de dessert givré,
Yeti Lane jouent quant à eux les hommes orchestre à deux sur scène. Originaires de Paris, ils proposent une pop électro psyché portée par des machines imposantes façon Jean-Michel Jarre, toutes diodes allumées entourant son batteur et remplaçant un panel de musiciens, à la demande.
Les décors et la mise en scène désormais en place dans cette soirée sous le signe de la musique électro minimaliste, il ne reste plus qu’à Jean Benoît Dunckel, moitié du groupe Versaillais Air, Lou Hayter, claviériste de New Young Pony Club, et leur batteur Thomas à entrer en scène, très tard dans la soirée. Un acte qui s’annoncera moins facile que prévu ; la longue robe à paillettes dorées de Lou lui posant de récurrents problèmes d’attaches et ses moniteurs de retours sur scène, absents une bonne partie du concert, la laissant dans un certain désarroi... rien qui ne mette en confiance pour un premier concert de Tomorrow's World à la Maroquinerie. Le manque d’assurance de Lou sur les premiers titres peut s’expliquer...

Sur des rythmes blancs – nous n’avions plus vu une telle batterie électronique Roland depuis Erasure, dont le treizième album studio se nommait également Tomorrow's World – JB Dunckel assoit son autorité et son savoir-faire dans des compositions éthérées et des sons déjà fréquemment entendus avec son compatriote Nicolas Godin. Avec ce symbole d’une French Touch enviée dans le monde entier, une rythmique qui tape debout façon dance club – à l’instar des We Have Band officiant également à trois – et une chanteuse aussi ravissante qu’élancée se parant de mille feux dans le sombre sous sol de la Maroquinerie, la promesse était belle. Trop belle, peut être...
Thomas, le batteur vertical, reste en retrait tout le concert, tête baissée et appliqué sur des percussions électroniques puissantes, mais sans nouveauté si ce n’est qu’elles ne sortent pas d’une boîte à rythme. JB Dunckel, tout de blanc vêtu, plante avec précision ses accords spatialisant en accompagnant, dans des chœurs passés au vocoder la majorité des titres. Lou, elle a tout le mal du monde à endosser le rôle d’une chanteuse, en inertie après avoir été l’atout sexy admiré de New Young Pony Club.
Quant au public, composé en grande partie d’invités du tout Paris qui swag, il acquiesce à chaque fin de titre, sans trop vraiment y croire.
Heart That Beats For Me,
Pleurer et Chanter,
Drive... les titres s’enchaînent avec la régularité d’un disque joué par un DJ qui a décidé de ne pas déranger. Pour un duo ayant déclaré se sentir proches du groupe Eurythmics, il y a beaucoup à travailler sur la spontanéité des titres et le laisser aller scénique. Pas désagréable à écouter,
Drive a non seulement le nom mais également le goût d’un Kavinsky. Si ce titre sort du lot sur un refrain aux sonorités aussi graves que des ondes sismiques, il conforte également dans cette idée : l'école Versaillaise et Air en particulier ont une recette et un son bien à eux qu’ils exploiteront jusqu’au dernier atome !

Le titre fermant la marche,
So Long My Love est à l’image de la prestation de ce soir : mélodies difficiles à détecter, construction des titres approximative, voix monocorde... Manquant de densité et sans cette lueur indispensable aux ballades volontairement électro minimalistes, sous peine de passer pour de la musique instrumentale, l’impression d’inachevé domine largement à la sortie du set.
Nulle remise en cause du talent – qui n’est plus à démontrer – de JB Dunckel, de l’application de Thomas à la batterie ou de la plastique très généreuse de Lou – qui gagnerait à oser quelques mouvements de scène – mais une question lancinante qui ne trouvera aucune réponse : Tomorrow's World n’étaient-ils pas déjà dans l’air ?